Des candidats

— Alors, comment c’était ?

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— Comment c’était quoi ?

— La réunion politique privée où tu es allée ?

— Comme ça tu veilles mes affaires ? Premier d’abord, c’était, comme tu viens de le dire, une réunion privée !

— Hey toi là ! Ne me dis pas que tu ne sais pas que tout finit par se savoir à Maurice. C’est comme ça qu’on a découvert que le ministre de l’Écologie approuve des demandes que fait son étude de notaire.

— Il a déclaré que c’est son ancien bureau de notaire qui a fait une erreur !

— Tu manges cette boulette-là toi ? Autrement dit, « pa mo biro minis ki responsab, me mo ansien biro noter sa ! » On se demande combien d’erreurs comme ça il y a eu avant !

— C’est peut-être grâce à des erreurs comme ça qu’on peut s’acheter des appartements qui coûtent des millions à Dubaï !

— Va savoir toi ! Mais tu ne m’as toujours pas dit comment était la réunion privée où tu es allée ?

— Comme toutes les réunions politiques. Là c’était l’alliance de l’opposition, donc tous ceux qui ont pris la parole n’ont fait que faire le procès du gouvernement et des ministres. Si tu vas dans une réunion du gouvernement, eux ils n’arrêtent pas de dénoncer l’alliance, en particulier les leaders.

— Parce tu as été également dans une réunion de l’alliance de l’opposition ?

— On ne t’a pas dit ça ? On dirait que ceux que tu envoies pour veiller mes affaires ne font pas bien leur travail !

— Mais tu sais bien que je ne veille pas tes affaires ! Je ne suis pas cette qualité de personne-là !

— Mais comment tu as su alors ?

— J’ai appris que tu étais allée à cette réunion par une personne qui t’a vue là-bas.

— Ah je vois ! C’est la cousine du propriétaire qui n’arrêtait pas de me regarder. Je croyais que c’était le travail de la NSS d’aller veiller qui va aux réunions nocturnes !

— Ayo, tu es en train de faire un film d’un rien du tout. Elle m’a dit, en passant, qu’elle t’avait vue, ça même tout. Alors comme ça tu as été aussi à une réunion de l’autre côté !

— Mais bien sûr toi. Avant d’aller voter il faut écouter les arguments de tous les partis.

— Tu as raison : il faut comparer les programmes et les candidats avant de se décider. Maintenant que tu as été à ces deux réunions, quel est ton verdict ?

— Que topette ne vaut pas morette.

— Qu’est-ce que tu veux dire par ce koze letan margoz-la ?

— Que les deux alliances sont pareilles : les orateurs ne font qu’attaquer leurs adversaires, et crois-moi, ils tirent à coups de canon sur eux. L’opposition, elle, ne fait que tirer la liste de scandales du gouvernement et, crois-moi, il y en a beaucoup ! On passe du Wakashio à l’affaire Kistnen, de la stag party à Grand-Bassin à la rave party du nord, en passant par l’affaire Franklin, la distribution de couettes, sans oublier le rôle de Lakwizinn et celui du Loud Speaker.

— Et qu’est-ce qu’on dit dans les réunions du gouvernement ?

— Ils tirent la liste de tout ce que Navin et Paul ont faire dans le passé. On parle bien sûr du coffre-fort et des millions de dollars de Navin et des frasques de sa Lady Cotomili.

— De kisannla ?

— Tu te rappelles pas de celle que l’on surnommait Lady Cotomoli ou « madam ou kone mwa ? » 

— Ah je vois ! Mais c’est une vieille affaire qui date d’avant 2014.

— En tout cas, ils en parlent encore et longuement, je peux te dire. Sans compter tout ce que Navin a pu dire de mauvais sur Paul et vice-versa. Là aussi la liste est mari longue.

— Mais dis-moi un coup : ces réunions privées-là sont pareilles comme les meetings publics ou chaque camp dénigre son adversaire ?

— C’est pareil, sauf que c’est dans une petite salle avec un petit groupe et que la sono n’est pas branchée à fond. Mais on parle très peu de programmes. Dans les réunions du gouvernement, ce qui revient le plus souvent c’est « fodre pa les zot pran pouvwar. »

— Et quel est le mot d’ordre dans les réunions de l’opposition ?

— « Bizin anpes zot revinn o-pouvwar. »

— Enfin. Mais je suppose que la grande différence c’est que dans ces réunions-là tu peux discuter directement avec les candidats.

— Pas du tout !

— Mais pourquoi ?

— Parce que pour les deux alliances, ce sont les leaders qui doivent désigner officiellement les candidats et ils ne l’ont pas encore fait.

— Mais on me dit qu’il y a plein de candidats qui sont sur le terrain. Il paraît même qu’il y en a un qui a tellement travaillé qu’il a perdu dix kilos !

— Peut-être, mais jusqu’à présent, les candidats des grandes alliances n’ont pas encore été désignés. Par contre, chez les petits partis, on a non seulement fini de dire qui sont les candidats, mais ces derniers ont déjà choisi leurs ministères !

— Ils ont oublié que pour être ministre, il faut d’abord être élu ! Mais quand est-ce qu’on va designer officiellement les candidats des deux grandes alliances ? La veille du Nomination Day ?

— On a l’habitude de faire comme ça au Parti travailliste. Il paraît que c’est tard, la veille, ou au petit matin du Nomination Day que les candidats officiels ont leurs tickets !

J.-C.A.

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