Si quelqu’un comprend quelle est, ces jours-ci, la supposée stratégie politique du PMSD, merci de le faire savoir. Voilà donc un Xavier Luc Duval dont la prestation comme leader de l’Opposition était unanimement saluée. Ses questions étaient pointues, ses interventions bien travaillées et il avait ensuite inventé une méthode originale pour faire entendre ses arguments lors de la PQ que la MBC ne diffuserait pas : la conférence de presse juste après la séance des questions-réponses parlementaires. À force de travail et de sérieux, il avait réussi à se faire une image de leader politique respecté dont on commençait à dire qu’il commençait à avoir l’envergure d’un homme d’État. À tel point que dans l’alliance des partis de l’opposition, alors qu’il ne dispose que de quatre élus et que la force électorale réelle du PMSD sur le terrain reste à être démontrée, il avait obtenu 8 tickets. Partage qui lui semblait équitable puisqu’il ne l’a contesté ni lors de la réunion des chefs, ni dans une quelconque déclaration à la presse. Et puis, sans que l’on sache encore clairement pourquoi, tout a basculé. Ce que Xavier Luc Duval ne peut ou ne veut pas dire, il a chargé son fils Adrien de le faire à sa place. On ne fera croire à personne qu’Adrien Duval est allé critiquer Navin Ramgoolam, remettre en question le partage des tickets et réclamer des « safe seats » sans l’assentiment de son père. Encore que dans la famille Duval, on a eu droit, dans le passé, à des affrontements et des lavages de linge familial à grandes eaux et en public. Mais visiblement, dans le cas qui nous occupe, le coquelet avait la bénédiction – pour ne pas dire les instructions – du coq, puisque non seulement ce dernier ne l’a pas démenti, mais il a fait savoir que c’est en tant que représentant du PMSD que son fils allait rencontrer Navin Ramgoolam, vendredi après-midi.
Alors, que s’est-il passé dans le poulailler, cette semaine ? Est-ce que, comme certains l’ont dit, le PMSD se croyant plus fort qu’il ne l’est, se pensant indispensable pour la concrétisation de l’alliance, a tenté de faire monter les enchères pour obtenir quelques tickets supplémentaires ? Ou alors, comme le disent d’autres, c’est une tactique pour se faire mettre dehors de l’alliance afin d’avoir un prétexte pour retrouver le MSM dont le leader lui aurait fait « une offre digne et sincère », un package comprenant tickets, présidences de corps para-étatiques et ambassades : bref, tout ce qu’on aime et qu’on recherche au PMSD ? Le problème pour Xavier Luc et son fiston, c’est qu’ils ont très mal fait leurs calculs. Au lieu de se faire courir après par Navin Ramgoolam, de le supplier de ne pas quitter l’alliance, il n’a rien obtenu. Sauf un rendez-vous pour son fils avec le leader du PTr qui n’a rien changé. Si le PMSD avait cru que Bérenger aurait tout fait pour ne pas casser l’alliance en lui offrant un ou deux tickets supplémentaires, c’est raté ! En conférence de presse, samedi, le leader du MMM a dit ce que pensent, sans doute, ses militants et bon nombre de partisans du PTr énervé par le mauvais cinéma des leaders du parti du coq : « Si PMSD envi allé, dire li allé. » Plus clair que ça, tu meurs ! Sous-entendu : avec ce départ, il y aura 8 tickets supplémentaires à se partager. Face à ces réactions auxquelles il ne s’attendait pas, le leader du PMSD a fait un point de de presse, samedi après-midi, pour dire que le PMSD n’avait pas l’intention de jouer le rôle du vase à fleur. En ajoutant, un peu tardivement, que le partage des tickets PTr/MMM/PMSD n’a jamais été finalisé, alors que ses deux – encore ou ex ? – partenaires soutiennent le contraire. Par ailleurs, le MSM, qui doit se délecter du spectacle, a envoyé le ministre Callychurn donner une petite leçon d’éthique politique à Xavier Luc Duval. « Si j’étais le leader du PMSD, j’aurais déjà claqué la porte de l’alliance de l’opposition. »
Même s’il voulait refaire alliance avec le MSM, ce qu’il dément, comment fera-t-il pour expliquer qu’il se remet avec un parti dont il avait démissionné du gouvernement pour sauver la démocratie ? Il semble bien que le leader du PMSD a – avec le concours de son fils – scié la branche sur laquelle il se tient. Après les déclarations du père et surtout celles du fils, on voit mal Ramgoolam revenir sur le partage de tickets qu’il a lui-même annoncé à son bureau politique, il y a quelques jours. Quand à Bérenger, son « si li envi allé, dire li allé » est on ne peut plus clair. Est-ce que finalement, le PMSD a cru qu’il était devenu le parti indispensable de la politique mauricienne, celui sans qui aucune alliance, surtout celle de l’opposition, ne peut remporter la victoire électorale ? Si c’est le cas, il s’est lourdement trompé puisque, comme le dit l’expression kreol : li finn perdi dans bois ek dans la cour. Pour finir, je renvoie les Duval à ce que disait souvent leur père et grand-père : « Le cimetière St Jean est rempli de personnes qui se croyaient indispensables ! »
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