Koup mwa, pena disan !

On entend de plus en plus des vertes et des pas mûres. À en croire ce qu’on vit, lit et voit, on pourrait se demander si l’hommerie ne tient pas l’Homme en otage.
Dans le tumulte de l’époque actuelle, l’humanité semble se perdre dans une dérive où l’âme, jadis élevant l’esprit, se trouve désormais engloutie sous les bassesses de ses actions. Les hommes et les femmes, jadis porteurs de nobles idéaux, semblent s’épanouir dans l’ombre de leurs propres faiblesses. Leur quête insatiable de pouvoir et de profit les aveugle au détriment de la beauté de l’humilité, et leur soif de domination étouffe les principes de justice et de bonté.
Le monde moderne est un théâtre d’illusions où les apparences priment sur la vérité, où l’individualisme dévore la solidarité et où l’égoïsme détruit les liens sacrés de l’humanité. Nous vivons dans une époque où le mensonge est devenu monnaie courante, et où la sincérité, cette denrée précieuse, semble se faire rare. L’ambition dévorante de réussir à tout prix, quitte à piétiner autrui, a pris le dessus sur l’éthique et la compassion.
À l’ère de l’instantanéité et de la superficialité, les véritables valeurs humaines, ne serait-ce que le respect, semblent être des reliques d’un passé révolu. L’homme et la femme d’aujourd’hui, tout en étant souvent esclaves de leurs désirs, oublient que la grandeur ne réside pas dans la conquête, mais dans la simplicité du cœur et dans la dignité.
Nous n’allons certes pas jouer aux vierges effarouchées et savons pertinemment bien de quoi l’Homme est capable depuis la nuit des temps pour arriver à ses fins. Nous savons aussi que ce qui se passe dans les pays ailleurs, se passe aussi ici. Mais dans un petit pays comme le nôtre où nous nous connaissons, si ce n’est pas personnellement, c’est par la tante, le voisin, le collègue ou tout autre connaissance, nous aurions pu imaginer que cette proximité nous aurait préservé de quelques désolantes bassesses.
Nous avons pris connaissance, dans le quotidien Le Mauricien du 05 février 2025, du réseau (illégal) de Mass Surveillance par l’ex-GM Jugnauth, dont a été victime la population à Maurice, au coût de Rs 5 milliards, plus le servicing de Rs 352 millions annuellement. Cela a été révélé à l’Assemblée, par le Premier ministre, Navin Ramgoolam. Nous ne sommes pas “si tan” surpris de ce viol. Mais tout cet argent, rien que pour écouter nos douces voix, alors que la pauvreté fait rage ? Dégoûtant, démesuré ! Révoltant ! Et, certainement désabusés sont ceux qui ont cru en l’ancien GM.
Comment des dirigeants et des personnes dites responsables peuvent-ils violer la Constitution d’un pays* ? Comment ceux qui ont été choisis, pour gouverner et pour mener le pays à bon port peuvent-ils s’introduire ainsi dans la vie privée du peuple (admirable) ? Admirable ? Non, c’est infect ! Méprisable !
Qu’aurait à répondre l’ancien GM quant à cette surveillance intrusive ? Était-ce une bienveillante et sainte protection de la population ? N’importe quoi ! A-t-elle servi à arrêter les barons de la drogue et mettre un frein à la consommation effrayante des produits illicites qui fait de nos jeunes de désolants zombies et les entraînant même jusqu’à la mort ? Absolument pas ! Était-ce pour contrôler, avoir la mainmise et archiver des informations pour tenir en laisse celui ou celle que l’ex GM le voulait bien ? Était-ce pour détenir des éléments d’informations pouvant servir à faire régner la peur ? Quelle était la motivation première ?
Maintenant que cette vérité ( combien y a-t-il encore à se mettre sous la dent ? ) est au grand jour, que le nouveau GM en prenne de la graine et ait la sagesse de veiller à ce que nous ne soyons plus écoutés et ne craignons plus d’être muselés. La liberté d’expression (sans surveillance), nerf de la guerre de tout un chacun, doit absolument être préservée tel un trésor intouchable.
Par ailleurs, nous nous rendons compte que le désir de brimer cette liberté d’expression plane à Maurice depuis un moment déjà. Dans le livre-entretien Résister d’Alain Gordon-Gentil, sorti il y a presque un an, Me Satyajit Boolell nous livre son effroi de constater que notre démocratie était en train de vaciller. Il parle de “dysfonctionnement de nos institutions », « d’actes arbitraires » et d’ »acharnement » envers certains de nos concitoyens. Nous comprenons en lisant le livre que l’envie de faire taire a pu animer des responsables à la tête du pays.
Il est nécessaire de préserver la liberté d’expression et important de laisser dire, en toute indépendance, la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, toujours. Et pour cela, Résister met en lumière la nécessité d’une presse libre pour informer de ce qui se passe dans un pays.
Pour ajouter à cela, Me Satyajit Boolell reprend dans ce même livre la pensée de Thomas Jefferson : « Je préfère vivre dans un pays avec une presse sans gouvernement, plutôt que dans un pays avec un gouvernement sans la presse. » Et on a bel et bien essayé de faire taire cette dernière. Elle aussi a résisté, mais à quel prix !
Cela dit, je vous partage quelque chose à voix basse, attention que nous ne soyons écoutés : « La population mauricienne n’est pas au bout de ses écœurantes surprises ni de ses peines. Il est vrai que le mal (ou le Malin ?) a gagné plusieurs strates de notre société. Mais nous ne sommes pas perdus pour autant. L’Homme est bien plus résilient qu’il ne le pense et il se battra toujours pour triompher des tentatives maléfiques du pouvoir et du contrôle qui le guettent. Et au final, tant que le sang coulera dans ses veines, il se battra pour survivre aux excès et se défaire des tentacules des abus . » Mais “chut ! ”, il ne faut qu’on nous entende !

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* Section 12 Protection of freedom of expression
(1) Except with his own consent, no person shall be hindered in the enjoyment of his freedom of expression, that is to say, freedom to hold opinions and to receive and impart ideas and information without interference, and freedom from interference with his correspondence.

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