Du nombre de tickets

Ainsi, donc, le gouvernement a accordé un bail renouvelé pour un terrain de l’État à Mme Primerose Obeegadoo, à l’insu du propre gré du ministre des Terres qui n’est autre que son fils, l’honorable Steven. Ce terrain, situé au Ward IV à Port-Louis, avait été alloué au collège – fermé depuis longtemps – dirigé par le père du ministre, pour servir de cour de récréation. Le bail pour cette cour de récréation abandonnée arrivant à expiration, la mère du ministre a donc demandé, et obtenu, en fait trois nouveaux beaux de 20 ans pour un projet de construction de home pour personnes âgées nécessitant un investissement de Rs 400 millions. Selon la version du ministre, il ne se serait pas mêlé des démarches entourant ce transfert de bail qui relève de son ministère. Ce seraient les hauts fonctionnaires du ministère qui seraient chargés de faire avancer – très rapidement – le dossier jusqu’à son inscription comme recommandation à l’ordre du jour du Conseil des ministres de la semaine dernière. D’ailleurs, souligne-t-on dans le cercle du ministre, ce dernier n’était pas présent à cette réunion, ayant eu à faire un déplacement à l’étranger pour des raisons familiales. Encore que l’attribution des nouveaux beaux à sa mère pourrait facilement être qualifiée d’affaire de famille. En l’absence du ministre, c’est donc un de ses collègues qui a présenté la recommandation accordant un nouveau bail de trois fois 20 ans à la mère du ministre. La recommandation a été approuvée à l’unanimité par le Conseil des ministres, comme les parlementaires de la majorité approuvaient toutes les motions d’expulsion contre les députés de l’opposition au Parlement. Motions qui étaient devenues une spécialité du ministre des Terres et du Logement. Puisque l’attribution des baux à sa mère a été faite à l’insu du propre gré du ministre, il faut donc conclure que ce sont ses fonctionnaires qui font le travail pour lequel il est grassement payé des fonds publics. Ou alors, ce qui se chuchote de plus en plus fort, que la fuite autour du deal Mama-piti, cette opération « jette la boue », ait été orchestrée par le MSM pour calmer les prétentions du ministre en termes de nombre de tickets électoraux. Après une semaine de controverses, Mme Obeegadoo a retiré sa demande d’obtention de trois beaux qu’elle avait déjà obtenus. Si cette démarche est une tentative de sauver l’image de son garçon – qui avait pour ambition de faire la politique autrement –, elle arrive trop tard. C’est avant de faire la demande qu’il fallait penser à ses conséquences…
Ainsi, donc, la best loser de Belle-Rose/Quatre-Bornes ne pourra pas, comme elle l’avait revendiquée comme un droit acquis, poser sa candidature dans SA circonscription. Après avoir fait beaucoup de résistance et même menacé de poser en indépendante, elle a dû se résigner. C’est son leader lui-même qui l’a annoncé en expliquant, lors d’une réunion de son parti, vendredi, que les données politiques ont changé « parski PMSD inn vinn avek gouvernement. » Le leader du Mouvement Patriotique Mauricien (MPM) a, donc, rendu public le secret de polichinelle que les leaders du MSM et du PMSD refusent de reconnaître publiquement : que leurs partis ont contracté une alliance électorale. Est-ce que cette « révélation » du leader du MPM ne va pas irriter le leader du MSM et le pousser à réduire davantage le nombre de tickets espérés ?
Ainsi, donc, Ivan Collendavelloo aura été révoqué pour rien puisqu’il ne figure pas sur la liste des personnes poursuivies dans le cadre de l’affaire de corruption dite de la centrale St Louis. Quand le scandale éclate, des noms sont cités et des accusations faites. Au Parlement, sur la base d’un document brandi mais jamais montré et encore moins déposé, fourni par la défunte ICAC, Pravind Jugnauth décide de révoquer son vice-PM Ivan Collendavelloo. Si celui-ci clame son innocence, lui et son parti choisissent de rester au gouvernement, le temps de l’enquête qui va durer presque quatre ans. Entretemps, le poste dont il avait été révoqué est promptement occupé par Steve Obeegadoo, qui semblait n’attendre que ça. Est-ce le silence d’Ivan Collendavelloo – que certains au MSM qualifient de loyauté – qui lui a valu une forme de respect de la part de celui qui l’avait brutalement révoqué ? Toujours est-il que des trois petits partis qui avaient quitté le MMM pour s’accrocher au MSM, le Mouvement Libérater semble être celui qui devrait avoir le plus grand nombre de tickets aux prochaines élections dans l’alliance MSM/PMSD/ML/MPM/PM.

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Jean-Claude Antoine

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