— Tu as commencé à aller un peu sur internet ?
— Ayo, tu sais bien que je trouve que c’est un gaspillage de temps.
— Mais je te dis qu’il y a plein de choses intéressantes à regarder.
— Ayo, je te dis franchement : je ne peux pas regarder ces gens qui postent tout ce qu’ils font, dans les moindres détails, sur le web.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
— J’ai une cousine qui passe sa vie sur internet. Elle tire des photos de tout ce qu’elle pense, dit et fait et poste sur le net.
— Tu as raison, c’est parfois comique, pour ne pas dire ridicule
— C’est surtout fatigant, toi. Je n’ai pas envie de savoir où elle est allée, qui elle a rencontré, qu’est-ce qu’ils se sont dit, ce qu’elle a acheté au bazar ou au supermarché et qu’est-ce qu’elle va cuire pour son dîner ! C’est tout juste si elle ne dit ce qu’elle fait avec son bonhomme le soir !
— C’est vrai que c’est bête quand on rentre dans cette qualité de détails-là ! Mais il n’y a pas que ça sur le net. Il y a des affaires intéressantes, je te dis !
— Donne-moi un exemple ?
— Depuis quelques jours, il y a plein de vidéos du Parlement où tu vois les ennemis d’hier, qui sont les alliés en devenir d’aujourd’hui, s’insulter et se dénoncer.
— De qui tu veux parler ?
— Mais du MSM et du PMSD toi. Il faut voir et surtout entendre à quel point ses membres se sont insultés au Parlement. Et crois-moi, Pravind et Xavier-Luc n’ont pas mâché leurs mots.
— À ce point-là ?
— Qu’est-ce que je peux te dire ! Il faudra un jour faire une statue pour Maya Hanoomanjee.
— Celle qui, selon Bérenger et Bhagwan, n’entendait, ne voyait et ne sévissait que contre les députés de l’opposition ?
— Ce qui ne les a pas empêchés de crier mille fois Maya quand ils ont eu affaire au Speaker Goalkeeper ! Si elle n’avait pas fait la chaîne parlementaire, jamais on n’aurait su comment les élus se comportent au Parlement.
— Il paraît qu’il y a des gens qui suivent les séances du Parlement comme un feuilleton.
— Mais c’est un feuilleton toi, un mauvais feuilleton où tout le monde hurle, se menace et s’insulte, alors que Maya Hanoomanjee essaye de mettre de l’ordre en criant de sa petite voix : « Please calm down » et « Silence » sans succès.
— Les parlementaires ne l’écoutaient pas ?
— On dirait qu’ils étaient tellement occupés à s’insulter et se menacer les uns et les autres qu’ils ne l’entendaient pas. Tu as l’impression que le Parlement est un bazar le jour de la foire à l’encan ou bien une cour d’école juste quand on vient de sonner la cloche de la récréation.
— À ce point-là ?
— Quand tu regardes les vidéos qui sont sur internet tu découvres que bien souvent, les parlementaires sont loin d’être des honorables dans leur comportement ou leur langage. Et je ne te parle pas seulement de simples parlementaires, qui sont parfois des bouffons, mais de ministres et leaders de parti.
— Est-ce que tu n’es pas en train d’exagérer… tu ne vas pas me faire croire que les parlementaires ne savent pas se comporter à ce point-là, tout de même ?
— Dans ces vidéos tu vas voir et entendre que ce qui se dit dans les meetings, c’est une version censurée de ce que les députés peuvent dire au Parlement !
— Donne-moi des exemples.
— Il y en a plein et certains sont devenus des classiques sur internet. On va commencer par SAJ.
— C’est vrai qu’il n’avait pas sa langue dans sa poche.
— Ben justement. Un jour, alors qu’il était ministre Mentor, son fils a parlé d’un accident de la route que le député Henry du PMSD avait fait. Il y a eu un brouhaha au cours duquel SAJ a dit que Xavier Duval avait menti. La Speaker a insisté pour que SAJ retire ce mot et il a fini par le faire en disant « I withdraw, but he is not telling the truth ».
— C’est ce qui s’appelle jouer sur les mots, mais il a écouté la Speaker…
— Sauf qu’après avoir dit ça, SAJ a ajouté à l’intention de Xavier Duval : « Shut your bloody mouth ! »
— C’est pas vrai, toi !
— Et ça ce n’est rien comparé aux « batchara », « voler », « kouyon », « to latet kouma enn biskwi Marie », et autres « tom deor si to enn mari ! ».
— C’est pas possible, toi. Les parlementaires causent comme ça ?!
— Je vais te donner un dernier exemple. Un jour pendant que le ministre Sinatambou faisait une déclaration, le député Shakeel Mohamed l’a accusé d’avoir insulté sa mère et exigé des excuses.
— Ne me dis pas que le ministre avait insulté la mère du député, quand même ?!
— Attend un coup. La Speaker a demandé au ministre de retirer ce mot. Tu sais ce que le ministre a dit : J’ai parlé de sa mère parce que le député m’a montré ses parties intimes.
— Quoi ?! Qu’est-ce que la Speaker a fait alors ?
— Dans les hurlements des uns et des autres, elle a dit qu’elle devait voir sur la vidéo si le député avait fait le geste dont le ministre l’accusait, mais qu’en attendant il devait « withdraw » le mot ! Il l’a fait.
— Tu as raison, je dois voir ces vidéos. Envoie-moi vite le lien s’il te plaît !
— Tu n’as qu’à taper « parlement mauricien » sur internet !
J.-C.A.