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SHAN IP, COMMUNICATION AND EVENT  MANAGER DU MTC: «Je ne connais pas une autre institution à Maurice qui communique autant avec le public»

C’est en toute équité que Week-End a répondu à l’appel du Communication and Marketing Manager du Mauritius Turf Club (MTC), Shan Ip, pour donner la parole au MTC. Il s’est dans cette conjoncture lui-même prêté au jeu des questions-réponses…Un exercice périlleux pour cet ancien journaliste, mué en homme de communication, qui manie aujourd’hui avec finesse langue de bois et la maestria de «vendre» une image positive d’une institution pourtant à la dérive.
—  Shan Ip, cela fera presque dix ans que vous avez quitté la presse écrite pour passer de l’autre côté de la barrière en tant que responsable du département de Communication et du Marketing du Mauritius Turf Club (MTC). Vous qui aviez l’habitude de tirer sur tout ce qui bouge, est-ce que vous êtes à l’aise au sein de l’équipe du MTC ?
— Si je ne l’étais pas, j’aurais déjà quitté mon poste depuis très longtemps. Je suis très à l’aise au sein de l’équipe du MTC qui, malheureusement, est une équipe qui est systématiquement pointée du doigt pour diverses raisons, mais très souvent pour des raisons qui n’ont absolument rien à faire avec la chose hippique.
— On dit que le MTC  ne communique pas assez et c’est la raison pour laquelle, il se trouve toujours sur la défensive. Partagez-vous  cette opinion ?

