Non, ce n’est pas une mauvaise blague : le MSM a, par le biais d’un communiqué émis hier par “la direction”, réclamé l’institution d’une commission d’enquête sur l’affaire des écoutes téléphoniques de masse et sur les fameux “moustass leaks”.
La demande du parti de Pravind Jugnauth est même assortie de la proposition que ladite enquête soit présidée par un ancien juge de la Cour suprême. Et last but not least, il est aussi écrit qu’il “est impératif que le peuple mauricien soit informé de la vérité en toute transparence sans aucune influence politique.”
Le MSM évoquant “transparence” et “influence politique”, franchement risible ! Comme l’était aussi la décision prise le 25 octobre 2024 par le conseil des ministres, présidé alors par Pravind Jugnauth, de mettre sur pied une commission d’enquête sur “the alleged misuse of telecommunications infrastructure and the recent publications and/or broadcast of alleged telephone conversations on social media and other platforms”. Ladite commission d’enquête devait être présidée par l’ancien juge Gérard Angoh assisté de deux assesseurs étrangers.
C’était une quinzaine de jours avant les élections et après les premiers enregistrements audio de Moustass Leaks qui avaient choqué le pays par l’étendue du système d’écoute mis en place et qui avaient passionné les Mauriciens par ce qu’ils confirmaient des méthodes du Premier ministre et de son épouse surtout.
La commission d’enquête était une tentative désespérée, à la veille d’une cruciale échéance, de limiter les dégâts après les premières réactions ridicules sur une supposée manipulation découlant de l’intelligence artificielle.
C’était une parade ridicule pour essayer d’atténuer la très grande indignation qu’avaient suscité les enregistrements téléphoniques de ceux qui croyaient être les propriétaires du pays, qui se mêlaient de recrutements, d’enquêtes policières, de donations, de fêtes socio-religieuses et qui, surtout, faisaient tout pour protéger leurs agents, fussent-ils des escrocs notoires.
Les révélations du Premier ministre sont d’une extrême gravité. C’est à la faveur d’une question parlementaire du député de l’opposition, Adrien Duval que Navin Ramgoolam a déclaré qu’un système de surveillance de masse avait été introduit et que cette activité illégale qui enfreignait en plus les droits constitutionnels des Mauriciens avait été financée à hauteur de Rs 5 milliards et que cet espionnage à grande échelle requérait aussi un budget annuel de Rs 350 millions.
Le chef du gouvernement a assuré, mardi dernier, à l’Assemblée Nationale, que ce sont des experts étrangers indépendants qui ont encadré la police mauricienne pour permettre de détecter ce système illégal d’écoutes et d’espionnage qui, a-t-il tenu à préciser, a été démantelé.
Comme les révélations sont précises et chiffrées, le moins auquel on aurait pu s’attendre de ceux qui auraient orchestré cette activité illégale, c’est qu’ils viennent s’expliquer, à commencer par l’ex-PM. Un tel budget pour de l’espionnage d’opposants politiques, de personnalités critiques, du simple citoyen et même de ses propres ministres, cela devrait susciter au minimum un début d’explications de ceux qui tenaient les cordons de la Bourse.
On espère que ce n’est pas le MIC qui a avancé des fonds à une entreprise douteuse créée de toutes pièces qui aurait ensuite financé cette opération complètement illégale. Rien ne peut être exclu. Après ses révélations choc, il n’est d’ailleurs pas interdit de revenir sur les fanfaronnades publiques de Pravind Jugnauth qui se flattait d’avoir X, Y ou Z sur son “radar”. S’agit-il des découvertes découlant des écoutes téléphoniques et de surveillance des messages échangés ? Compte tenu de ce que les Moustass Leaks ont étalé sur la place publique et la manière dont certaines arrestations imminentes étaient annoncées dans des rassemblements publics du MSM, il est urgent pour l’ex-PM de répondre.
Le radar a, désormais, complètement changé de direction. Voilà les protégés du MSM défilant aux Casernes Centrales ou à la Financial Crimes Commission les uns après les autres. Rakesh Gooljaury, le représentant de Hugo Boss et d’autres marques de renom, complètement débraillé, a été cueilli à sa descente d’avion pour aller directement au siège de la FCC.
Il est en détention provisoire depuis jeudi, son jour fétiche, celui qu’il choisissait pour organiser les rencontres avec la presse de ceux qu’il débauchait des autres partis pour les livrer au MSM. Son frère est également concerné par cette affaire de blanchiment à hauteur de Rs 1,2 milliard.
Également “au chaud” à Alcatraz, depuis jeudi, quatre policiers soupçonnés d’avoir extorqué une somme de Rs 1,6 million chez un éleveur d’animaux après une perquisition effectuée le 15 juillet 2024. Le chef du groupe de policiers incriminés, a pu, lui quitter le pays à la veille de sa convocation et on est en droit de se demander pourquoi, comme dans le cas d’autres personnes visées par des enquêtes, il n’a pas fait l’objet d’une “notice on departure” comme pour Renganaden Padayachy et d’autres.
Et le pigeon voyageur Harvesh Seegoolam s’est vu refuser une autorisation par la Cour de quitter le pays, lui qui a été arrêté à sa descente d’avion le 3 janvier. Comme la roue tourne ! Ce qui ne doit pas manquer de réjouir un peuple avide de justice…
PS : Bravo et merci pour l’action concertée des ministères de la Santé et du Transport Intérieur qui a conduit à l’instauration d’un système de navette pour les patients atteints de cancer et leurs accompagnants qui doivent se rendre au National Cancer Centre (NCC) de Paillotte.
En sus d’une navette partant des arrêts d’autobus du complexe commercial de Jumbo jusqu’à l’hôpital, deux autres services ont aussi été aménagés pour faciliter l’accès à ce centre, l’un venant des gares routières de Quatre Bornes, et l’autre, de Curepipe.
Nous évoquions ici même, le 19 janvier dernier, ce grave problème d’accès au NCC pour les personnes souffrant de cancer et sommes ravis que, comme pour l’hôpital de Flacq, un service de transport public ait été introduit pour faciliter le déplacement de ceux qui s’y rendent pour des soins ou pour visiter des malades.
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