Après vingt-trois journées de compétition, le calendrier hippique, qui a démarré avec trois mois de retard, connaîtra une trêve bien méritée. C’est ce que s’accordent à dire les professionnels des courses essoufflés par le rythme imposé durant ces quatre derniers mois où on a déjà eu droit à quatre double journées, la dernière imposée, afin de pouvoir accommoder ce break.
Malgré toute la bonne volonté du Mauritius Turf Club, qui tente désespérément de limiter ses pertes pour cette année marquée par la COVID-19, force est de constater que le programme n’arrive plus à déplacer la grande foule au Champ de Mars. Des journées souvent pauvres, en raison des journées trop rapprochées, ainsi que les neuf épreuves organisées régulièrement, lors d’un seul rendez-vous. Ce qui explique que, malgré l’augmentation du nombre de courses et le retour des revenus des différents opérateurs de l’hippodrome après un départ confiné, les chiffres du club n’arrivent pas à s’améliorer.
Pour plusieurs entraîneurs également, la situation n’est guère évidente. Déjà frappés de plein fouet par les répercussions de la COVID-19 sur leurs finances en raison d’une baisse d’investissements, ils sont également préoccupés par l’état de la piste qui se détériore au fil des journées. On constate d’ailleurs que depuis le début de la saison, plusieurs chevaux ont été confrontés à des problèmes aux ligaments, la faute à un terrain sur-utilisé qui s’endurcit, et ce, malgré tous les efforts de l’équipe d’entretien du club. Un problème qui a été amplifié par le manque de pluie. De même, on note un nombre constant de cas de saignements. Une difficulté de plus qui rend l’équation simple par rapport aux effectifs et au faible taux de participation continu. Cette trêve d’une semaine sera l’occasion de retravailler la piste et de donner un petit repos aux équidés, afin d’assurer un programme correcte pour le reste de la compétition.
La baisse des stakes money imposée en début de saison — les gains ont été majorés depuis, mais jugées toujours insuffisantes — a également eu un impact sur la capacité d’investir davantage dans le circuit à travers l’acquisition des nouvelles unités. A titre de comparaison, le vainqueur 2019 avait empoché Rs 1 150 000 contre Rs 570 000 pour le cheval gagnant cette année. Une réduction qui n’incite guère les propriétaires d’acheter des chevaux pour les grandes courses à l’avenir.
Il ne faut pas se voiler la face. Le MTC déposera un bilan déficitaire à l’issue de cette année financière. Il s’agit aujourd’hui de trouver une stratégie afin de retrouver une croissance économique dans le court et moyen terme pour assurer la survie des courses. Alors que l’état brasse chaque saison des centaines de millions de roupies sur le dos de l’industrie hippique, un retour, ne serait-ce minime, à travers une augmentation des stakes money ou une subvention bien définie et calculée, pourrait permettre d’entrevoir une destinée moins sombre pour nos courses.
Le championnat toujours ouvert
La messe n’est pas encore dite dans le championnat des entraîneurs à une quinzaine de journées de la fin de la saison hippique 2020. Les épreuves de groupes restantes, avec comme point de mire la Coupe d’Or, devraient être déterminantes dans la dernière ligne droite. Après 22 journées, ce sont Gilbert Rousset (Rs 4 998 000), Rameshwar Gujadhur (Rs 4 442 3000) et Ricky Maingard (4 128 000) qui composent le podium. Ce trio devrait s’affronter pour la palme cette année.
Avec meilleur élément Alyaasaat, malchanceux dans la Duchesse, mais qui a par la suite été le premier tombeur de White River à Maurice, Gilbert Rousset détient une chance en or, de conserver son dossard de leader. Alyaasaat monte en puissance au fil de ses sorties et sera au point dans le dernier classique. Couplé des chevaux comme Patrol Officer, qui a réussi l’exploit d’un septième succès d’affilée à Maurice ou encore d’Iditarod Trail, qui n’a pas encore montré tout l’étendu de ses qualités et qui devrait encore faire le bonheur de ses propriétaires, cet établissement reste le favori logique pour le titre.
Celui de Rameshwar Gujadhur devrait lui offrir une bonne réplique, mais le seul point d’interrogation concerne son crack White River qui a connu un petit souci à l’issue de sa dernière défaite. Et on ne sait pas s’il sera back to best dans le dernier classique. Si tel est le cas, White River peut reprendre son trône et ainsi offrir à son entraîneur toutes les chances pour doubler la mise dans le championnat. Hormis White River, les chevaux comme Trippi’s Express, Huyssteen, Kamadeva, Nao Faz Mal, Flowerscape ou encore Dynamite Jack devraient aussi apporter leur pierre à l’édifice.
