Même s’il semble qu’il n’aura pas la réélection triomphale que son camp lui prédisait, même si Marine Le Pen se révèle plus combative que prévu, Emmanuel Macron aura réussi un de ses objectifs politiques : faire éclater les principaux partis de droite et de gauche français. Avec sa politique ni de gauche ni de droite, et en même temps qui s’est révélé être une stratégie souvent de droite et, quand le besoin se faisait sentir, parfois à gauche, il a laminé les deux principaux partis qui se partageaient le pouvoir depuis des décennies en France. Le Parti Républicain et le Parti Socialiste, coupés de leurs bases et victimes des querelles internes de leurs leaders, se sont fait déborder par l’extrême droite — avec Eric Zemmour — et l’extrême gauche — avec Jean-Luc Mélanchon. Ces deux “indépendants” parviennent à mieux rassembler des électeurs que les candidats officiels. Avec des candidates imposées par les appareils de parti — Valérie Pécresse et Anne Hidalgo —, ils s’acheminent vers les scores électoraux les plus bas de leur histoire. Emmanuel Macron aura donc réussi son objectif de faire disparaître, ou de réduire significativement, les deux principaux partis politiques français. Toutes proportions gardées, c’est exactement ce que Pravind Jugnauth essaye de faire depuis qu’il est au pouvoir, avec le MMM et le PTr et les autres partis situés dans l’opposition. Comme en France avec leurs vieilles stratégies, leur perte de contact avec le terrain, les batailles d’égo, les susceptibilités de leurs leaders et des membres de leurs instances dirigeantes et leur incapacité à réaliser l’unité, les partis d’opposition mauriciens sont en train d’aider Pravind Jugnauth à réussir sa stratégie.
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Vladimir Poutine aura réussi l’exploit de se lancer dans une guerre que pratiquement tout l’Occident condamne en assistant, impuissant, à son déroulement. Tout en protestant de façon véhémente dans les forums et médias internationaux, l’Occident traite l’envahisseur russe avec précaution, pour ne pas dire avec un certain respect. Il accuse Poutine de « crime de guerre » ou de « crime contre l’humanité », mais refuse de le traiter de dictateur pour éviter de le fâcher. L’Occident refuse de devenir un belligérant dans le conflit en envoyant ses armées défendre les Ukrainiens. Ce qui ne l’empêche pas non seulement de soutenir politiquement l’Ukraine, mais de lui fournir, contre des milliards d’euros, de matériel de guerre défensive pour se protéger des armes offensives des soldats russes. Quelle est la différence entre un missile défensif occidental et un missile offensif russe, dans la mesure où les deux ont la même finalité : infliger des pertes à l’ennemi ? Les cyniques soulignent avec raison que, comme dans toutes les guerres, ce sont surtout les marchands d’armes qui triomphent. En l’occurrence, l’invasion de l’Ukraine par la Russie permet aux fabricants d’armes, principalement européens, d’écouler leurs marchandises. Ou d’en fabriquer de nouveaux, à la demande.
L’Occident affirme vouloir se battre — sans prendre les armes — pour sauvegarder les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. Mais en regardant de près la situation, on est obligé de se rendre compte qu’il se bat surtout pour ses intérêts économiques : principalement le gaz, le pétrole et le charbon russes dont il a besoin pour chauffer ses radiateurs en hiver ou faire marcher ses climatiseurs en été. On l’a dit et répété : en politique et en diplomatie, ce ne sont pas les amis — et les valeurs démocratiques — qui sont permanents, mais les intérêts économiques. Ce qui explique les contorsions diplomatiques et langagières que nous suivons en direct live sur les écrans de télévision : on impose des sanctions économiques à la Russie, tout en continuant à lui acheter — en roubles — son gaz si précieux pour l’Europe.
Depuis ces derniers jours, on parle de traduire les responsables russes — mais pas Poutine — devant les instances internationales pour répondre de « crimes de guerre » et de « crime contre l’humanité. » Mais compte tenu des enquêtes et procédures longues et compliquées pour établir les faits, et au train où les armées russes rasent les villes, massacrent ou poussent les civils à l’exil, il ne restera plus grand-chose de l’Ukraine quand le tribunal commencera à siéger. Ainsi va le monde.
Notre monde.
Jean-Claude Antoine
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