Aux dernières élections, les partis d’opposition se sont montrés incapables de conclure une alliance pour réaliser leur objectif pourtant commun : changer de gouvernement. Composé du MMM, du PTr, du PMSD et du Reform party, cette opposition affirmait qu’il n’était pas possible de laisser le pays aux mains du MSM et de ce qui restait de ses alliés. Mais les crises d’ego des leaders de l’opposition, l’incapacité de désigner un leader et d’autres querelles, au lieu de galvaniser leurs électeurs, les ont divisés.
Ce qui a fait qu’avec ses 37%, le MSM et le ML sont retournés tranquillement à l’Hôtel du gouvernement. On aurait pensé que les partis d’opposition allaient tirer des leçons de leurs divisions pré-électorales et qu’ils allaient s’unir au Parlement pour défendre les 63% de l’électorat qu’ils revendiquaient. Le semblant d’alliance de l’opposition, que redoutait le gouvernement, n’a duré que quelques mois, les leaders de l’opposition retrouvant rapidement leurs mauvaises habitudes et leurs petits calculs.
Au lieu de se focaliser sur le présent et faire une opposition percutante au Parlement, dans un pays menacé par la pandémie et la crise économique avec un gouvernement abusant de la situation pour faire passer une série de lois en urgence, ils ont concentré leurs efforts sur le futur. Plus précisément sur les prochaines élections, qui doivent avoir lieu dans trois ans ! Alors que les Mauriciens se demandaient comment faire pour survivre dans le très court terme et que le gouvernement était confronté à une série de scandales, les leaders des partis de l’opposition réfléchissaient au très long terme. Plus précisément qui serait le leader d’une alliance pour les élections de 2024 !
C’est sur une question que l’alliance de l’opposition parlementaire fut rompue, les leaders du MMM et du PMSD ayant décidé que le PTr devait changer de leader. Renforcé par cette attaque frontale, le leader du PTr se retira de l’alliance de l’opposition parlementaire et rendit le poste de leader qui échut au PMSD. Cette séquence, qui décrédibilisa l’opposition, fut chaudement applaudie par le gouvernement qui ne s’attendait pas à un tel cadeau politique. On aurait cru qu’après la défaite électorale et l’éclatement de l’opposition parlementaire, les leaders de l’opposition allaient se ressaisir et se conduire en politiciens responsables et non plus en chefs de clans saoulés par leurs egos. On a l’impression qu’ils n’ont rien compris. Les partis de l’opposition supposément unis – jusqu’à la prochaine cassure – se comportent comme si une alliance de l’opposition pour les prochaines élections pouvait se faire sans le PTr. Et pendant que le leader du PMSD regarde le futur, trois membres de sa direction, dont un député, l’accusent d’agir en autocrate. Des démissions qui vont peut être lui coûter le poste de leader de l’opposition, qu’il vient tout juste de récupérer, si jamais le PTr décidait de le réclamer au vu de sa majorité au sein de l’opposition. Même si le PTr décide de laisser le poste au leader du PMSD, il n’empêche que tous ces faits négatifs terniront davantage l’image de l’opposition, déjà bien écornée depuis les dernières élections.
Avec une opposition pareille, Pravind Jugnauth n’a même pas besoin de faire campagne pour 2024. Il n’aura pas besoin d’augmenter la pension de vieillesse, de multiplier les constructions de routes et de drains, de doter les bureaux de vote de computer rooms et d’utiliser les données recueillies sur internet et le database de Safe City pour remporter les prochaines élections. Ses meilleurs agents sont les partis de l’opposition empêtrés dans leurs guerres d’egos et leurs petites stratégies. Et ils s’étonneront que plus d’un tiers de l’électorat refuse d’aller voter et que les jeunes préfèrent se connecter sur les réseaux sociaux plutôt que de s’engager en politique. Comme un internaute l’a écrit sur son blog cette semaine, nous avons à Maurice « a useless government faced with a useless opposition. »