Le Guide - Législatives 2024

Inadvertance

— Tu sais ce que mon bonhomme a dit quand il entendu parler du rapport ?
— Qu’est-ce qu’il t’a dit comme ça ?
— Tu sais comme il est, il a profité de l’occasion pour « kraz bann fam », comme dit ma bonne.
— Mais qu’est-ce qu’il a pu dire comme ça, ton bonhomme ?
— Ala seki arive kan met fam lao-lao. Leur place est en bas !
— Et pourquoi il a dit ça ?
— Mais enfin, à cause du rapport toi !
— Quel rapport tu es en train de parler ? Il y en a tellement ces jours-ci !
— Mais enfin, du rapport sur l’ex-présidente, toi. Il est choquant.
— Ah, c’est de ce rapport-là que tu es en train de parler ! Qu’est-ce qui te choque dedans ?
— Mais son contenu. Ce qu’elle a osé faire toi.
— Tu sais ce qui me choque moi ? C’est qu’on soit choqué par le rapport.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Parce qu’il n’y a rien de nouveau dedans. Tout ce qu’il y a dans le rapport, on le savait depuis longtemps. Toute la presse en parlé, en long et en large.
— Oui, mais là c’est officiel et c’est daming comme a dit le Premier ministre.
— Lui, il aurait intérêt à moins faire son fanor et à fermer sa bouche dans cette affaire.
— Qu’est-ce qui te prend de dire ça ?
— Parce qu’il serait temps qu’il arrête avec la politique de « pa mwa sa, li sa » et de jouer à la vierge violée !
— Je ne comprends toujours ce que tu veux dire.
— Je veux dire que c’est vrai que l’ex-présidente a fané, et elle l’a certainement fait dans les grandes largeurs, mais on l’a bien soutirée.
— Qui l’aurait soutirée comme ça ?
— Mais enfin toi, réfléchis un coup. Toutes les dépenses de la présidence doivent être approuvées par le ministre des Finances. Et qui était le ministre des Finances à l’époque, entre 2015 et 2017, hein ? Pravind Jugnauth.
— C’est vrai ! J’avais oublié ça moi.
— Ou bien il a fermé les yeux sur les dépenses de la présidente — ce qui veut dire qu’il l’a soutirée — ou bien il ne savait pas ce qu’elle faisait. Ce qui veut dire qu’il a été un mauvais ministre des Finances ! Dans les deux cas, il a intérêt à ne pas jouer au donneur de leçon de bonne gouvernance !
— On voit bien que tu n’aimes pas Pravind.
— C’est pas une question de l’aimer ou de ne pas l’aimer. C’est trop facile aujourd’hui de venir dire que le rapport sur l’ex-présidente est « daming ». Mais qui a mis cette présidente au Réduit en faisant partir Kailash Purryag avant la fin de son mandat ? Le gouvernement MSM dont faisait partie Pravind Jugnauth !
— Pour se défendre, l’ex-présidente a dit que la fameuse carte bancaire qu’elle a utilisée n’avait rien à faire avec l’argent des contribuables mauriciens.
— Elle aussi elle aurait intérêt à fermer sa bouche et à arrêter de causer n’importe.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Puisque la carte n’avait rien à faire avec l’argent des contribuables, elle avait le droit de s’en servir pour acheter des bijoux, des vêtements et des chaussures pour plus de Rs 2 millions ?! Ce qu’elle oublie de dire, c’est que cet argent était destiné à financer des bourses d’études universitaires pour des étudiants mauriciens.
— Ah bon, c’est cet argent-là qu’elle a utilisé pour ses dépenses personnelles ?
— Mais oui toi. Utiliser de l’argent destiné à des bourses d’études pour faire son shopping personnel, ça te montre quelle genre de mentalité elle a.
— Tu sais qu’elle a dit qu’elle avait utilisé la fameuse carte bancaire par inadvertance ?
— Quand elle dit ça elle prend les Mauriciens pour des imbéciles ! Je comprends que la commission d‘enquête a trouvé sa défense sur ce point risible.
— Explique-moi pourquoi ?
— Tu sais combien de fois elle a utilisé cette carte par inadvertance : plus de 60 fois en plusieurs mois…
— Et alors, on peut se tromper, non ?
— Plus de 60 fois ?! Quand l’inadvertance est répétée aussi souvent, ce n’est plus de l’inadvertance, c’est une habitude ! Une mauvaise habitude. C’est pareil quand les politiciens dépensent l’argent de l’État : ils confondent leur portefeuille et celui de l’État !
— Si je t’écoute bien, on dirait que l’ex-présidente a sa natte dans coup de vent, comme on dit. Mais tu sais qu’elle va faire appel contre la commission.
— Elle est obligée, sinon ça veut dire qu’elle reconnaît qu’elle est coupable. Tu crois qu’elle va pouvoir trouver un nouvel argument pour expliquer comment elle a pu faire la même erreur par inadvertance, plus de 60 fois de suite ? Sans compter les autres affaires qu’il y a dans le rapport…
— Ayo, tu me décourages.
— Pourquoi ?
— Je suis sûre que mon bonhomme ne va pas arrêter de tirer ma corde avec l’affaire de l’ex-présidente ! Tu sais combien de fois il va répéter que les femmes sont faites pour faire les mêmes erreurs par inadvertance ?! Ayo, je suis plein d’avance, je te dis !
J.-C.A.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -