Des milliers de sympathisants de l’opposition albanaise ont manifesté samedi à Tirana dans une ambiance tendue, pour réclamer le départ du Premier ministre Edi Rama qu’ils accusent de corruption et l’organisation d’élections anticipées.
Des heurts ont opposé pendant plusieurs heures manifestants et forces de l’ordre devant le siège du gouvernement et la police a utilisé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour repousser la foule, a constaté une journaliste de l’AFP.
Cinq policiers et une dizaine de personnes, manifestants et journalistes, ont reçu des soins à l’hôpital de Tirana, la plupart se plaignant de troubles respiratoires, a indiqué le ministère de la Santé. Dans un premier temps, le ministère avait fait état de deux policiers grièvement blessés.
L’ambassade des Etats-Unis a dénoncé sur son compte Twitter « la violences et la destruction », en appelant « toutes les parties » à faire preuve de « retenue ».
Répondant à l’appel de l’opposition, les manifestants réclamaient le départ du Premier ministre socialiste Edi Rama, au pouvoir depuis 2013, qu’ils accusent de « corruption ».
Un groupe d’une centaine de manifestants a d’abord jeté des fumigènes, des pierres et d’autres objets en direction de l’immeuble du gouvernement, gardé par un important dispositif policier, en scandant « Rama, va-t-en! ». Ils ont ensuite forcé le cordon de protection et occupé le parvis devant le siège du gouvernement.
Plusieurs fenêtres de l’immeuble ont été brisées par des jets de pierres. Des manifestants ont également tenté de pénétrer dans le bâtiment, en essayant de défoncer la porte d’entrée, mais ont été repoussés par les policiers qui se trouvaient à l’intérieur.
Le chef du Parti démocratique (centre droit), principale formation de l’opposition, Lulzim Basha, a appelé à un nouveau rassemblement jeudi, promettant que le « mouvement se poursuivra jusqu’au renversement du régime et la formation d’un gouvernement technique chargé d’organiser des législatives anticipées ».
Edi Rama, 54 ans, a entamé en 2017 son second mandat à la tête du gouvernement. L’opposition avait déjà organisé plusieurs manifestations similaires pour réclamer son départ, sans toutefois l’ébranler.
La vie politique albanaise est empreinte d’une très grande violence verbale, droite et gauche échangeant insultes et accusations de corruption ou de liens avec le crime organisé.
L’Albanie espère ouvrir cette année des négociations d’adhésion à l’Union européenne, mais ce pays de plus de 2,8 millions d’habitants est invité à faire des progrès dans la lutte contre le crime organisé et la corruption.
@afp