La baisse de confiance des Mauriciens dans les institutions est principalement causée par un manque de transparence dans leur fonctionnement. Trop souvent, c’est après avoir été prise qu’une décision est annoncée, et met le citoyen pratiquement devant un fait accompli. Et ce, alors que bien souvent, le citoyen aura à faire les frais des conséquences des décisions prises. La méfiance des Mauriciens vis-à-vis des institutions augmente, celle dans les institutions chargées de l’organisation des élections en particulier. Alors qu’il n’y a pas si longtemps elles étaient toujours citées comme étant un des derniers remparts de la démocratie à Maurice. Après deux ans d’instruction du dossier, la Cour suprême a décidé qu’il fallait un recount dans la circonscription Numéro 19. Celle de Stanley/Rose-Hill, où seulement 92 voix séparent Ivan Collendavelloo, du ML, et Jenny Adibero, du MMM.
En dépit des affirmations répétées du Commissaire électoral selon lesquelles les dernières élections avaient été « free and fair », la Cour suprême a donc ordonné un recount des bulletins de vote de la circonscription Numéro 19. Il est à souligner que la cour n’a pas confié aux institutions responsables de l’organisation des élections de faire le recount. C’est le Registrar de la Cour suprême qui en a été chargée, et il a décidé que l’exercice aura lieu mardi prochain, jour de congé public, malgré les protestations des deux candidats. Cette date aurait été imposée pour tenir compte de la disponibilité du lieu où doit avoir lieu le recount : un collège d’État qui ne sera plus libre après le 3 février en raison de la rentrée des classes. Est-ce qu’il est spécifié dans la loi électorale — qui date de 50 ans et gagnerait à être amendée — qu’une élection ou un recount doit se faire dans une école ? Est-ce que ce recount n’aurait pas pu être organisé dans un bâtiment inutilisé du gouvernement, comme le complexe sportif de Côte d’Or, dont la construction a coûté des milliards aux contribuables ?
La presse ne sera pas autorisée à suivre le déroulement du recount, ses représentants ne seront admis que pour la proclamation des résultats. Il faut rappeler que ce recount est organisé parce qu’une candidate a estimé que le dépouillement des votes de la circonscription Numero 19 n’ont pas été faits dans la transparence. Y aurait-il dans ce recount des choses que la presse ne devrait pas savoir ou voir ?
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Le leader de l’opposition a raison de se demander si en raison de la situation sanitaire à Rodrigues, il ne faudrait pas songer à renvoyer les élections régionales prévues le 13 février. Épargnée pendant presque deux ans par le Covid et ses variants grâce à la fermeture des frontières, Rodrigues vient d’enregistrer ses premiers cas de Covid. Le virus, qui se répand à grande vitesse dans l’île, vient d’infecter plus de trois cents personnes i et l’on peut craindre que ce nombre augmente dans les jours à venir. Par ailleurs, selon le leader de l’opposition, moins de 20% de la population rodriguaise ont fait leur booster dose de vaccin. En ajoutant les possibles conséquences du passage cyclone Batsirai — dont on commence à sentir la présence dans nos parages — ne serait-il pas plus prudent de renvoyer les élections régionales ?
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Il faut admettre une chose : Paul Bérenger et Navin Ramgoolam savent se mettre en scène. Vous en voulez une preuve ? Ces deux hommes, dont les résidences sont séparées par un simple mur et qui se regardent en chiens de faïence — depuis que le premier a déclaré que le second ne pouvait pas être le leader de l’alliance de l’opposition aux élections de 2024 —, se sont rencontrés et ont parlé. Les adversaires jurés, qui peuvent, selon les circonstances du moment, devenir les meilleurs alliés du monde avant de redevenir ennemis politiques mortels, se sont donc rencontrés. Ils ont réussi à faire de cette rencontre au cours de laquelle ils ne sont pas dit grand-chose un petit événement médiatique. C’est en tout cas ce qu’il faut déduire de la déclaration de Paul Bérenger après la rencontre : « Je vous confirme que Navin Ramgoolam et moi, nous nous sommes vus ce matin. Nous avons longuement discuté de tout ce qu’on pouvait discuter. J’estime que ce fut une réunion très positive et nous allons nous revoir pour poursuivre la discussion. » S’ils ont longuement discuté de tout ce qu’on pouvait discuter, pourquoi doivent-ils continuer à koz-koz ? Pour essayer d’occuper l’espace médiatique ?