À petits pas, les choses se mettent en place. La diplomatie, malmenée ou réduite à sa plus simple expression ces dernières années, avec ses Nando Bodha, Alan Ganoo et Maneesh Gobin, commence à reprendre ses droits. Et cela, même si le personnel de la fonction publique, atrophié durant de longues années a, visiblement, des problèmes pour s’adapter à la nouvelle cadence. Il est vrai aussi que l’on n’a pas eu de grands ministres des Affaires étrangères qui maîtrisent parfaitement leurs dossiers depuis quelques décennies déjà.
Après la participation personnelle du Premier ministre, Navin Ramgoolam, au sommet de la Southern Africa Development Community à Addis Abeba, la visite réussie de son homologue indien Narendra Modi cette semaine en tant qu’invité d’honneur des célébrations nationales de l’indépendance et de la République, et celle annoncée pour le mois prochain du président français Emmanuel Macron, les bases sont jetées pour une redynamisation de la diplomatie mauricienne.
Elle intervient à point nommé, à un moment crucial où les rapports de force se redessinent et que la géopolitique se repense et se redéfinit un peu partout à travers le globe. Entre un Trump chamboule-tout, une Europe qui essaye de se réinventer, une Chine qui fait entendre sa voix et une Russie qui veut s’étendre et qui reconnaît qu’elle mène une guerre après avoir initialement parlé d’une simple « opération » de reconquête, l’isolement d’Israël qui ne veut pas finir son entreprise d’effacement de la Palestine, l’international devient absolument passionnant, et il n’y a pas de raison que Maurice, quand bien même sa taille, ne participe à son profit à la mutation qui traverse le monde hérité de l’après Seconde Guerre mondiale.
Aussi d’actualité, l’administration régionale qui est appelée à connaître un nouvel essor après une décennie de confiscation du droit de vote des citadins. Bien qu’il n’y ait pas eu souvent des réunions de conseil des ministres durant la semaine des célébrations de la fête nationale en raison de la coupure du jour férié et la difficulté à préparer les documents à examiner, celui tenu vendredi a pris la décision d’introduire en toute urgence le Representation of the People (Amendment) Bill, qui sera débattu, à toutes ses étapes jusqu’au vote, à l’Assemblée Nationale ce mardi.
Ce texte, qui sera piloté par le Premier ministre lui-même, vise à créer une liste supplémentaire d’électeurs, en sus de celle déjà établie au 15 août, qui auront le droit de voter aux prochaines élections municipales. Ceux qui le souhaitent pourront demander à être enregistrés sur la liste supplémentaire une fois que les Writs of Elections seront émis. Ce nouveau registre d’électeurs aura un caractère officiel et définitif la veille du jour de dépôt de candidatures.
Il se chuchote également que la Commission électorale travaille activement sur les dispositifs devant permettre que le décompte des voix se fasse le même jour que le scrutin du 4 mai, date prévue pour des municipales qui ne sont pas tenues depuis le 14 juin 2015.
Comme elle avait parfaitement tenu la gageure lors des villageoises du 22 novembre 2020, il n’y aucune raison de penser que le décompte le même jour pour les prochaines municipales, mais aussi pour les générales, ne se déroule pas dans les meilleures conditions qui soient.
En attendant d’autres réformes pour moderniser un système électoral désuet, il faut surtout que les citadins, privés de vote depuis si longtemps, fassent leur devoir civique pour ne pas se plaindre, ensuite de ne pas avoir les édiles qui le méritent.
Autre nouvelle bien accueillie, la décision d’Air Mauritius de ne plus accorder de billets gratuits ou au rabais, surclassement automatique et autres privilèges indus à ceux qui sont bien connectés. Il va toutefois falloir veiller que personne n’échappe à la nouvelle politique de restriction de privilèges.
La question des billets a toujours fait scandale à Air Mauritius. Il y a eu des cas où certaines VVIP obtenaient un billet classe affaires pour un déplacement supposé officiel, mais qui demandaient ensuite qu’il soit converti en deux billets en classe économie pour le conjoint ou le copain ou la copine et qui, finalement, obtenaient, sur demande évidemment, un surclassement. Ce qui fait qu’une place en classe affaires était monopolisée à titre gracieux.
Il y a aussi les cas de ces proches de très anciens cadres ou même des membres du conseil d’administration qui ont quitté la compagnie depuis des lustres et qui bénéficiaient toujours jusqu’ici de billets gratuits ou de celui facturé à seulement 10% du coût du déplacement. Cela n’avait en effet que trop duré et il était grand temps que tout ce cirque s’arrête.
Il faut toutefois déplorer que quelques jours seulement après la célébration de la Journée internationale des droits de la femme, la nouvelle équipe d’Air Mauritius a choisi, pour son premier exercice public de communication, de ne mettre en avant que ses effectifs masculins, alors que le nouveau conseil d’administration, plutôt pléthorique, est aussi composé de Mesdames Kantabye Babajee, Indira Rugjee et Kreeti Devi Jugasing-Harrah. Elles ont complètement été occultées.
Il y a des réflexes tenaces qui doivent résolument se conformer aux nouvelles réalités, mais les femmes qui ont été nommées sur ce conseil d’administration devraient, à moins qu’elles n’aient décidé de se cantonner dans un rôle de représentation symbolique et se contenter d’être des vases à fleurs, faire valoir leur statut égal à celui des autres membres du board de la compagnie nationale d’aviation.
Les prix enfin, sujet de préoccupation du quotidien des Mauriciens. En sus des baisses notées ici et là, en attendant que le prix des légumes surgelés soient enfin réduits comme annoncé, la décision de revoir à la hausse les amendes infligées aux commerces qui n’affichent pas leur prix ou qui pratiquent des tarifs qui sont plus élevés que ceux fixés par la loi est totalement bienvenue. Il faut aussi souhaiter que les grandes surfaces qui disposent de bornes automatiques pour la vérification des prix ne les désactivent pas, comme c’est trop souvent le cas.