Le Guide - Législatives 2024

Des commissaires de police

On pensait que l’époque des Commissaires comiques avait disparu avec la fin de la série flic en délire, qui remonte quand même à quelques années. Mais on dirait que, depuis, la plupart des chefs de police ont cru qu’il était de leur devoir de faire mieux que leurs prédécesseurs pour laisser une trace de leur passage aux Casernes centrales. Pas forcément un trace glorieuse. Apres celui qui adorait la série les flics de Miami, on eut droit au Commissaire qui se rêvait général et transformait chaque simple opération de police en mission de guerre, surtout si l’hélicoptère était utilisé. Non seulement il transforma les policiers – qu’il persista longtemps à appeler soldats ou militaires – en vendeurs de billets de loterie, mais il fit fermer le chemin du golf de Vacoas au moment de la première geurre du Golfe, avant de se livrer à quelques trafics qui lui valurent d’être destitué. Le pouvoir qu’il perdit en étant obligé de rendre son uniforme, il essaya de le retrouver en faisant de la politique. Mais encore une fois, son besoin viscéral de se montrer en action, en ne respectant pas toujours les règles, lui valut la révocation. Par la suite, il parvint à se faire indemniser pour son renvoi qui avait été, à l’époque des faits qui lui étaient reprochés, jugé tout à fait justifié. Mais on le sait, ce que le politique fait, il peut facilement le défaire en disant tout et son contraire, avec une telle apparente sincérité qu’on ne sait quand on peut le croire.

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Il y a eu, après, des commissaires qui ont fait leur mandat avec discrétion, d’autres qui ont voulu laisser la marque de leur passage aux Lines Barracks. Celui qui précéda l’avant-dernier s’illustra particulièrement dans cet exercice. Il fit célébrer les 250 ans de la force en grande pompe, entouré de ministres et des ses officiers, alors que les policiers se plaignaient de ne pas avoir des uniformes décents et des équipements convenables pour faire leur travail. Ce Commissaire marqua son mandat par au moins trois faits. D’abord, en faisant condamner à plusieurs mois de prison un pauvre père qui avait eu la malencontreuse idée d’aller voler des letchis dans sa cour. Ensuite, d’avoir abusé de son autorité pour faire obtenir un passeport à la vitesse grand V à un individu qui se révèlera être un trafiquant de drogue interîles. Ces incidents de parcours n’empêcha pas le gouvernement de lui renouveler son contrat à plusieurs reprises, avant de lui offrir un parachute doré en l’envoyant diriger les prisons. Poste qu’il fut contraint d’abandonner quand son passé de pourvoyeur de passeports le rattrapa.

Apres des débuts prometteurs, l’avant dernier Commissaire se retrouva pris entre les factions et les clans qui, au fil des années, s’étaient développés pour devenir de véritables centres de pouvoir au sein de la police et ne parvint pas à faire grand-chose. Et puis, est arrivé l’actuel titulaire, nommé après six longs mois d’intérim. Alors que son prédécesseur souhaitait normaliser les relations avec ses partenaires – syndicats, avocats, il choisit de les ignorer. C’est vrai que contrairement à ses prédécesseurs, il avait un gros dossier familial à régler : celui de son fils accusé de détournement de plusieurs millions de roupies et finalement condamné à la prison. On aurait pu dire qu’un père n’est pas responsable des pechés de son fils si, comme on vient de l’apprendre, il n’avait pas utilisé son pouvoir pour épargner à son rejeton la prison. La fameuse grâce présidentielle aurait été obtenue grâce à un dossier bien ficelé préparé par… la police. Dossier dans lequel on n’avait pas indiqué qu’en sus du détournement de Rs 3 millions, le fils du Commissaire était considéré comme le cerveau d’une autre affaire de détournement, de plusieurs dizaines de millions, qui allait faire l’objet d’un procès.

Malgré tout le mal qu’on peut penser de la commission de pourvoi en grâce, on n’imagine pas qu’elle aurait blanchi un condamné qui était accusé d’une autre détournement. Selon les sources bien renseignées, ce n’est pas à la magistrate que le terme « evil precedent » faisant partie du communique du CP était destiné. C’est le DPP qui était visé, lui qui avait non seulement poursuivi et obtenu la condamnation du fils Dip pour le premier détournement, mais qui avait osé demander une « review » de la décision de la commission de pourvoi en grâce. Tout en poursuivant le fils du CP pour un deuxième détournement de fonds. Un procès pour lequel le fils du CP a pu, grâce à la protection de la… police, passer par le garage et la porte des magistrats pour éviter photographes et journalistes. Avec son communiqué et ses agissements, le Commissaire Dip occupera certainement une place tout à fait à part dans l’histoire de ceux qui ont dirigé les Casernes centrales. Lors de sa nomination, il avait déclaré qu’une de ses priorités était l’intérêt des policiers. On dirait qu’il s’est surtout occupé de celui de son rejeton.

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