- Selon lui, ce fatalisme voudrait, entre autres, que le poste de PM soit taillé sur mesure pour les seuls membres d’un groupe précis
- “Le MMM se présentera seul aux prochaines législatives et nou napa pou sanze lor la”
Intervenant, jeudi soir à Flic-En-Flac, à la fête de fin d’année de son parti, Paul Bérenger, leader du MMM, a vivement dénoncé un certain “fatalisme dangereux et inacceptable”. Entretenu, selon lui, par des observateurs et certains journalistes, ce fatalisme voudrait, dit-il, entre autres, donner à penser que le poste de Premier ministre serait, en quelque sorte, taillé sur mesure pour les membres d’une seule communauté, voire pour ceux d’un groupe très précis. Paul Bérenger n’a pas manqué, d’emblée, de souligner le caractère “spécial” de la nouvelle année 2019 qui s’annonce. Une année qui, a-t-il dit, sera marquée, d’une part, par la célébration du cinquantième anniversaire du MMM et, d’autre part, la tenue très probable des nouvelles élections générales. Le leader du MMM regrette que 2018 s’achève avec l’échec de l’aboutissement du projet de réforme électorale “par la faute du MSM comme entre 2000 et 2005”.
Il devait quand même insister sur la nécessité de contempler, dorénavant, le vote d’un mini-amendement constitutionnel comme en 2014 dans le but, d’une part, de permettre à ceux qui ne souhaitent pas décliner leur communauté d’appartenance respective de participer aux prochaines législatives et de ne pas avoir, d’autre part, à organiser un nouveau recensement communal “comme souhaité par certains”.
Puisque, rappelle Paul Bérenger, le vote d’un tel mini-amendement constitutionnel requerra une majorité de trois quarts pour être adopté, il appelle le Premier ministre à établir, au plus tôt, des consultations avec les partis de l’opposition pour que ce projet de mini-amendement constitutionnel soit mené dans le dialogue en vue du plus large consensus : “Il est nécessaire que les prochaines consultations populaires se déroulent dans les meilleures conditions.”
Le leader du MMM rappelle que, selon les dispositions constitutionnelles, la présente Assemblée nationale sera automatiquement dissoute le 22 décembre 2019, “que le gouvernement le veuille ou non”. Cela, dit-il, est d’autant plus vrai que le gouvernement en place ne dispose pas d’une majorité de trois quarts en vue d’amender les dispositions constitutionnelles. “Si, prévient-il, la majorité s’avise à s’accrocher indéfiniment au pouvoir comme l’avait fait sir Seewoosagur Ramgoolam en 1982, il sait à quoi s’en tenir et le gouvernement de Pravind Jugnauth le paiera aussi cher que ’avait payé celui de SSR en 1982”. C’est pourquoi Paul Bérenger se dit confiant, “sans grand risque de me tromper”, que les élections générales auront positivement lieu en 2019. Il considère “triste”, qu’entre-temps, un Premier ministre mauricien en fonction doit se soumettre au jugement du Privy Council dans l’affaire MedPoint dès le mois prochain, en janvier 2019.
Dans ce même contexte, le leader du MMM juge mal à propos les récents commentaires du ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, quant à l’issue finale de cette affaire. Au moment où l’affaire sera entendue devant les Law Lords, le 15 janvier, Paul Bérenger n’écarte pas, pour sa part, la possibilité d’un “ruling from the bench” et le report du verdict sur le fond de l’affaire. Revenant à la politique, il devait dénoncer un certain “fatalisme dangereux et inacceptable”.
“Une autre politique est possible!”
Entretenu, selon lui, par des commentateurs et certains journalistes, ce fatalisme voudrait, dit-il, que la pratique de la corruption et le recours à des abus soient dans l’ordre des choses dans la sphère politique. L’autre élément de ce “fatalisme dangereux et inacceptable” que Paul Bérenger dénonce vivement est le sentiment “erroné selon lequel le poste de Premier ministre est, en quelque sorte, taillé sur mesure pour les membres d’une seule communauté ou d’un seul groupe précis”.
“Ceux qui ont foi en leur pays, particulièrement les jeunes, doivent dire non à cela”, déclare le leader du MMM. “Les politiciens ne sont pas tous les mêmes! Une autre politique de la méritocratie et de la propreté est possible”, martèle-t-il. Il reconfirme qu’aux prochaines élections, le MMM se présentera seul devant l’électorat. “Nou napa pou sanze lor la”, assure, fermement, Paul Bérenger. Il ne cache pas, pour autant, qu’en fonction de l’actuel système électoral et du “monté politics”, les choses ne soient pas de tout repos pour son parti.
Au chapitre du combat contre la drogue, le leader du MMM soutient que, là encore, “une autre politique est possible. Hormis tout le bla-bla de Pravind Jugnauth, c’est toujours du business as usual”. Quant à une réglementation du financement des partis politiques, tout en assurant que le MMM a “toujours été en faveur d’une loi”, le leader des mauves rappelle que tout changement à ce niveau nécessitera un amendement constitutionnel. Il suggère, ainsi, que toute la question d’une loi pour réglementer le financement des partis politiques soit reprise après les prochaines législatives. Si, par ailleurs, Paul Bérenger reconnaît que les retraités et les personnes âgées méritent amplement tout ce que la nation peut leur offrir de mieux, il considère, parallèlement, inacceptable que, selon les derniers chiffres officiels, le taux de chômage parmi les jeunes a dépassé les 25%, soit plus d’un jeune sur quatre.
“Le défi qui se pose à nous est, certes, de donner aux pensionnés ce qu’ils méritent amplement, mais aussi de tout entreprendre pour réaliser un taux de croissance de plus de 5% en vue de générer autant d’emplois qu’il le faut pour nos jeunes comme entre 2000 et 2005”, déclare Paul Bérenger. Pour lui, la population sait que c’est le MMM qui “a la compétence pour redresser l’économie et créer les emplois”.
Par rapport aux célébrations, l’an prochain, du demi-siècle d’existence du MMM, Paul Bérenger indique que ce qui sera organisé sera en fonction de l’organisation éventuelle des élections générales. Ce qui, laisse-t-il comprendre, est néanmoins sûr, c’est que l’on reviendra sur toute l’histoire du MMM. Une histoire qui se confond, assurément, avec l’histoire de l’île Maurice contemporaine.
Paul Bérenger a terminé son discours en brossant un tableau de la situation internationale. Il devait, notamment, avoir une pensée spéciale pour le peuple kurde, “trahi par l’administration Bush” et a réclamé la présence du Premier ministre mauricien à la prochaine cérémonie d’investiture du nouveau président malgache, Madagascar étant, “un des cinq pays de peuplement de Maurice”.
Notons, enfin, qu’au début de son intervention, Paul Bérenger a demandé à l’assistance présente d’observer une minute de silence en mémoire de l’ancien dirigeant MMM, Jayen Cuttaree, décédé le mercredi 19 décembre dernier.