— D’abord, il faut que je précise que communiquer ne veut aucunement dire polémiquer.  Personnellement, je pense que la raison pour laquelle le MTC  est toujours pointé du doigt, c’est parce qu’il communique justement trop. Cette réponse peut vous surprendre, mais je voudrais m’expliquer.
Primo: le MTC  donne un volume d’information non négligeable à travers son site internet. Outre les nouvelles officielles, les cotes sont affichées toutes les heures. Toutes les courses peuvent aussi être vues et revues à travers notre service vidéo. Les turfistes peuvent même voir les courses sous différents angles dans le DVD que nous mettons en vente tous les lundis. Tout cela permet aux turfistes de faire des analyses plus approfondies et techniques.
Secundo: nous utilisons notre magazine pour faire passer nos messages et garder un contact de proximité permanent avec le public turfiste et nos membres.
Tertio: nous communiquons également à travers les différentes émissions diffusées sur la Mauritius Broadcasting Corporation, plus particulièrement l’émission retransmise en direct tous les samedis à partir de 12h15.
Et finalement — et c’est sans doute de là que viennent tous nos problèmes — la presse dans son ensemble fait état très souvent des déclarations officielles ou encore obtenues sous le couvert de l’anonymat, dépendant des circonstances. Cela vient jeter non seulement de la confusion, mais amplifie des perceptions de tout genre qui ne font que jeter le discrédit sur l’industrie des courses. Jusqu’à preuve du contraire, je ne connais pas une autre institution qui communique autant avec le public.
— Êtes-vous contre les déclarations obtenues des dirigeants du MTC ou sous le couvert de l’anonymat ?
— Non, je ne suis pas contre, mais je crois qu’il serait mieux d’avoir un porte-parole et non plusieurs. Il faudrait qu’il y ait une seule source d’information et non plusieurs. Au cas contraire c’est la pagaille assurée.  Je reconnais qu’il est vrai que le MTC gagnerait à être plus prompt dans l’émission des communiqués car plus on tarde à réagir, plus les turfistes ont le temps d’extrapoler et d’ajouter leur grain de sel. Du coup, le MTC se voit tout de suite dans un rôle défensif, celui de venir démentir ou d’expliquer. On entre alors beaucoup plus dans une polémique, laquelle aurait pu être évitée si seulement un communiqué en bonne et due forme avait été émis au départ.
— C’est ce qu’on appelle un but contre son camp…
— Pas forcément. Car dans la communication, il faut aussi savoir reconnaître les points qui ne marchent pas.
— Avouez cependant que les bonnes nouvelles sur les courses sont très rares actuellement. Au fait, il n’y a que des mauvaises et votre tâche n’a pas été facile durant la saison 2014 ?
— Je ne vous apprendrai rien en vous disant que les bonnes nouvelles n’intéressent pas grand monde. Regardez et lisez la presse locale et étrangère et  vous confirmerez ce dont je parle. Je peux vous donner dix bonnes nouvelles et il suffira qu’un journal parle qu’un jockey a monté avec une mauvaise casaque que tout le monde s’empressera de le commenter! Et cela est encore plus vrai à Maurice où les lecteurs, les turfistes ont un penchant pour les informations  croustillantes. Tenez, le MTC a réussi à renverser la vapeur sur le plan financier pour présenter un bilan positif après une saison 2012 très difficile, mais qui a parlé de ça ?  Nous avons eu de très bons chevaux qui ont évolué au Champ de Mars, des chevaux qui nous ont permis d’avoir de très belles arrivées sans oublier que la compétition elle-même a été d’un excellent niveau, mais qui en a parlé ?
— L’ex-journaliste que vous êtes reproche-t-il à la presse de faire son travail?
— Loin de moi cette idée. Je veux juste vous dire que nous sommes tous dans une logique économique et que forcément on choisit ce qui vend le mieux à ses lecteurs.
— Vous voulez donc faire accroire que les scandales sont une invention de la presse pour vendre les journaux ?  Et l’affaire Zip It ?
— Elle ne fait certainement pas honneur aux courses mauriciennes et encore moins aux apprentis et jockeys Mauriciens. Le MTC  a fait ce qu’il fallait faire et les coupables ont été sanctionnés et comme ils ont fait appel, il serait inélégant de ma part que je vienne commenter davantage sur cette affaire d’autant plus qu’il y a également une enquête policière.
— Parlons franchement Shan Ip, l’affaire Zip It ne vient-elle pas confirmer qu’il y a des courses truquées à Maurice ?
— Je n’invente rien en vous disant qu’il y a effectivement des personnes qui essayent de jouer au plus malin que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du Champ de Mars d’où la présence d’un panel des Commissaires des Courses et l’existence de la Police des Jeux. Il est impératif d’avoir un contrôle plus rigoureux d’autant plus que nos courses sont maintenant vues et suivies à l’extérieur.
— Puisque vous en parlez, est-ce que, selon vous, le panel des Commissaires des Courses fait du bon travail ?
— Oui, mais comme vous le savez dans toute structure, il y a ce qu’on appelle «room for improvement». Mais d’un point de vue général, les Commissaires des Courses sont toujours critiqués, à tort et à travers, un peu comme les arbitres au football. Toutes les décisions venant du panel des Commissaires des Courses qu’elles soient bonnes ou mauvaises sont commentées, voire critiquées par les turfistes. Vous allez, sans doute, me dire qu’il y avait moins de critiques dans le passé. Oui, c’est aussi parce qu’il y avait moins de courses. Aujourd’hui, nous avons 41 journées et quelques fois 9 courses par journée et donc c’est évident qu’il y a plus à commenter ou à critiquer.
— On dit que le panel des Commissaires des Courses est scindé et qu’il y a deux écoles de pensées. Est-ce vrai ?
— Nous avons cinq commissaires des courses et chacun a droit à leurs interprétations et leurs opinions. Au fait, nous n’avons pas deux écoles de pensée, mais cinq.
— Shan Ip, pour le journaliste que vous avez été, c’est ce qu’on appelle une réponse facile?
— Sans doute pour vous, mais en fin de compte, ce qui est important au sein du panel des Commissaires des Courses, c’est la majorité qui fait la décision comme dans toute organisation qui se respecte dans tout pays démocratique.
— Les jockeys ou apprentis Mauriciens disent qu’ils sont plus sévèrement sanctionnés par les Commissaires des Courses. Vous confirmez?
— Non je ne le confirme pas, car je ne le crois pas. Ce n’est qu’une de ces mauvaises perceptions. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que les jockeys étrangers se défendent mieux lorsqu’ils sont interrogés par les Commissaires des Courses. Ils s’expliquent mieux et ils arrivent à mieux lire une course. De ce fait, ils s’en sortent mieux que les jockeys Mauriciens à l’heure du verdict. Tout dépend de la façon dont ils se défendent. C’est comme dans une cour de justice. Si un jockey mauricien est défendu par un excellent avocat avec des arguments solides, c’est certain que ses chances de gagner son appel sont plus importantes!
— Shan Ip, on dit que vous très proche de Jean-Michel Giraud. Est-ce vrai ?
— And so what ? Être proche de quelqu’un n’a jamais été un problème pour quiconque à Maurice. Ce qui compte c’est de travailler dans l’intérêt du Mauritius Turf Club et de l’industrie hippique. Je ne crois pas avoir failli à ce niveau car j’ai toujours donné le meilleur de moi-même depuis que je suis en poste au MTC et je parle sous la correction de tous les présidents avec qui j’ai travaillé.
— Et vous relations avec le président Gilbert Merven qu’on disait tumultueuses l’an dernier?
— Elles sont cordiales et professionnelles. Nous nous comprenons et nous avons une bonne entente. Je vous répète, comme bon nombre de mes collègues je suis un professionnel et en tant que tel, mon devoir c’est de servir le MTC et l’industrie des courses.

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