Dans le sillage des questions relatives à la transition énergétique, Maurice pourrait miser sur l’hydrogène. Conscients de son potentiel pour le pays, des représentants mauriciens ont participé au projet H2 Power-Africa, destiné à l’Afrique. Maurice pourrait non seulement produire de l’hydrogène, mais aussi en exporter. A condition bien sûr de disposer des ressources nécessaires.
Avec la validation des données du projet mauricien, intitulé Green H2 Atlas, la première phase du projet consiste à créer un atlas présentant les potentiels de l’hydrogène vert, tout en tenant compte des questions connexes, notamment sociales, politiques, climatiques, infrastructurelles, politiques et environnementales. Ce projet, piloté par l’Université de Maurice (UoM), a été conçu par le Southern Africa Science Service Centre for Climate Change and Adaptive Land Management (SASSCAL) et le SADC Centre for Renewable Energy and Energy Efficiency. « C’est une première en Afrique. L’objectif est de faire du continent à la fois un générateur et un producteur d’hydrogène pour différentes industries, notamment du transport », soutient le Dr Yatindra Ramgolam, Senior Lecturer à la faculté d’ingénierie de l’UoM, et un des cinq membres de l’équipe.
Dans un premier temps, l’équipe s’est penhée sur trois composantes: 1) l’énergie ; 2) l’eau et la disponibilité de terrain ; et 3) les données socio-économiques et infrastructurelles. Le Dr Ramgolam explique que l’hydrogène est généré avec de l’énergie verte (solaire, éolienne et hydraulique). « Il faut donc chercher des informations sur les technologies qui pourront être déployées à Maurice pour générer de l’hydrogène », dit-il. Concernant l’eau et de disponibilité du terrain, il avance que des exercices de Mapping devront être entrepris pour identifier les régions les plus appropriées.
Même si Maurice participe au projet, la question reste de savoir si le pays pourra produire ou non de l’hydrogène. « Nous aimerions produire de l’hydrogène, mais seule une étude nous confirmera si nous pouvons ou non le faire, et si oui, combien cela coûtera », explique-t-il. « En fait, le coût du projet est l’inquiétude majeure. Toutefois, le projet est réalisable. Il faut désormais savoir où le faire, comment le réaliser, quelles sont les ressources pour générer l’hydrogène et quels secteurs l’utiliseront », dit-il.
Le Senior Lecturer avance que « c’est une vision post-2030. Au niveau global, ce n’est que maintenant que l’hydrogène prend de l’ampleur, du fait de son impact et de l’obligation de réduire nos émissions carbones dans différents secteurs de l’économie ». Et de poursuivre que l’Afrique du Sud a déjà fait ses premiers pas dans la production d’hydrogène.
Le projet, qui est financé par le gouvernement allemand, comporte quatre phases, dont la première concerne la collecte de données en vue de modélisations et l’élaboration d’un atlas permettant d’identifier les meilleures les plus propices en vue du déploiement d’infrastructures de production d’hydrogène. A ce propos, le Dr Ramgolam avance que l’équipe y est déjà engagée depuis décembre dernier.
Après la première phase de vendredi dernier, une autre validation se tiendra, cette fois au niveau régional. « Toutes les informations seront alors analysées pour voir quelles sont les “business scenarios” et les technologies qui pourront être déployées par pays », poursuit-il.
La deuxième phase de « concept and design of pilot » consiste à présenter des prototypes de facilités pour la génération d’hydrogène. Vient ensuite la troisième phase, qui concerne l’implémentation, et la quatrième et dernière phase, consistant en la fabrication en masse d’hydrogène dans les pays africains identifiés. A noter que cet atelier de travail de sensibilisation national sur le projet cadre avec l’objectif du gouvernement de se tourner vers les énergies renouvelables d’ici 2030.
De son côté, le pro-vice-chancelier (Planning and Resource) de l’UoM, le Dr Mohammad Santally, soutient que « le projet d’atlas d’hydrogène vert arrive à un moment où le gouvernement a annoncé son objectif de produire 60% d’électricité renouvelable d’ici 2030, et d’éliminer totalement le charbon d’ici là ».
Il annonce par ailleurs que l’UoM a signé un accord de coopération avec le SASSCAL pour le projet Green Hydrogen Atlas. « En participant à cet ambitieux projet, l’UoM montre son engagement à atteindre les objectifs de développement durable et à réaliser une économie à faible émission carbone à Maurice, tout en adoptant et en favorisant les nouvelles technologies dans le pays », dit-il.
Ce projet a débuté en août 2020 et a vu la participation de 12 pays de la SADC (l’Angola, le Botswana, l’Eswatini, la RDC, le Malawi, Maurice, le Mozambique, la Namibie, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe), chaque pays étant représenté par cinq membres. Conformément au plan de travail de mise en œuvre du projet, les équipes nationales ont collecté et approuvé les données au niveau national, lesquelles sont ensuite validées par le comité technique régional avant la production de l’Atlas H2 pour l’Afrique australe.