Entre eux

Un ancien collaborateur et ami intime qui porte des accusations d’une extrême gravité contre un Premier ministre qui lui aurait demandé d’autoriser une tierce partie à installer un système au sein de Mauritius Telecom pour pouvoir accéder aux échanges en tous genres sur la toile. Humm… c’est chaud bouillant, ça !

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Cette tierce partie serait une puissance étrangère cherchant à contrôler l’information et se retrouver ainsi dans une position lui permettant de devancer ses concurrents. Cela s’inscrit dans une perspective de rivalité géopolitique, au détriment des citoyens mauriciens, mais aussi d’autres acteurs du jeu géostratégique de cette partie du monde.

Avec cette affaire impliquant l’opérateur historique de téléphonie à Maurice et contenant tous les ingrédients d’un nouveau Watergate, on avait pensé que le PM réagirait au quart de tour, dès vendredi même, compte tenu de la teneur des dénonciations faites qui touchent à la sécurité nationale.

Non, l’homme de toutes les premières pour de mauvaises raisons a préféré envoyer la ministre Kalpana Koonjoo-Shah, décidément devenue la kamikaze de service, se ridiculiser, une nouvelle fois, sur Radio Plus, vendredi. En disant s’exprimer en tant que citoyenne, elle a surtout péroré sur l’amitié et l’amour. Pensant pouvoir ainsi… endormir l’opinion.

Et hier, c’est l’Attorney General Maneesh Gobin qui s’y est collé sans trop vraiment se mouiller. Il s’est contenté de reproduire le script officiel qui a été écrit, sachant que le principal visé, Pravind Jugnauth avait une sortie officielle en même temps à Bois Marchand et que c’était à lui de clarifier sa position suivant les déclarations gravissimes de Sherry Singh.

Si sur le décès de Soopramanien Kistnen, le chef du gouvernement avait affirmé avoir mené sa propre investigation et absout totalement son ministre et colistier Yogida Sawmynaden et que sa thèse a été complètement démolie devant le tribunal d’enquête de Moka, sur les accusations de son ancien conseiller, il se la joue exactement comme sur la Angus Road saga. Prendre son temps pour la riposte.  Si tant est que c’en est une.

Après avoir traité Sherry Singh de « menteur » et l’avoir invité à aller à la police, sa police en qui plus personne n’a confiance tant elle a été transformée en milice du MSM, le PM a repris sa partition préférée et a entonné son refrain favori « atan ou pou truve ! »

Déjà pas très à l’aise face aux questions de la presse sur les dénonciations de son ancien protégé, il s’est assez rapidement énervé jusqu’à poser des questions insistantes à une journaliste, à qui il a répété si elle savait que l’inflation est également galopante dans d’autres pays. Une séquence puérile, cheap, mais aussi extrêmement révélatrice de l’embarras qui l’habite.

« Atan ou pou truve ! » Ce temps d’attente, on sait comment il le meublera. Son logiciel est archi connu. Fouiller dans le passé en espérant faire oublier  les scandales du jour. Il pourrait revenir, par exemple, sur les équipements importés sous l’ancien gouvernement pour des écoutes téléphoniques, une affaire balancée à l’Assemblée Nationale par feu SAJ en 2015, ou en tentant d’accabler ses détracteurs avec des diversions maladroites.

Pour le reste de ce qu’a déballé Sherry Singh, rien de nouveau sous le soleil du Sun Trust dont on connaît les méthodes peu orthodoxes pratiquées depuis sa création et qui a pris un tournant encore plus sectaire et partisan depuis 2014.

Leur motto: interdiction de respirer, de travailler, d’être promu, d’être reconnu pour son mérite, de vivre quoi, à tout ce qui n’est pas connecté de près ou de loin au MSM. Dans la plus pure tradition des régimes mafieux. Ou seul « nou bann » a le droit d’exister.

Dans l’affaire Sherry Singh, s’ils sont nombreux à s’emballer parce qu’elle pose de sérieux problèmes de souveraineté et de sécurité, ils ne sont pas moins conséquents à soupirer « bof, entre eux » tellement ces compères-là étaient inséparables et qu’ils ont été complices de toutes les dérives que ce pays a enregistrées depuis huit ans.

Lorsque des titres étaient un peu trop curieux de la façon dont les finances publiques étaient utilisées dans certains organismes, ils étaient immédiatement sanctionnés et privés de la pub officielle, au profit de quelques feuilles de chou animées par leurs petits copains et partenaires d’affaires. Et si cela ne suffisait pas, ces médias de circonstance se permettaient d’attaquer personnellement certains confrères et consœurs.

Pour accepter qu’un nominé politique perçoive des salaires de Rs 700,000 par mois, faut vraiment être complètement fan, si ce n’est redevable. Pour des services insoupçonnés. Il n’est pas étonnant qu’après quelques années passées à la tête de Mauritius Telecom, il y ait eu une politique permanente d’auto-glorification à grands coups de supports médiatiques, au point où certains avaient même cru voir jaillir le Steve Jobs mauricien.

Et lorsque Sherry Singh, confronté à des dénonciations frontales, lui aussi, se présente comme le descendant d’un Maharajah, cela dit beaucoup du personnage que Pravind Jugnauth a protégé et promu dans la plus grande des opacités.

Dans un autre pays, si ce n’est le PM lui-même, le directeur de MT aurait été contraint de se présenter devant un comité parlementaire pour expliquer, par exemple, le coût des caméras de la Safe City ainsi que les paramètres dans lesquels ils sont utilisés. Non, ici, rien de tout çà. Il faut attendre un schisme entre potes, une mise à l’écart et une frustration pour que le silence jusque-là complice soit brisé.

Dans cette affaire, on n’est probablement qu’au début du grand déballage. En évoquant les « vraies raisons de son départ », le PM a annoncé la couleur et la suite des événements. Atan ou pou truve, non ? Espérons que ce ne soit pas que des pétards mouillés.

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