Depuis que le Hamas a lancé son opération militaire sur le territoire israélien, le monde s’est divisé en deux blocs, comme au temps de la Guerre froide. Il y a d’un côté ceux qui sont pour Israël et de l’autre ceux qui soutiennent les Palestiniens. Qui, il faut le souligner, sont les victimes principales de la guerre que se livrent, depuis des dizaines d’années, l’État juif, des pays arabes et divers mouvements politiques qui disent agir en leur nom. Cette guerre entre Israël et la Palestine — et les pays arabes — dure depuis si longtemps que même si c’est un sujet toujours d’actualité, on a fini par en oublier les origines. C’est en novembre 1947 que l’Organisation des Nations Unies décida de partager la Palestine pour créer, d’une part, l’État d’Israël pour accueillir les juifs qui avaient particulièrement souffert de la Seconde Guerre mondiale et du plan d’extermination décidé et mis en application par l’Allemagne nazie et, d‘autre part, un autre État pour les Arabes. Cette décision de l’ONU, rejetée par les pays arabes limitrophes et l’opposition des palestiniens arabes aux immigrants juifs, créa une tension permanente dans la région qui aboutit à plusieurs conflits armés : les guerres israélo-arabes. Au niveau économique, alors que les Palestiniens et les pays arabes sans ressources font partie du tiers monde Israël, grâce à l’exploitation des terres — ses fameux kiboutzs —, les capitaux étrangers et l’aide américaine se transforme en un État développé à tous les niveaux. Il s’oppose systématiquement — et plus souvent avec ses canons que par la voie diplomatique — à la création d’un État palestinien. Tout en agrandissant son territoire à travers la création de colonies et en repoussant les Palestiniens dans la bande de Gaza. Cette bande de terre bordée par l’Égypte, la Méditerranée et Israël est d’une superficie de 360 kilomètres sur laquelle survivent plus de 2,5 millions de Palestiniens ! Par ailleurs, d’autres Palestiniens, chassés de leurs terres par la guerre, se sont réfugiés dans les pays limitrophes, plus particulièrement en Cisjordanie, d’où des factions armées mènent la guérilla contre l’armée israélienne.
C’est dans ce contexte d’affrontements permanents que se situe l’attaque du Hamas — un des mouvements politiques qui disent se battre au nom des Palestiniens — d’il y a deux semaines. La technique employée : invasion armée des kiboutzs, assassinats de ses habitants — enfants, jeunes et vieux — et prises d’otages, n’a rien à envier aux opérations des nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. La première partie de la riposte israélienne, qui consiste en un bombardement massif de la bande de Gaza sous prétexte d’éliminer les membres du Hamas, mais qui touche surtout les civils, est du même niveau. De par ses déclarations et les prises de position de ses dirigeants, l’Occident s’est rangé du côté d’Israël. Non seulement le président américain Joe Biden l’a dit et répété, mais il a déjà dépêché des porte-avions dans la région pour soutenir son allié. La Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ainsi que la représentante de l’Union européenne ont déjà affiché leur soutien à Israël, comme si ce pays faisait partie de l’Europe. La deuxième riposte militaire annoncée d’Israël contre la bande de Gaza sera terrible. Plus de 300 000 réservistes ont été rappelés sous les drapeaux, une armad a militaire est en train d’être constituée et le Premier ministre et le ministre de la Défense israélien ont annoncé leur objectif : exterminer les membres du Hamas en les traitant comme des « animaux ». Ce langage ne semble pas gêner les Occidentaux, pas d’avantage le fait qu’Israël a ordonné aux Palestiniens de la bande de Gaza de quitter le nord pour le sud avant le début de l’offensive. Le fait qu’Israël a privé d’eau, d’électricité, de vivres et de médicaments les plus de deux millions d’habitants de Gaza ne semble pas non plus poser problème aux dirigeants occidentaux. Même si ce qu’Israël est en train de faire subir aux Palestiniens rappelle beaucoup les tactiques employées par les nazis pendant le siège du ghetto de Varsovie en Pologne, en 1943/44…
En France, beaucoup essayent de surfer sur la vague provoquée par l’attentat du Hamas pour marquer des points politiques. Le gouvernement a interdit une manifestation propalestinienne à Paris, mais sa décision a été cassée par le conseil constitutionnel. Le ministre de l’Intérieur a accusé le footballeur Karim Benzéma d’avoir des liens avec les Frères musulmans, sans pouvoir le prouver. Dans ce « débat », on parle de beaucoup de choses : du Hamas, des Frères musulmans, de la riposte israélienne, de la position des USA et de la Russie, et du silence de la Chine, entre autres, mais on oublie facilement, comme on le fait depuis 75 ans, l’essentiel. Que l’origine du conflit réside dans le non-respect du vote de l’Organisation des Nations Unies de 1947 qui préconisait le partage de la Palestine en deux pays : un pour les juifs, Israël, et l’autre pour les Arabes, la Palestine. Tant que cette résolution ne sera pas acceptée en totalité et mise en pratique, les Palestiniens continueront à en payer les conséquences dramatiques.
Jean-Claude Antoine