La People’s Turf quittera le Champ de Mars par la petite piste d’ici la fin de l’année
Des tractations en cours entre dirigeants politiques et émissaires du monde hippique pour sauver les meubles
Dans un communique vendredi le MTC nie tout contact officiel avec le gouvernement mais dit suivre la situation de très près
Dev Beekharry et Jean Michel Lee Shim en disgrâce devront rendre des comptes
La situation catastrophique sur le plan hippique, sur le plan financier et sur le plan fréquentation de l’hippodrome et des betting shops, des deux saisons précédentes et celle en cours , avec pour conséquence une baisse majeure du chiffre d’affaires dans les caisses de l’État ont semble-t- il réveillé les dirigeants du pays de leur torpeur. Les répercussions de cette dégringolade des courses hippiques sur le plan politique, surtout à quelques mois des prochaines législatives, ont contraint le gouvernement à revoir son plan pour l’avenir des courses hippiques dans notre pays. Le diagnostic est simple : qu’il y ait un changement radical et le plus tôt possible afin de permettre à l’industrie hippique de retrouver ses lettres de noblesse après le passage catastrophique et très « amateurish »de la People’s Turf PLC en tant qu’organisatrice des courses. Ce réveil du gouvernement et du parti au pouvoir a permis une première prise de contact entre le GM et le MTC. C’est en tout cas ce qu’a appris Week-End des sources proches du PMO même si aucune des deux parties ne confirme officiellement l’information.
Si l’alliance PTr/MMM/ND avait déjà pris des engagements fermes à travers des promesses faites le 1er mai par le Dr Navinchandra Ramgoolam et si le PMSD de Xavier Luc Duval tout comme Linion Moris du tandem Valayden/Bodha se sont prononcés pour un retour inconditionnel du MTC à la tête de l’organisation des courses hippiques à Maurice, en revanche le Mouvement Socialiste Militant le parti qui a les rênes du pouvoir entre les mains n’a rien dit officiellement et se trouve confronté à un dilemme : comment s’y prendre pour passer l’éponge sur les énormités qu’il a commises à l’égard d’un Club qu’il a humilié, dépouillé et chassé injustement pour le remplacer par ce qu’il croyait être un cheval gagnant, lequel s’est avéré être en fin de compte rien qu’un canasson, entraîné par le ‘Senior Advisor’ du PMO Dev Beekharry et monté par le magnat des paris, Jean Michel Lee Shim ?
Le MSM fait effectivement face à un réel défi, un véritable challenge d’où l’agitation et l’énervement dans ses rangs.
Tout va très mal au Champ de Mars et l’opinion générale est qu’il est grand temps que le gouvernement intervienne sinon il sera trop tard et celui-ci aura alors à en subir les conséquences. Même Jean Michel Lee Shim en est conscient. D’ailleurs, dans son éditorial jeudi après-midi, le People’s Turf Magazine écrit ceci : « La PTP l’a dit et le redit : quel que soient les résultats des prochaines élections, elle QUITTERA le Champ de Mars à la fin de la saison » Elle donne même des conseils : «Que le MTC n’oublie pas d’informer la COIREC en novembre de son intention d’organiser les courses au Champ de Mars en 2025 ! S’il ne le fait pas le patient mourra ! » en ajoutant « La PTP ne le sauvera pas cette fois ! Mais si le MTC revient, la PTP ne le combattra pas. Elle se mettra à sa disposition pour toute aide éventuelle, car la PTP est et sera toujours en faveur des courses ».
La PTP a compris que l’organisation des courses n’a jamais été faite pour elle. Mais c’est au gouvernement de prendre et d’annoncer publiquement la décision qui s’impose. C’est lui qui a déroulé le tapis rouge à la PTP et c’est donc à lui qu’incombe la tâche et la responsabilité de la lui retirer pour finalement rendre au MTC son bien.
Pravind Jugnauth a dû certainement faire son analyse, voire son mea-culpa. Qu’on le veuille ou non, les Mauriciens ont toujours été accros aux courses. They have it in their DNA.
En effet, pendant 212 ans, cette ruche n’a pas cessé de bourdonner de génération en génération sauf… qu’il y a deux ou trois ans certains malins ont cru découvrir qu’il y avait meilleur que le miel et qu’ils pouvaient en fabriquer artificiellement, qu’ils n’avaient pas besoin ni de ruche ni d’abeilles…
En fin de compte tout cela n’était qu’une supercherie qui fort heureusement n’a pas duré longtemps car la vérité a fini par éclater. Mais le mal est fait. Les résultats parlent d’eux-mêmes et le ‘response’ des Mauriciens s’est avéré être un désaveu total et sans équivoque pour ces messieurs qui croyaient dur comme fer qu’on pouvait maintenir l’effervescence de la population en faisant évoluer des canassons. Preuve qu’ils n’ont pas le savoir dans cette discipline qui est beaucoup plus complexe à organiser et à administrer.
