Kugan Parapen, de Résistans ek Alternativ, a raison : la manière dont le prix de l’essence a été augmenté, puis baissé en l’espace d’une semaine, démontre qu’au gouvernement, on travaille chacun pour soi, sans concertation. C’est, en tout cas, l’impression qui se dégage de l’augmentation suivie de la baisse des prix des produits pétroliers en seulement une semaine. La question des augmentations du prix des produits pétroliers est un sujet sensible pour le gouvernement que l’opposition ne rate aucune occasion de rappeler. Alors que le prix du baril avait baissé conséquemment sur le marché mondial, à Maurice le gouvernement avait maintenu la hausse, au grand dam des consommateurs. Et puis, la semaine dernière, l’organisme chargé de réguler les prix des produits pétroliers – en les augmentant régulièrement ! – annonce une nouvelle hausse pour faire suite à l’augmentation du prix du baril sur le marché mondial. C’est une nouvelle qui tombe mal pour Pravind Jugnauth qui devait s’adresser le lendemain aux personnes du 3e âge. Ses chamchas et autres chatwas ayant fait savoir qu’il avait une surprise pour les vieux, certains ont voulu croire que comme en octobre 2019, il allait leur annoncer une augmentation du montant de la pension de vieillesse. Le chiffre de Rs 15,000 fut même lancé. Mais avec l’augmentation des prix des produits pétroliers qui touche directement et indirectement TOUS les consommateurs, il n’était pas question pour le Premier ministre d’annoncer une augmentation qui ne concernerait QUE les personnes du 3e âge. Donc, le grand coup ne fut pas annoncé et les pensionnaires rentrèrent chez eux avec de la nourriture bio à la place du traditionnel briyani. Pour essayer de se consoler de son grand coup raté, le leader du MSM déclara qu’il y avait eu une meilleure foule que celles des congrès de l’opposition. Comme si tous les pensionnaires qui avaient répondu à l’invitation de la ministre de la Sécurité Sociale étaient tous des partisans du parti soleil !
Comme il fallait s’y attendre, la nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers provoqua des réactions negatives dans tout le pays. Dans un premier temps, le gouvernement, tout au moins certains ministres essayèrent de la justifier en parlant d’augmentation obligatoire provoquée par le cours mondial du baril, la rareté du produit en raison de la guerre russo-ukrainienne, le réchauffement climatique et ainsi de suite. La nouvelle ministre du Commerce fit même une très longue émission de radio au cours de laquelle elle expliqua en long et en large pourquoi il fallait, encore une fois, augmenter le prix des produits pétroliers à Maurice. Il fallait bien justifier sa promotion de PPS à ministre, non ? À cela, l’opposition, ravie de pouvoir battre le gouvernement avec sa propre arme, rappela qu’à Maurice, le prix de l’essence augmente même quand le prix du baril baisse sur le marché mondial. Sentiments partagés par les consommateurs /payeurs qui avaient, maintes fois, réclamé une baisse du prix de l’or noir à Maurice. Un consommateur avait même commencé une grève de la faim, sans susciter la moindre réaction du gouvernement. Mais la dernière augmentation aura été la goutte de trop risquant de se transformer en une mèche capable d’enflammer le pays. La réunion du Conseil des ministres de vendredi dernier étudia toutes les possibilités d’éteindre l’incendie qui couvait sous la cendre. L’unique solution était d’annuler la hausse, déclarée indispensable, samedi dernier. C’est ainsi qu’il était annoncé que le prix allait baisser de Rs 3,10 le litre. C’est le même organisme qui avait annoncé la hausse qui a été obligé d’annoncer son annulation. Cette volte-face permet de constater que cet organisme est, en fait, un instrument du gouvernement, comme beaucoup d’institutions du pays. Quand à la nouvelle ministre du Commerce, elle a été obligée, vendredi, de dire le contraire de ce qu’elle avait affirmé avec tant de conviction, deux jours avant. Ce qui autorise à se demander quand il faut lui accorder du crédit : quand elle justifie l’augmentation ou quand elle en annonce l’annulation ? Cette hausse de la baisse ou baisse de la hausse, comme l’écrit avec ironie un internaute, donne encore plus de poids à ce que dit le syndicaliste Suttyhudeo Tengur dans l’interview publiée dans cette édition : « Tant que nos institutions seront en panne, dépassées ou verrouillées, rien ne marchera dans le pays. »
- Publicité -
EN CONTINU ↻