Les 10es Jeux des Iles de l’océan Indien démarreront dans exactement 47 jours, à Maurice. Autant de jours à patienter avant de découvrir enfin, les fameux Jeux «Cinq Etoiles» promis par le ministre de la Jeunesse et des Sports, Stephan Toussaint. Toutefois, plus on se rapproche du but, plus il y a des éléments troublants qui viennent ternir l’image de ces Jeux, avant même le coup d’envoi.
Après l’embarrassant épisode de «plagiat allégué», il y a deux semaines, nœud gordien que les organisateurs semblent difficilement parvenir à dénouer, voilà qu’un autre problème est venu se greffer à l’organisation des compétitions et pas des moindres.
L’éternel Article 7 de la Charte des Jeux, souvent à la base de conflits interminables depuis la tenue des premiers Jeux en 1979 à La Réunion, revient à nouveau à la place des contestations, notamment pour ce qui est des règlements entourant l’éligibilité des athlètes à ces Jeux. Cela, après la décision de Madagascar de faire appel à deux expatriés ayant défendu, cette année, les couleurs de la France. La Réunion a d’ailleurs, déjà officiellement protesté auprès du CIJ à ce sujet. Avant même que ne débute les JIOI donc, Stephan Toussaint et ses proches collaborateurs se retrouvent déjà avec une mauvaise épine dans les pieds.
Est-ce vraiment une surprise ? Certainement pas. Week-End avait été le premier à poser, par deux fois, le doigt sur cette plaie béante, il y a…trois mois ! Cela, après avoir constaté qu’un garde-fou très important avait été tout simplement enlevé de l’Article 7.1.1, suite à la réunion du Conseil international des Jeux (CIJ), tenue en décembre de l’année dernière à Maurice ! Pourquoi ? Nul n’est vraiment en mesure de le dire.
Ce qui est sûr, cependant, c’est que cette décision a permis de mettre fin à toute menace réunionnaise de ne pas participer aux 10es Jeux, en lien justement, avec ce fameux règlement ! Une décision qui, à la base, avantageait dans une large mesure, les Réunionnais, mais qui semble désormais faire l’affaire de tout le monde. La démarche malgache en est la preuve flagrante.
Pour mieux comprendre et situer le problème, il faudrait d’abord prendre en compte l’amendement de décembre 2018 à l’Article 7.1.1, concernant l’éligibilité des athlètes, où il est stipulé : «Avoir la nationalité de l’île et avoir été licencié dans l’île au moins douze mois.» Et là où cela pose justement problème, c’est qu’il n’est précisé, à aucun moment dans le règlement, si les douze mois en question devraient être «à un an de la date d’ouverture des Jeux», comme c’était le cas précédemment ! Désormais tout semble être permis et c’est là que tout se corse pour les organisateurs.
La question qui demeure maintenant est de savoir comment le CIJ compte-t-il gérer ce problème. Car qu’on le veuille ou pas, c’est lui le seul responsable d’une situation aussi complexe. Pression ou pas ; bonne intention ou pas, le fait est que le CIJ s’est mis dans une situation embarrassante. Son président, le Seychellois Antonio Gopal, présent à Maurice lors de la semaine écoulée, a été incapable de donner un éclaircissement sur ce problème. Et c’est bien dommage, puisque ce «loop hole» est exploité, sans scrupule, par certaines fédérations et pays participants. Cette «porte entre-ouverte» risque même, de mettre sérieusement à mal le bon déroulement des compétitions, tout comme c’était le cas en 2015 à La Réunion avec la volleyeuse réunionnaise Myriam Kloster.
Ce qui interpelle surtout, c’est ce silence qui a prévalu entre la prise de cette décision en décembre dernier et la parution de notre article, début mars. Plus inquiétant encore, c’est l’absence d’une réaction politique, un semblant de réaction sportive, au cours de ces trois derniers mois. A moins que le ministre Stephan Toussaint et ses proches collaborateurs, dont ses conseillers au MJS, tout aussi bien ceux du Comité Olympique Mauricien, n’étaient tout simplement pas au courant qu’une bombe à retardement se trouvait en leur possession ! Ce qui est, à notre avis, bien moins sûr quand on sait que la question a même été évoquée lors d’une rencontre au MJS, en début d’année.
Désormais, Stephan Toussaint et ses proches collaborateurs devront se croiser les doigts en espérant que l’Article 7.1.1 ne vienne pas gâcher les 10es JIOI. Le CIJ, lui, aura à trouver une solution durable pour réparer sa grosse «bévue» et permettre ainsi à ces Jeux de se tenir dans les meilleures conditions. La seule occasion qui se présentera à ses membres sera celle de la réunion du 18 juillet prochain, soit à la veille de la cérémonie d’ouverture. Si, bien entendu, d’ici-là, la fameuse «bombe à retardement», qu’est l’amendement de décembre 2018, n’a pas déjà explosé au visage !