Autorisations policières

À en croire Pravind Jugnauth, le leader du MSM, l’alliance PTr-MMM-PMSD serait « enn lalians galimatia » qui est appelée à exploser, et dont il n’a pas de temps à perdre pour s’occuper.

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N’empêche, il a passé quelques longues minutes à en parler lors de son dernier Comité Central pour réfléchir sur les moyens de lui donner la réplique. En utilisant cette phrase qui se voulait lapidaire : « Zot kongre ti enn fiasco. » Galimatia ou fiasco, cette nouvelle alliance semble commencer à fatiguer — ou carrément inquiéter ? — le MSM si l’on s’en tient au nombre de membres du parti orange qui la commentent, et celui de fake news et détournement de propos qui ont éclos sur le net. L’alliance, également qualifiée d’insignifiante, ne les intéresse pas, mais ils multiplient, directement ou indirectement, les mesures pour boycotter ses futures activités.

C’est ainsi que certaines institutions gouvernementales ont commencé à mettre les bâtons dans les roues de l’organisation du prochain congrès de la nouvelle alliance. La municipalité de Vacoas n’a même pas répondu à la demande concernant une location de sa salle des fêtes pour la tenue du congrès. Les organisateurs se sont alors tournés vers un endroit de la ville où les meetings et autres congrès sont organisés depuis la nuit des temps politiques : la place des camions. C’est à ce niveau que la police, dont l’impartialité politique est connue et reconnue, est intervenue. L’autorisation de tenir le prochain congrès de l’alliance de l’opposition à la place des camions a été refusée aux organisateurs par la police. Parce que « ce lieu n’est pas propice pour accueillir un rassemblement de cette envergure, car cela pourrait causer d’importants inconvénients aux usagers de la route. »Attendez ! Un rassemblement de « cette envergure » ? Mais est-ce qu’il ne s’agit d’un congrès de l’alliance de l’opposition dont le leader du MSM avait déclaré que le précédent avait été un « fiasco » ? Il serait temps que le ministre responsable de la police et les Casernes centrales se mettent d’accord sur les définitions qu’ils utilisent pour qualifier les manifestations de l’alliance de l’opposition. Elles ne peuvent pas être qualifiées de « fiasco » et de « rassemblement d’envergure » en même temps.

Est-ce que comme l’Independant Commission Against Corruption (l’ICAC) les Casernes centrales pratiqueraient une politique de deux poids deux mesures en ce qui concerne les autorisations pour les activités musicales ? En mai dernier, les organisateurs d’un concert, qui a lieu tous les ans dans les jardins de Labourdonnais, n’avaient pas obtenu l’autorisation de vendre des boissons alcoolisées, ce qui a réduit de plus de moitié les recettes escomptées des organisateurs. Était-ce une mesure de la police pour contribuer à faire baisser la consommation d’alcool à Maurice ? Peut-être à Pamplemousses, certainement pas à Port-Louis. Car dans la soirée du même jour, un concert a eu lieu au Champ de Mars, où les cannettes, les chopines et les bouteilles étaient en vente libre au vu et au su de la police. Sa seule intervention dans la soirée a fait suite aux nombreuses plaintes des habitants des alentours protestant contre du tapage nocturne prolongé. Il y a quelques jours, un organisateur de concert en salle a reçu de la police une liste de onze conditions à remplir pour obtenir l’autorisation demandée. Une liste aussi longue que pour une demande de construction de maison qui a rendu perplexe le policier habitué à délivrer le permis pour ce genre de manifestation musicale. Est-ce que ces nouvelles conditions seraient une tentative de la police de mettre de l’ordre dans l’organisation de concerts qui ont tendance à se multiplier depuis quelque temps ? Pas forcément, puisqu’il paraît qu’un concert, organisé récemment dans un stade, n’a pas eu à respecter toutes les conditions alors que des policiers ont travaillé en extra duty pour assurer le service d’ordre. Une politique de deux poids deux mesures qui a de quoi conforter dans leur conviction ceux qui disent que les Casernes centrales suivent désormais le modus operandi de l’ICAC. Si cette dernière get figir pour mener certaines enquêtes — Angus Road, l’affaire Kistnen, l’affaire de la chasse de Grand-Bassin, entre autres —, les Casernes centrales en feraient désormais de même pour accorder certaines autorisations.

Jean-Claude Antoine

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