L’exercice de distribution de cartes professionnelles aux pêcheurs fait couler beaucoup d’encre. Dans la nuit de jeudi dernier, un individu s’en est pris à un officier des Fisheries qui était seul on duty au poste de Bambous Virieux, lui reprochant que ses proches n’avaient pas reçu la fameuse carte, contrairement à d’autres. Vythilingum Naidu, président de la Fisheries Protection Officers Union (FPOU), monte au créneau et déplore les risques auxquels sont exposés ses collègues et lui-même, surtout après les attaques de Judex Rampaul, président du Syndicat des Pêcheurs, qui avait déclaré que les officiers des Fisheries faisaient la pluie et le beau temps.
Que s’est-il passé au poste de Fisheries de Bambous Virieux ?
Jeudi dernier, il y avait un seul officier en poste pour le night shift. Depuis quelque temps, on se retrouve dans une situation où il n’y a que 2 à 3 personnes par shift. Ce qui s’est passé jeudi dernier, c’est qu’il y avait deux officiers pour le service de nuit et l’un d’eux a pris un local. Le deuxième était donc seul au poste. Ce n’est pas la première fois que ce genre de chose arrive. Même lorsqu’il y a deux officiers pour un shift, à un moment, l’un doit sortir pour le patrol et l’autre assure la permanence.
En fait, jeudi soir, alors qu’il y avait un seul officier de service, un homme en état d’ébriété est venu se plaindre pour une affaire de permis de bateau qui tardait. Il a commencé à insulter l’officier. Puis, il a commencé à lui reprocher le fait que des membres de sa famille, qui sont engagés dans la pêche depuis longtemps, n’ont pas reçu de cartes de pêcheur, contrairement à d’autres. Il a même donné un coup de pied dans un panneau vitré qui s’est brisé.
L’officier de service a appelé du renfort des deux postes les plus proches ayant un véhicule à leur disposition, soit Mahébourg et Poste Lafayette. Finalement, les officiers de Mahébourg sont venus. Une entrée (OB 158/22) a été faite au poste de police de Grand-Port pour “Threatening FPS Officer on duty” et “Damaging Government Property”.
Vous voulez dire que vous faites un métier à risques ?
Effectivement. Et encore plus quand il y a des personnes comme Judex Rampaul, président du Syndicat des Pêcheurs, qui vient jeter le blâme sur nous concernant la distribution de cartes de pêcheurs. Il pose la question si nous avons respecté les procédures et se permet de dire que nous faisons la pluie et le beau temps. D’abord, Judex Rampaul doit savoir que nous n’avons aucun pouvoir de décision dans cette affaire. Le rôle des fisheries officers s’est limité à distribuer les formulaires, les récupérer et les envoyer au Head Quarter, c’est-à-dire le ministère. C’est là-bas que la sélection a été faite, pas dans les fisheries posts. Si Judex Rampaul n’est pas satisfait, c’est au Head Quarter qu’il doit poser des questions.
Pourquoi vouloir nous faire porter le chapeau ? Pourquoi c’est nous qui serions à blâmer, alors que nous ne faisons qu’appliquer les instructions ? Je peux vous dire que nos membres sont très remontés. La FPOU a reçu plusieurs plaintes de ses membres suivant les déclarations de Judex Rampaul qui sont qualifiées de dangereuses et hostiles à notre égard. Au lieu de s’en prendre à nous, il aurait dû s’occuper de ces pêcheurs qui sont restés sur la touche.
J’en profite également pour dire que le travail des Fisheries Officers est régi par un Scheme of Service de la Public Service Commission (PSC). En sus de cela, nous recevons des ordres du Head Quarter et de nos supérieurs. Toutes les instructions sont écrites noir sur blanc dans un diary book. Comment venir dire que nous faisons la pluie et le beau temps ? Nous faisons notre travail selon les instructions, avec nos ressources humaines et logistiques, c’est tout. Il ne faut pas prendre les Fisheries Officers pour des boucs émissaires.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement octroie des cartes de pêcheurs. Pourquoi autant de remous, cette fois-ci ?
Cela fait longtemps qu’il n’y a pas eu un tel exercice. Généralement, il y a une procédure précédant l’octroi des cartes. Selon les règlements, les Fisheries Officers doivent assurer le monitoring des activités des pêcheurs qui font une demande pour une carte professionnelle. Ce qui implique d’aller record ses prises au débarcadère de la localité pendant une période de six mois et s’assurer que cette personne a bien pratiqué le métier de pêcheur.
Cette fois-ci, il n’y a pas eu de monitoring. D’une part, c’est vrai que nous n’avons pas suffisamment de personnel pour cela. Je viens de vous donner l’exemple, tout à l’heure, comment on peut se retrouver avec un seul officier de service. Un Fisheries Post peut avoir plusieurs débarcadères dans son catchment area. Mais d’autre part, si cette distribution de cartes était une top priority pour le ministère, on aurait pu faire appel aux Bank Officers. Le PRB l’avait, d’ailleurs, suggéré. Si le management avait engagé des discussions avec la FPOU, nous aurions pu en discuter et trouver des solutions.
Le fait qu’il n’y a pas eu de monitoring laisse planer le doute chez certains. Est-ce que le ministère a trouvé un autre moyen pour pallier ce manquement ? Est-ce qu’il y a eu d’autres règlements pour cet exercice ? Nous n’en savons rien. Comme je l’ai dit, notre rôle s’est limité à distribuer les formulaires, à les récupérer et à les envoyer au Head Quarter. Pour le reste, nous ne savons rien. Peut-être que le ministre Bobby Hurreeram a raison de dire que l’ICAC doit enquêter. Cela nous permettrait, sans doute, d’y voir plus clair.
Quel est le mood sur les zones côtières concernant cet exercice de distribution de cartes aux pêcheurs ?
Il y a une grande frustration chez certains candidats qui n’ont pas reçu la carte. Des gens se tournent vers les Fisheries Posts pour se plaindre de ne pas avoir reçu de carte, alors qu’ils sont des genuine fishermen. Ils disent que d’autres qui ne le sont pas ont reçu la carte. Encore une fois, nous n’avons pas de réponse à leur donner car nous n’avons pas été impliqués dans la sélection.
Mais est-on autorisé à pêcher sans carte ?
Justement, je crois que Judex Rampaul induit le public en erreur quand il dit que quelqu’un qui pêche sans la fameuse carte est dans l’illégalité. Ce n’est pas vrai. Un pêcheur amateur est un pêcheur enregistré. La seule chose c’est que sans carte, il ne bénéficiera pas de Bad Weather Allowance ni des autres avantages offerts par le ministère. C’est cela le réel enjeu de la carte de pêcheur.
Soit dit en passant, il y a beaucoup de pêcheurs possédant une carte professionnelle qui ne vont plus en mer, non plus. Peut-être que Judex Rampaul peut vous éclairer à ce sujet.
Comment le Fisheries Protection Service va-t-il s’assurer que ceux qui viennent de recevoir la carte de pêcheur pratiquent bien le métier ?
Je ne sais pas. Je vous l’ai dit, nous n’avons pas d’effectif adéquat depuis des années, nous n’avons pas d’embarcations et de moteurs appropriés pour effectuer des patrouilles hors lagon. Généralement, les pêcheurs viennent faire estampiller leurs cartes pour le Bad Weather Allowance.