Le coup est aussi jouable pour Ricky Maingard. Avec Undercover Agent, cet entraîneur détient une chance de premier ordre de briller dans le dernier groupe 1 du calendrier. Ce cheval de classe affiche une superbe forme physique et semble avoir atteint son meilleur niveau. Fools Gold, Alshibaa, Spring Man, Mr Green Street, Silver Heritage, Skip The Red, Kaydens Pride, Bound By Duty et autres Lady’s Knight devraient aussi se montrer compétitifs, lors de la deuxième partie de cette saison et cet entraînement n’a pas encore dit son dernier mot.
A ce stade de la compétition, seul Alain Perdrau n’a pas encore brisé la glace. Il ne compte que trois placés à son actif. Au niveau du nombre des partants engagés, on note une réduction de 103 entrées comparativement à la saison 2019 à pareille époque. Si à ce stade de la compétitition plusieurs courses sont courues avec six voire sept partants au départ, l’an dernier six des sept épreuves organisées lors de la vingt-deuxième journée avaient été courues avec dix concurrents.
Jockeys mauriciens: Give them the proper tools
Dû à la pandémie dûe à la Covid-19, les frontières de notre pays étaient fermées lorsque le sport hippique à repris ses droits cette saison. Ainsi, la chance a été donnée aux cavaliers mauriciens, pour relancer leur carrière à l’instar des Yashin Emamdee ou encore Jeanot Bardottier, tandis que d’autres ont eu pour la première fois de leur vie une chance d’être titulaire au sein d’un établissement. Au coup d’envoi, Derreck David et Cédric Ségeon étaient les deux seuls titulaires étrangers, avant d’être rejoints par Imran Chisty, Corne Orffer et plus récemment Manuel Martinez. Après 23 journées de compétition, le Sud-Africain Derreck David est en tête du classement avec 26 réussites pour 102 montes devant Nooresh Juglall (23) et Rye Joorawon (20).
Si plusieurs de nos local boys ont su tenir la gageure à leur homologues étrangers, il faut dire qu’ils ont bénéficié de montes valables qui leurs ont permis de deliver the goods. Ceux qui se sont distingués sont Rye Joorawon, auteur d’un Hall Of Fame lors de la 6e journée, Jameer Allyhosain, Akash Aucharuz, Rakesh Bhaugeeroothee et Dinesh Sooful entre autres. Du côté des apprentis, Alvinio Roy, Batchemeeah Sheik, Beelaal Deenath et Abhishek Sonoram ont obtenu leur permis pour monter en courses parmi les professionnels. Mervin Teetan, qui a déjà gagné au Champ de Mars, a lui aussi fait une application pour avoir de nouveau sa licence.
Les points noirs de ce début de saison ont été les suspensions de 8 journées de Yashin Emamdee sur Alshibaa et celle de 5 rendez-vous de Kevin Kalychurun sur Viking Trail, ainsi que le retrait de la licence de Jeanot Bardottier, qui ne peut même pas monter à l’entraînement, dans une affaire de bande sonore l’incriminant.
Quelques entraîneurs en ont profité la réouverture partielle des frontières pour faire venir des cavaliers étrangers. Le premier à avoir débarqué était l’Indien Imran Chisty qui a pris du service à partir de la 16e journée pour le compte de Preetam Daby. Le Sud-Africain Bernard Fayd’herbe a, lui, chaussé les étriers, chez Vincent Allet lors du 17e acte, alors que son compatriote, Piere Corne Orffer à pris du service pour Ricky Maingard lors du dernier Week-End hippique. Quant au Chilien Manuel Martinez, qui a signé chez Amardeep Sewdyal, il observe toujours sa période de quarantaine et il devrait être en action à partir du week-end prochain.
Cette deuxième partie de la saison devrait s’annoncer un peu plus compliquée pour les cavaliers locaux, vu que six entraîneurs auront déjà un jockey titulaire étranger. Les ‘local boys’ devront donner le meilleur d’eux mêmes afin de gagner la confiance des entraineurs, car au cas contraire, on assistera à une fin de saison dominée par les cavaliers étrangers.