Ça fait bien longtemps qu’ici nous avons dénoncé le caractère fascisant du régime. Et devoir faire face à un procès en exagération déplacée et en hyperbole exacerbée même de la part de ceux qui sont contre ce gouvernement de tous les excès mais qui sont quand même très pointilleux sur la sémantique. Et le bon choix des mots.
Chaque jour depuis confirme notre dénonciation du fascisme. Lorsque des opposants et des journalistes sont systématiquement menacés, c’est grave. Dans le cas de nos confrères qui ont consigné des dépositions pour menaces d’agression et de représailles en tous genres, nous avions, ici même critiqué la posture de Pravind Jugnauth de désigner publiquement des “saheb” et ce que cela connote.
C’était comme une invitation à d’obscurs agents, à des protégés fanatisés et à des suiveurs décérébrés de les prendre en grippe. Ce qu’ils ont fait. Et, à cette échelle-là, l’escalade est inarrêtable. Le plus répugnant et révoltant dans tout cela, c’est que, pour moins que ce que nos confrères et nous-mêmes avons eu à subir, des personnes ont été interpellées dans les heures qui ont suivi leurs publications sur les réseaux sociaux.
On pense là à ceux qui ont publié des posts un peu salaces sur le Premier ministre, à ceux qui avaient repris le terme opportuniste pour qualifier Tania Diolle et à ceux qui ont partagé une photo de Sherry Singh montrant sa proximité avec Kobita Jugnauth. Et on entend des perroquets au Parlement ânonner sur l’état de droit exemplaire qu’est Maurice sous le règne du MSM!
La campagne tentant à décrédibiliser ceux qui siègent à l’Assemblée nationale sur les bancs de l’opposition a grandement contribué à faire le lit du fascisme. Certains qui publient au quotidien leurs injonctions comme si des élus étaient obligés d’obtempérer à leur décrets péremptoires ne s’en rendent pas compte. Ils participent, en fait, à cette fascisation de la gouvernance du MSM et de ses affidés.
Or, face à un pouvoir asphyxiant, c’est de raison qu’il faut s’armer et de projets pragmatiques qu’il faut se munir. Dire, dénoncer, contester, manifester, oui, mais construire une alternative crédible est tout aussi impérieux si ce n’est urgent.
A force de faire croire, depuis 2020, qu’une manifestation, quand bien même monstre, suffisait pour faire partir un gouvernement, certains se sont persuadés, à tort, que c’est le moyen idéal d’en finir avec l’actuel régime, il est vrai, le plus détesté de ces deux dernières décennies. Les gilets jaunes en France aussi avaient caressé pareil dessein mais cela n’a pas empêché Emmanuel Macron de rempiler.
L’agitation permanente a donné lieu à quelques situations burlesques et essaimé un grand nombre d’aventuriers qui se rêvent députés ou ministres. L’accroissement du nombre d’activistes sociaux, de citoyens engagés dans tout et dans rien, de travailleurs sociaux et d’observateurs est tout simplement hallucinant.
Et lorsqu’on ajoute des hommes de loi en quête de notoriété pour faire progresser leur plan de carrière et rechercher une investiture aux prochaines élections, cela fait beaucoup. On peut y trouver un signe de santé démocratique comme on peut aussi y voir l’oeuvre d’aventuriers adeptes du spectacle et de publicité quotidienne.
Des commerçants qui ne respectent pas les normes d’hygiène élémentaires se muent rapidement en activistes, des plaisantins font tout pour attirer l’attention sur eux et la presse qui accourt : ça a l’air banal, à la limite folklorique, mais c’est en même temps très inquiétant à un moment où on n’arrête pas d’appeler de nos voeux un rehaussement du débat public. Déjà bien dégradé.
Or, l’opposition parlementaire, elle, tient sa légitimé d’un vote populaire. Ce n’est pas rien si l’on dit respecter la démocratie. On ne peut pas tous les jours faire son procès et penser que c’est cela qui va affaiblir le gouvernement. L’opposition n’est pas une vue de l’esprit, une anecdote, elle a mandat pour opposer et c’est ce qu’elle fait à l’Assemblée nationale.
Malgré les mesquineries, comme la monopolisation des interventions par la majorité en fin de débats sur des projets de loi, le report du Question Time, sous de fallacieux prétextes, et un nominé politique récompensé pour avoir été un fidèle agent du MSM que Pravind Jugnauth a installé au perchoir. Et à qui son néophyte d’adjoint, Zahid Nazurally fait la leçon à chaque fois qu’il en a l’occasion.
Bien qu’il soit devenu tendance de casser du député de l’opposition, de s’attarder sur leurs salaires comme s’ils devaient être rémunérés moins bien que certains fonctionnaires, ce sont ceux-là mêmes qui alimentant cette campagne malsaine qui sont les premiers à répercuter le fruit de leur travail.
Qui saurait que la presque totalité des ministres avait fêté la fin du confinement en allant faire une petite mais coûteuse, escapade à Dubai aux frais des contribuables, si ne n’est parce qu’un député de l’opposition a posé une question dans ce sens et qu’il a obtenu, même tardivement, une réponse écrite?
Qui aurait entendu parler du scandale du Monulpiravir si le leader de l’opposition n’avait pas éclaté l’affaire au Parlement? Qui saurait que la ministre Kalpana Koonjoo-Shah a dû décider en mode express d’instituer un Fact Finding Committee sur les drôles d’incidents qui se déroulent à cet abri qui ose se parer de l’appellation Oiseau du Paradis, si le chef de l’opposition n’avait pas évoqué l’affaire du bébé malade qui y était placé?
Qui aurait obtenu des informations très précises sur cette nébuleuse affaire des “ti papye” si le leader de l’opposition n’avait pas consacré une Private Notice Question à ce scandale? S’il avait démissionné de l’Assemblée nationale, aurait-il pu confondre un ministre approximatif et jouant sur les mots entre utilisation personnelle et stockage personnel?
Faire le tri entre le folklore et le sérieux et distinguer ceux qui peuvent vraiment gérer un pays et échanger avec d’autres dirigeants de la planète, il est grand temps de s’y mettre. Sinon, le fascisme va se déployer avec encore plus de vigueur. Qu’on se le dise!