C’est maintenant un fait établi, reconnu, officialisé : quiconque ose associer le terme « planting » à la Special Striking Team (SST) de la police est automatiquement coupable de diffamation et doit subir une procédure récemment mise au point. La personne qui a osé critiquer le SST sur les réseaux sociaux ou sur les ondes d’une radio privée – pas encore dans la presse écrite ? – fait l’objet d’une plainte à la police, suivie d’une enquête menant à une arrestation, avant d’être traduite en Cour pour avoir commis une infraction, selon une accusation provisoire. Ouvrons une parenthèse pour souliger que la SST est spécialiste des “ acusations provisoires” rayées en Cour pour manquer de preuves! Il est à noter que c’est la SST qui a elle-même fait la déposition, mené l’enquête, procédé à l’interpellation, avant de loger l’accusation provisoire. La seule chose que le SST ne fait pas, pas encore : rendre elle-même la justice ! Ce qui rappelle un slogan utilisé pendant l’affaire Medpoint : « zot mem vendé, zot mem asté ! » Curieusement, si le « délit » est le même : avoir osé associer la SST au mot « planting », deux différentes infractions ont été retenues par la SST. Dans le cas de l’ancien journaliste Harish Chundunsingh, le chef d’accusation est « using telecommunication service for the transmission of a false message ». Dans celui de l’avocat Rama Valayden, il s’agirait d’une « conspiracy to pervert the course of justice. » Il est à souligner que dans les deux cas cités, l’enquête a été menée tambour battant, alors que dans d’autres – surtout celles impliquant des membres ou des proches du gouvernement –, les institutions chargées de mener des enquêtes prennent leur temps. S’il fallait faire une comparaison rapide, on pourrait dire qu’alors que l’ICAC “guette figure” pour mettre sa machinerie en marche, la SST “kass dans tas.” Surtout quand il s’agit d’individus se permettant de critiquer son fonctionnement. Nous avons, donc, à Maurice deux institutions faisant supposément le même travail : lutter contre la fraude, la corruption et tous les autres trafics. Mais elles le font à des rythmes différents. Et l’on s’étonne que les Mauriciens sont de plus en plus nombreux à penser que le pays marche à deux vitesses : celle réservée aux critiques et celle dévolue aux chatwas. À lire les commentaires sur les réseaux sociaux, on peut affirmer que cette opération de diversion s’est soldée par un échec.
Il ne faudrait pas que ces arrestations, qui se voulaient spectaculaires, fassent oublier ce que le leader de l’Opposition a révélé mardi dernier au Parlement et qui devrait interpeller tous les Mauriciens : l’effarant taux d’échec aux examens des extended classes. Pour rappel, avant le Nine Year Schooling Plan, qui devait, selon la ministre, régler tous les problèmes du secteur éducatif, le taux d’échec aux examens du défunt CPE était de 30%. Pratiquement un tiers des élèves n’arrivait pas à passer les examens après sept années d’école! Le système mis au point par les experts du ministère de l’Éducation pour remplacer le CPE comportait la solution miracle, les extended classes d’une durée de quatre ans, créées pour les éléves qui n’arrivent pas à passer les examens de fin de cycle. Selon les chiffres cités par le leader de l’Opposition – et non contestés par la ministre – en 2022, sur 3,291 élèves ayant pris part aux examens des extended classes, seuls 71 les ont réussi. Ce qui signifie que 3,210 élèves ont échoué à cet examen et ont été, pour reprendre l’expression du leader de l’opposition “ jetés sur le pavé”! Sans compter le nombre d’élèves de ces classes qui ont abandonné les études en cours de route ou qui n’ont pas voulu prendre part aux examens! Avant, du temps du défunt CPE, on disait volontiers que le système éducatif mauricien était catastrophique. Avec les extened classes de son Nine Year Schooling, la ministre de l’Éducation a réussi a faire pire que le CPE. Il n’existe qu’une seule manière de régler un échec de cette importance : la demission.