Les faits évoqués sur le dysfonctionnement de la Child Development Unit (CDU) par Me Lovena Showkee, dans son interview de dimanche dernier, ont pu penser faire que l’avocate avait exagéré. Mais le lendemain, dans sa conférence de presse qui était censée être une réplique, la responsable de la CDU a démontré que l’avocate avait parfaitement raison : la CDU viole les droits des certains enfants qu’elle est censé protéger. Criant, sautant du coq à l’âne, disant tout et son contraire, et passant d’un sujet à un autre, en adoptant un ton belliqueux, allant de la menace à l’insulte, la responsable du CDU a dénoncé un complot contre l’unité qu’elle dirige mené par les avocats, la magistrature et la presse, et faisant de graves allégations sur les motifs de certains parents d’enfants ayant osé protester. La responsable de la CDU a donné l’impression, comme le disent Me Showkee et des parents, qu’elle était au-dessus de la loi, estimant qu’elle n’a pas de compte à rendre, considérant la moindre critique comme une attaque et que ceux qui osent mettre en cause le fonctionnement de la CDU sont des ignares.
Le ton de cette conférence de presse aura démontré qu’en dehors des menaces et des insultes, la responsable de la CDU n’a aucun argument à opposer aux critiques sur la manière dont elle a géré deux affaires. Dans le premier cas, trois enfants sont enlevés à leur mère suite à une plainte pour maltraitance alléguée, en septembre dernier. Sans mener d’enquête, la CDU demande et obtient un ordre urgent de la Cour pour placer les enfants dans un shelter. Avec le confinement, les différents renvois et les objections de la CDU, les enfants vont passer CINQ MOIS dans des shelters. Lorsqu’ils sont rendus à leur mère et après que celle-ci ait découvert sur eux des marques corporelles, la CDU redemande et obtient un autre ordre de la Cour pour reprendre les enfants. C’est dans la soirée que les officiers de la CDU arracheront littéralement de force les enfants à leur maman pour les ramener dans un shelter. Le lundi, les enfants seront rendus à leur mère par la Cour parce qu’il n’y avait rien dans le dossier de la CDU pour justifier le renvoi dans un shelter.
Deuxième cas. Agissant sur la base d’une dénonciation anonyme d’allégation d’abus sexuel, la CDU demande et obtient le 11 mai un ordre de la Cour pour aller prendre une petite fille autiste et aveugle et l’emmener à l’hôpital pour examen urgent. La petite fille AUTISTE et AVEUGLE, privée de ses repères et de ses parents, est agitée. Elle est ATTACHÉE à un lit d’hôpital pendant ONZE JOURS avant qu’elle ne soit enfin médicalement examinée après la parution d’un article de presse. Après examen médical et des faits, la Cour rend la petite fille à son père.
Est-ce que dans ces deux cas, les officiers de la CDU se sont comportés comme des officiers soucieux d’assurer la protection des enfants ? Est-ce qu’en arrachant des enfants des bras de leur mère en pleine nuit, ou en abandonnant une petite fille autiste et aveugle, attachée à un lit d’hôpital pendant onze jours, ils n’ont pas violé les droits de ces enfants ? Et la responsable de la CDU s’étonne que les parents des enfants, l’avocate et des journalistes aient dénoncé un tel traitement ! Elle doit, sans doute, être furieuse que la députée Stéphanie Anquetil ait osé évoquer brièvement le sujet au Parlement, mardi dernier. Elle a attiré l’attention de la Chambre et du gouvernement sur « la situation alarmante et grave ( et ) les abus de pouvoirs contre les enfants vulnérables, mineurs et en détresse placés dans les abris. » Le plus étonnant dans ces deux histoires réside dans le silence de la ministre concernée. Des accusations de maltraitance d’enfants sont faites contre l’unité de son ministère chargée de les protéger, et elle ne pipe mot. Est-ce parce que le sujet ne l’intéresse pas, qu’elle n’a rien à dire, ou est-ce qu’elle ne veut pas qu’on entende sa voix dans les micros du Parlement ? Est-ce par son silence – que certains pourraient qualifier de complice avec la CDU – qu’elle fait face à ses responsabilités de ministre ? Affaire à suivre puisque Me Showkee et les parents des enfants concernés ont signifié leur intention de saisir la justice.
Jean-Claude Antoine
P.S. : Ainsi donc, ce gouvernement a fait écrire et voter, en 2015, une loi pour punir les internautes (surtout les opposants) qui est anticonstitutionnelle, a décrété cette semaine la Cour suprême ! Quid de celle – plus dure encore – qui l’a remplacée et permet aux ministres, députés et autres CEO de faire arrêter et emprisonner les internautes qui, par leurs posts sur les réseaux sociaux, ont pu les « annoyed » ? Qu’est-ce ces victimes attendent pour contester cette loi ?