Affaires à suivre

Est-ce que l’ICAC vient de changer drastiquement de mode de fonctionnement sans le faire savoir ? C’est, en tout cas, la question qui mérite d’être posée après les dernières convocations, dont une suivie d’arrestation, auxquelles vient de procéder la commission responsable de la lutte contre la fraude et la corruption. En effet, elle vient de convoquer pour interrogatoire trois des heureux bénéficiaires de ce que certains ont qualifié, avec ironie, de loterie de la Covid 19. C’est-à-dire ces personnes n’ayant rien à faire avec les activités du secteur médical à qui le ministère de la Santé avait confié le soin d’importer d’urgence des médicaments et des équipements médicaux, en utilisant les procédures d’urgence, pour faire face à la Covid 19. C’est ainsi que des importateurs de fruits de mer, des bijoutiers, des quincailliers, des propriétaires d’hôtels et des publicitaires, entre autres, avaient été élevés au rang d’importateurs de médicaments pour le compte du ministère de la Santé, aux dépens des professionnels qui le font depuis des années. Dans un premier temps, le ministre de la Santé fit ce qui semble être devenu sa spécialité : démentir les faits, avant d’être obligé de les reconnaître. C’est ainsi qu’il avait passé une heure à la télévision à affirmer que Maurice n’avait pas à redouter l’épidémie juste avant que le Premier ministre annonce le prochain confinement… avec le même ministre de la Santé à ses côtés. Ce n’est que quand il fut confronté à la liste des nouveaux importateurs que le ministre fut obligé de reconnaître, au Parlement, que son ministère était devenu organisateur de loterie. Dont tous les gagnants étaient des proches du pouvoir à divers degrés.

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Sous la pression de l’opposition, soutenue par l’opinion publique scandalisée, le gouvernement fit une annonce qui fit rigoler le pays : l’affaire allait être confiée a l’ICAC pour enquête. Depuis 2015, l’ICAC a ouvert beaucoup d’enquêtes qui n’ont pas abouti, surtout quand elles concernaient des proches du pouvoir accusés de corruption, comme ces nominés qui procèdent à des auto augmentations de leur salaires, deviennent directrices des institutions qu’elles président ou jouent aux courtiers d’affaires. C’est vrai que dans ce genre de cas, la commission prend tellement de temps qu’on avait fini par détourner son slogan pour en faire « L’ICAC guette figure pou faire so travail. » On s’était donc dit que l’enquête sur l’achat d’équipements médicaux par des non professionnels proches du pouvoir allait prendre des mois. Et puis, voilà qu’en seulement une semaine, l’ICAC vient non seulement de procéder à l’interpellation de trois des heureux gagnants de la loterie de la Covid, mais a même fait inculper l’un d’entre eux. Ce dernier a évidemment protesté de son innocence et posé deux questions (i) Kot mo finn fauté? et (ii) Pourquoi est-ce que l’ICAC ne s’intéresse pas aux hauts fonctionnaires du ministère de la Santé qui ont transformé des proches du pouvoir en importateurs d’équipements médicaux ? Mais les dernières interpellations de l’ICAC sont loin d’avoir convaincu. Sur les réseaux sociaux, les internautes sont nombreux à se demander si tout cela n’est pas une opération médiatique pour montrer que l’ICAC s’acquitte de sa mission « sans guette figure » et, surtout, si ces convocations n’ont pas été faites pour protéger les premiers coupables, ceux qui, au ministère de la Santé, ont – sur ordre ? – institué la loterie de la Covid 19. En fin de compte, ne s’attaque-t-on pas aux petits poissons pour faire oublier les gros requins ? Comme on le dit toujours dans les enquêtes de l’ICAC : affaire à suivre de très près.
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L’éventuelle alliance PTr/MMM/PMSD pour les prochaines élections générales était la préoccupation des préoccupations des leaders et état majors des partis cités. Plusieurs rencontres ultra médiatisées ont eu lieu pour discuter de ses modalités. La première décision des leaders a été de mettre de côté tous les sujets conflictuels et les positions qui les opposent. Comme la révision de la loi électorale, le système des best losers, le financement des partis politiques et le recensement. Des sujets qui, de l’aveu de ces mêmes dirigeants, conduisent aux résultats électoraux que l’on sait avec leurs dommages collatéraux. Il semblerait que cette alliance à tout prix – même à celui de l’abandon des principes – soit morte avant même d’exister. Navin Ramgoolam a étouffé la future alliance dans l’œuf. Vendredi, lors d’un forum débat, il s’est publiquement demandé “Si pou reussi faire enn lalyans mem?” Autre affaire à suivre.

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