Dans exactement un mois, la communauté sportive aura “enn nouvo bourzwa”, huit ans après le passage peu concluant de Stephan Toussaint au ministère des Sports. Celui-là même que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a décidé de laisser à quai, cette fois, pour des raisons évidentes. Ce qui confirme, dans une large mesure, nos différentes prises de position pour dénoncer le laxisme avec lequel le principal concerné a géré un certain nombre de dossiers importants au point où plusieurs fédérations se retrouvent au bord de l’implosion.
Le non-renouvellement de la confiance électorale en Stephan Toussaint indique que le sport local aura du sang neuf à sa tête au delà des législatives du 10 novembre. Mais qui pour relever ce défi énorme qui se profile à l’horizon, voire tenir ce “pwalon so”, au risque de se brûler les doigts ?
Si nous savons que le député du MMM, Franco Quirin, devrait — sauf imprévu — se retrouver dans le fauteuil de ministre des Sports en cas de victoire de l’Alliance du Changement, en revanche, du côté de l’Alliance Lepep, le flou a persisté jusqu’en toute fin de semaine. À croire qu’au sein du MSM, on n’a que faire des Sports à tel point que ce ministère est devenu, au fil des années, l’endroit par excellence pour caser un élu, peu importe ses compétences en la matière. Yogida Sawmynaden, puis Stephan Toussaint, ont confirmé la tendance.
La question était donc de savoir ce que le leader de l’Alliance Lepep, Pravind Jugnauth, allait sortir de son chapeau cette fois ? Un gros calibre susceptible de remettre le sport sur de bons rails et notamment l’aider à assainir la situation au sein des fédérations en crise ? Ou le sport se retrouvera-t-il encore avec quelqu’un qui ne comprend rien à la chose sportive ?
Finalement, apprenons-nous, c’est le recordman du lancer du poids et directeur du Mauritius Sports Council (MSC), le Dr Bernard Baptiste, qui serait pressenti au No. 15 (La Caverne/Phoenix). Pas vraiment surprenant compte tenu, dit-on, qu’il serait proche d’un membre influent de “lakouzinn”.
La carte sortie par Pravind Jugnauth semble être judicieuse, d’autant qu’en cas de victoire de l’Alliance Lepep, Bernard Baptiste devrait être logiquement investi dans le fauteuil de Stephan Toussaint. Au moins, le sport se retrouvera, des années après, avec quelqu’un qui connaît les besoins du sportif. Aurait-il les épaules suffisamment larges pour relancer la machine d’un point de vue administratif ? Les dirigeants qui l’ont côtoyé comme directeur du MSC sauront mieux le dire !
Pravind Jugnauth aurait donc pris le risque de valider, à la dernière minute, la candidature d’un néophyte aux législatives du 10 novembre. Cela, tout en étant conscient des mécontentements notés ici et là suivant l’officialisation des candidats dans certaines circonscriptions privant, du coup, des anciens ministres d’investitures. Des grincements de dents qui, étrangement, ne se sont pas étendus jusqu’au No. 12 (Mahébourg/Plaine Magnien) pour l’heure, en dépit du fait que Stephan Toussaint a dû faire de la place à une députée du PMSD, nommément Aurore Perraud !
Preuve que tout demeure possible en politique à condition d’adopter le principe qui est de caresser dans le sens du poil. Le leader du PMSD et ancien leader de l’Opposition, Xavier-Luc Duval, est de ceux-là puisque, désormais, il trouve que le gouvernement sortant a fait du bon travail ! Alors que pourtant, il a, pendant quatre longues années, acculé Pravind Jugnauth et ses pairs par le biais de ses nombreuses Private Notice Questions, embarrassantes comme pertinentes.
Malheureusement, ce n’est pas demain qu’on parviendra à faire évoluer les mentalités qui, soulignons-le, n’aident aucunement à faire avancer notre pays, si ce n’est les intérêts personnels des uns et des autres. Alors que le sport mauricien nécessite une remise en forme plus qu’urgente compte tenu du fait que plusieurs de ses « organes » peinent à fonctionner depuis près de huit ans ! Au cas contraire, Stephan Toussaint serait, à l’heure actuelle, pleinement concentré — tout vêtu de ses incontournables accessoires orange — pour une réélection au No. 12.
Pour ceux qui l’ignorent, le sport n’a pas de couleur politique. Il se conjugue au rythme du mauricianisme et demeure la plateforme par excellence, avec la musique, à pouvoir rassembler. Peu importe celui qui prendra les rênes au delà du 10 novembre, les acteurs de ce secteur espèrent ardemment que le prochain ministre des Sports saura au moins redonner au sport sa vraie valeur.
Jean-Michel Chelvan