« Je sais que je peux encore contribuer au sport », déclarait le président du Comité olympique mauricien (COM), Philippe Hao Thyn Voon, lors d’une interview accordée à un quotidien en août de l’année dernière. Il avait alors annoncé sa décision de ne pas être à nouveau candidat à la présidence, mais avait tenu à préciser que les Jeux olympiques de Paris n’étaient pas les derniers auxquels il assistait ! On dira que ses intentions et sa conception du sport ne pouvaient être aussi claires.
En quoi donc Philippe Hao Thyn Voon peut-il encore aider le sport, compte tenu de la façon dont il a dirigé l’instance olympique en cinq mandats et 18 ans de règne ? Surtout quand on sait que le COM a pris certaines décisions contraires à l’esprit sportif et à la Charte olympique. Est-ce ce genre de contribution que le président du COM évoque ? Celle de descendre à un niveau aussi bas dans la gestion et le fonctionnement du sport ?
Pas plus tard que lundi dernier, le COM a proposé un amendement qui est loin de s’aligner sur les principes de la bonne gouvernance. Celui de permettre aux nouvelles fédérations d’avoir des candidats aux élections prévues avant mars de cette année, en dépit du fait qu’elles n’ont aucune assise. Alors que la Sports Act 2016 est pourtant claire à ce sujet : une fédération a la responsabilité d’organiser des compétitions et de promouvoir la discipline !
Cet amendement, aussi révoltant soit-il, est passé comme une lettre à la poste. Selon un communiqué de presse du COM, les 20 délégués présents lundi à l’assemblée générale annuelle, l’ont approuvé à l’unanimité. En somme, on a voulu s’assurer que le pouvoir ne change pas de main pour des raisons évidentes.
Ce que le président du COM et ses fidèles semblent toutefois ignorer, c’est qu’un changement est en cours, comme en témoignent le boycott de sept fédérations et l’absence de trois autres. Preuve que certains en ont marre de cette politique antisportive prévalant au COM et qui est loin de favoriser la démocratie.
Du reste, le Registrar of Associations aurait été, une fois encore, sollicité après la réunion de lundi. Le président de la Mauritius Tennis Federation (MTF), Jean-Michel Giraud, conteste, lui, la légalité de ce vote, en affirmant que les deux tiers nécessaires n’ont pas été obtenus ! Il semblerait aussi, selon lui, que trois fédérations ne seraient pas reconnues par les lois du pays, d’où l’urgence d’obtenir des précisions du Registrar of Associations.
Et pourtant, Philippe Hao Thyn Voon et ses suiveurs ont fait comme si de rien n’était. Pas moins de six fédérations déjà reconnues par le COM, donc par le Comité international olympique, ont participé au vote de lundi. Alors que nous ignorons tout de leur existence. Ces mêmes fédérations qui seront tout de même appelées à présenter des candidats et à élire le prochain comité directeur du COM. Tout simplement dégoûtant. Pas pour ceux qui aiment faire le tour du monde, quitte à avaler leur amour propre. Preuve que 2+2 ne sera jamais égal à quatre au COM, n’est-ce pas messieurs-dames ?
Forcément, le leader du MMM et Premier ministre adjoint, Paul Bérenger, a eu raison de réagir de façon virulente, il y a une semaine. Le changement doit obligatoirement s’opérer à tous les niveaux du pays, y compris en sport, a-t-il dit. Et de préciser : « Bann “pourri” ek bann “trianger” pou bizin out. » Même si personne n’a été directement pointée du doigt, le fait demeure, dans le ton déterminé de Paul Bérenger, que, « kontan pa kontan », l’Alliance du Changement ne cautionnera aucun écart comme cela a été le cas sous l’ancien régime.
Le ministre des Sports, Deven Nagalingum, a été, lui-aussi, très clair dans l’interview accordée à Week-End, dimanche dernier. « Nous ferons le ménage là où cela s’impose ». Ou encore : « Si nous devons tout recommencer à zéro, nous le ferons. Nous avons cette volonté de le faire. » Tout en précisant que le gouvernement ne tolérera pas « un système kot personn pa vinn met kouto anba lagorz en faisant des threatening attempts. »
À ceux qui sont toujours durs de la feuille, malgré ces avertissements, de prendre les dispositions nécessaires en commençant par respecter la loi dans l’État de droit où nous vivons. Car, le sport ne peut continuer à être l’otage d’un groupe de personnes. Et pour cela, il est grand temps que la bonne foi prime, au risque de se faire virer par un grand coup de pied, comme ces dictateurs avides de pouvoir.
Jean-Michel Chelvan