Après la mort

Même en cette période de crise nationale, le MSM n’arrive pas à se départir du ton qu’il a adopté pendant la campagne électorale et au Parlement. Même si plus de la moitié de l’électorat n’a pas voté pour lui, il se comporte comme si le pays lui avait été légué en héritage. Il continue à trafiquer l’ordre du jour du Parlement afin qu’il coïncide avec les déplacements du Premier ministre et que ses ministres n’aient pas à répondre aux questions de l’opposition. Le Parlement a repris ses activités en décembre et presque quatre mois après, il n’y a toujours pas de séance avec questions aux ministres. Si les ministres et nominés politiques pouvaient et savaient deliver the goods, la situation aurait été, disons, acceptable, mais ce n’est pas le cas et la gestion de l’épidémie de coronavirus le démontre. Depuis janvier, le gouvernement répète sur tous les tons que le coronavirus n’est pas une menace pour Maurice et traite ceux qui disent de faire attention d’antipatriotes et d’oiseaux de mauvais augure. Au fur et à mesure que la situation évoluait négativement, les décisions et déclarations contradictoires se sont multipliées. Il y a deux semaines, le ministre de la Santé et celui des Finances ont passé une heure dans un programme de la MBC à répéter que le coronavirus ne menaçait pas Maurice. Quelques minutes plus tard, le Premier ministre annonçait que l’île Maurice comptait trois cas de coronavirus ! C’est depuis que les mesures, qui auraient dû avoir été prises avec le temps nécessaire de préparation, l’ont été dans la précipitation, pour ne pas dire la confusion. On a fermé brutalement l’aéroport avant de réaliser qu’il fallait rapatrier les Mauriciens qui étaient à l’étranger. Il aura fallu qu’une affaire soit logée en cour pour que le gouvernement découvre que la fermeture de Plaisance équivalait à priver des Mauriciens du droit du sol.
Depuis, le nombre de cas augmente et certains membres du gouvernement multiplient les déclarations et annoncent des décisions sans en avoir mesuré les conséquences. C’est après avoir annoncé le confinement et fermé les supermarchés que le gouvernement s’est rendu compte d’une chose fondamentale : tous les Mauriciens ne disposent pas d’un carte bancaire bien approvisionnée pour faire des achats de provisions au milieu du mois. Une bonne partie de Mauriciens attendent leur paye mensuelle pour faire leur ration, tous comme les personnes du troisième âge attendent le paiement de leur pension. C’est après coup qu’on s’est rendu compte que des personnes du troisième âge, des pensionnés et des handicapés allaient se retrouver dépourvus de tout qu’on a pensé à un système de distribution de vivres de base. Tout comme c’est après coup qu’on a pensé qu’il y a des centaines de milliers de Mauriciens qui travaillent gramatin pou manzé tanto et qui se retrouvent sans aucune ressource avec le confinement. Alors que les radios privées et la presse se font l’écho des situations souvent dramatiques nées du confinement mal préparé, les ministres répètent des généralités alors qu’on attend d’eux des explications et des précisions. La MBC reprend des extraits des point de presse des ministres qui, tous, commencent par « kouma Premier ministre fek dir. » Comme si on était encore en campagne électorale et que le couplet pour le leader était obligatoire.
Pour la MBC, le pays est encore en campagne électorale et il faut continuer à faire la promotion du MSM. On l’entend dans le ton des informations et les images choisies pour le JT. Toutes les déclarations ministérielles sont montrées et remontrées, alors que l’on aperçoit à peine celles des élus de l’opposition. À moins que, comme le leader de l’opposition, ils se disent d’accord avec les décisions du gouvernement. Il faut aussi souligner que le ton de certains intervenants du gouvernement, dont le Premier ministre, lors des points de presse évoque la récente campagne électorale. Le Premier ministre avait annoncé que les parlementaires de la majorité allaient contribuer 10% de leur salaires à un fond spécial pour le coronavirus sans même avoir demandé à l’opposition d’y participer. Ce n’est que quand les partis de l’opposition ont annoncé qu’ils allaient contribuer à ce fonds que le Premier ministre a été obligé d’en faire mention du bout des lèvres. Plus loin dans cette édition de Week-End, le Dr Catherine Gaud déclare : « Face à la situation, il n’y a plus de parti politique, de public v/s le privé, mais un peuple mauricien qui doit être uni. » Jusqu’à présent, le gouvernement MSM ne semble pas avoir compris cette nécessité et continue à se comporter comme un parti politique en campagne électorale.

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