Week-End est en mesure de dire que les dernières actions de la PTP et de la Global Equestrian Limited ont irrité et n’ont pas plu aux têtes pensantes de l’actuel gouvernement, telles l’implantation d’un arc de bienvenue à l’entrée du Champ de Mars aux couleurs du Mouvement Socialiste Militant avec le slogan ‘Pli zoli ansam’, l’accaparement illégal et arbitraire de la Port-Louis Tennis Club, le traitement inhumain et inacceptable des travailleurs étrangers ou encore ces nombreuses courses truquées de ces deux dernières semaines. C’est un sentiment de ras-le-bol qui a gagné les rangs de la majorité qui en ont marre d’avoir à répondre continuellement aux mécontentements et aux questions de la population sur le Champ de Mars et les courses.
Week-End est également en mesure d’affirmer que les deux parties se sont rencontrés. Même si les deux parties nieront en bloc. D’ailleurs dans un communiqué il est reconnu que des pourparlers ont eu lieu entre dirigeants politiques et émissaires, connaisseurs de la chose hippique. Mais sans la participation officielle des responsables du Mauritius Turf Club selon un communiqué officiel peu convaincant du Club bicentenaire en fin de soirée vendredi. Dans les coulisses, on ne parle que de ça..
Au fait, it’s the talk of the town, chacun donnant son opinion, chacun ajoutant son grain de sel car nous sommes après tout, dans une période électorale. Certains pensent qu’il faut saisir la balle au bond alors que les ‘die-hard’ du MTC et les turfistes invétérés qui ont souffert ces dernières années, crient au piège et invitent à la prudence car préviennent-ils ‘sat boir di le so en sel foi’ et ajoutant qu’à cela ne tienne, nous sommes sur un terrain politique où tous les coups sont permis.
Le MTC a eu vent de ces tractations, menées par le champion des ‘agwas’ mais il préfère ne pas mettre la charrue devant les bœufs d’autant que tout changement et toute décision ne peut être que politique et ne peut donc venir que du gouvernement et du Premier ministre Pravind Kumar Jugnauth. Soit, le PM persiste à miser sur la PTP avec ses Dev Beekharry, Jean Michel Lee Shim et Kamal Taposeea soit, il revient à des meilleurs sentiments pour reconnaître qu’il s’est trompé ou à la rigueur qu’il a été induit en erreur.
En effet, s’il y a un point sur lequel il y a unanimité, c’est que les trois conditions sine qua non d’un retour des courses hippiques du MTC seraient : l’élimination de la People’s Turf PLC en tant qu’organisatrice, de l’évincement de Dev Beekharry et l’exclusion de Jean Michel Lee Shim du giron hippique. Il n’y a pas dix milles solutions !
Mais la grande question demeure comment refaire redémarrer cette industrie qui est disons-le tout haut, complètement paralysée. Il y a un tel désordre que même les plus optimistes disent qu’il faudrait au moins un ou deux ans pour tout remettre sur les rails.
Les problèmes sont nombreux et gigantesques et les solutions pas si faciles à trouver. Pour avoir une chance de réussir, il faut tout raser et tout reconstruire, y compris la Gambling Regulatory Authority et la Horse Racing Division qui sont non seulement sous l’emprise de Jean Michel Lee Shim mais elles ont perdu à la fois leur crédibilité et leur intégrité.
Or dans ce giron, ce sont deux qualités indispensables pour donner confiance aux turfistes et aux parieurs. Comment reformer la GRA et la HRD sans que la politique ne s’emmêle ? D’autres aspects de l’organisation doivent être discutés, débattus et explorés dans le seul but de donner au MTC urgemment toutes les chances de rebondir.
Mais tout cela ne se fera pas en un jour et en un claquement de doigt. Il faut du temps, de la préparation, des discussions et des négociations pour trouver des solutions face aux problèmes qui sont propres aux réalités locales. Si certains pensent que retirer la PTP et la remplacer par le MTC résoudra tout le problème, ils se trompent grossièrement. C’est du reste, ce qu’avaient pensé Dev Beekharry, Jean Michel Lee Shim et Kamal Taposeea. Il faut mettre en place une structure solide, apolitique, indépendante, autonome, compétente, intègre et efficace. Ce postulat n’a pas de couleur, ni de couleur politique ni de couleur tout court. Il émane tout simplement des turfistes et s’adresse aux politiques et à tous les Mauriciens.