Que les conférences de presse de la plateforme de l’espoir sont longues et pénibles à suivre! Le spectacle de ces quatre leaders de partis politiques – deux supposés grands, un petit et un 4e en voie de constitution – se passant la parole à tour de rôle montre à quel niveau est réduite la politique mauricienne. N’ayant pu se mettre d’accord à cinq dans une entente à cause des calculs électoraux pour… 2024, l’opposition parlementaire s’est scindée en deux. Quatre partis ont constitué la plateforme de l’espoir – ou du désespoir, comme avait ricané l’autre –, le 5e faisant cavalier seul et organisant lui aussi parfois sa conférence de presse. Celle de l’opposition soi disant unie est longue parce qu’ils sont quatre à parler et que chaque leader doit avoir son temps de parole et traiter de son sujet sans gêner les autres. Hier, Duval parlait des pêcheurs disparus en mer, Bérenger de la santé et de la Palestine, Bodha des courses hippiques et des paris, et Badhain de la consultation de l’ICTA. Les quatre leaders ont tous exigé que le Premier ministre organise les élections municipales, renvoyées à cause de la Covid, « le plus tôt possible ». Et si Pravind Jugnauth les prenait au mot et décidait d’organiser le plus vite possible » les élections municipales ? Est-ce que la plateforme de l’espoir les contestera en groupe ou est-ce que chaque parti ira seul en ouvrant, dans les deux cas, un boulevard pour le MSM et ce qu’il lui reste d’alliés? Et surtout, est-ce qu’au vu de ce qui s’est passé dans les municipalités au cours des derniers temps et la performance des partis de l’opposition, les citadins auront envie d’aller voter ?
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L’épidémie de « I order you out » aurait-elle été poussée par quelque anticyclone de Maurice vers Rodrigues ? Cette manière de faire caractéristique du Speaker du Parlement mauricien aurait-elle contaminé son homologue rodriguaise ? Ce sont les questions que l’on pose des deux côtés de la République depuis que la Présidente de l’Assemblée Régionale de Rodrigues a expulsé du Parlement régional le leader du Mouvement Rodriguais, dans ce qui ressemble à une copie de ce qui se passe souvent à Maurice. Non satisfait d’une réponse à une interpellation sur la distribution de l’eau potable, Nicolas Von Mally avait déclaré « qu’il y avait une perception de deux systèmes de distribution d’eau à Rodrigues : un pour les partisans de l’OPR et un pour les autres. » La Speakrine a trouvé que l’allégation était « unparliamentary » et a demandé à l’élu de la retirer, ce que ce dernier a refusé de faire. La Présidente a alors demandé : “Are you challenging the authority of the Chairperson?” Le député ayant répondu par l’affirmative a été expulsé avec la désormais célèbre phrase “ I order you out.” De quoi se demander si Rodrigues, qui avait su jusqu’à présent se démarquer des modes mauriciennes, n’est pas en train de perdre un peu de cette caractéristique ?
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Est-ce qu’un député peut assister à une réunion d’un comité du conseil municipal de la circonscription où il a été élu ? Est-ce que son élection comme député lui ouvre, de facto, les portes de toutes les réunions réservées aux élus municipaux ? Il semblerait que pour l’administration de la ville de Curepipe, les réponses aux deux questions sont positives. En tout cas, c’est ce qui s’est passé cette semaine à Curepipe. Le deuxième député de Curepipe, Kenny Dhunnoo — ex-PMSD passé au MSM — a assisté à la réunion du Permits Business and Monitoring Commitee qui, comme son nom l’indique, attribue différents permis. C’est un comité qui traite de dossiers confidentiels des contribuables où siègent des conseillers municipaux et des chefs de département. Malgré les protestations de conseillers de la minorité, l’adjointe au maire, qui présidait la réunion, a accepté la présence du député. Selon certaines informations, elle serait, par ailleurs, l’agent politique du même député. Encore un mélange des genres et un non-respect des règlements et procédures qui démontrent que pour les membres du MSM, « gouvernement ek municipalité dans zot la main » ?