Vijay Seetohul, ce nom ne vous dit sans doute rien. Il est pourtant rentré dans l’histoire dimanche dernier. Il est celui qui a remporté cinq classiques d’affilée. Il a aussi été le récipiendaire des applaudissements nourris de la foule qui étaient présents au Champ de Mars. Ce magnifique bonheur il le doit à un champion d’exception dont il a la garde depuis plus d’un an et qui s’est envolé vers une victoire incontestable dimanche. « C’est le propre des chevaux de classe. Quand je suis arrivé à 5h, il était déjà debout et relax. Je l’ai marché et puis je lui ai donné son bain. Je lui ai parlé pendant 10 à 15 minutes. Li enn seval bien intellizan. Il savait qu’il avait une course importante à courir. Savez-vous comment il le manifeste ? En laissant des miettes de sa nourriture deux ou trois jours avant la course. Couma dire li fer enn rezim pour garde li fit. » Ce cheval de classe dont il a la garde est le meilleur à avoir foulé la piste du Champ de Mars. Il s’appelle White River !
Après avoir égalé le record de Winking de réaliser dans la même année le Grand Chelem des classiques mauriciens, —Duchesse/Barbé/Maiden /Coupe D’Or— White River s’est adjugé facilement sa cinquième réussite classique d’affilée, un exploit inédit dans ce Barbé 2020. Il a ainsi a offert à Rameshwar Gujadhur une septième victoire dans cette classique. A 80 ans passé, le doyen des entraîneurs a pu compter sur son fils Subiraj pour un tel exploit mais aussi sur un Derreck Davd impeccable. Sur sa démonstration de samedi dernier, White River peut légitimement viser avec des réelles prétentions de victoires, le Maiden et la Coupe d’Or 2020. A ce stade il est déjà une légende vivante du turf mauricien. Merci à ses deux propriétaires, Chandra Gujadhur et France Law de nous avoir permis de vivre de visu, au Champ de Mars, les exploits de celui que l’on peut déjà qualifier de “Ever Best”.
A l’occasion de cette journée historique de la Barbé Cup 2020, les Stakes Money ont été légèrement augmentés et permettent aux établissements hippiques de respirer. Même si c’est toujours bon à prendre, cette manne demeure insuffisante pour permettre aux propriétaires de joindre vraiment les deux bouts et renouveler leur effectif. Pourtant le nombre de courses en croissance et les double-journées consécutives qui vont s’accumuler, exigent de plus en plus de chevaux importés. Ainsi, depuis quelques semaines le faible nombre de partants dans certaines courses ne sont pas de nature à passionner les parieurs et faire monter le niveau des enjeux d’autant que dans bon nombre de ces épreuves les favoris qui paraissent imbattables n’encouragent pas le risque financier. Ajoutons à cela, un chiffre d’affaires en nette baisse des bookmakers, nettement en dessous des chiffres de l’année dernière qui plombent les revenus du MTC. Où sont passés la différence des enjeux ? Dans le circuit du off-course fixed-on betting de SMSpariaz qui n’est pas soumis au contrôle immédiat de la Mauritius Revenue Authority (MRA) ou dans le circuit de l’illégal betting qui échappe totalement à la Gambling Regulatory Authority (GRA). Dire qu’il y a certains professionnels qui crient au manque de stakes-money de courses mais qui favorisent cet exode d’argent en dehors du circuit officiel en pariant avec les hors-la-loi à crédit !
Cette situation est rendue plus difficile par une GRA, toujours arrogante et ‘san compran’, qui a encore refusé de revoir les conditions de courses, dont sa vieille directive idiote— qu’elle bafoue elle-même à la convenance de ses amis–, d’une limite minimum de six partants par course et qui fait de Maurice la risée du monde hippique mondial. Son dernier refus, cette semaine, concerne une demande du MTC de revoir le changement des conditions de courses du championnat des trois ans, ce qui aurait permis d’avoir un plus grand nombre de partants que les trois seuls de la première manche. En tout cas ce n’est pas le couple Bheekary/Dabiddin qui va faire remonter la cote de popularité du gouvernement avec ce genre d’attitude négative. Ils risquent au contraire de l’enfoncer davantage dans la spirale d’autodestruction dans laquelle il s’est engagé depuis le naufrage —quel mauvais présage !!!— du Wakashio.
Ces refus claquants de la GRA au MTC démontrent en tout cas que le partenariat tant clamé haut et fort n’est que one-sided et que le semblant de fiançailles entre les deux institutions n’était qu’un leurre. Ainsi, toutes les concessions du MTC n’ont servi qu’à contribuer à l’immersion de Jean Michel Lee Shim au sein du MTC et au président de cet organisme de marquer des points de politique personnelle pour une raison inconnue aujourd’hui mais qui pèsera de tout son poids au moment des échéances électorales internes du MTC…ou pas !
Quoiqu’il se soit, ces efforts financiers importants du MTC, nécessaires certes, se font au détriment d’autres services aussi indispensables au sein de l’organisation des courses. Il y a d’abord le staff d’encadrement qui paie au prix fort des efforts salariaux — si ce ne sont des licenciements— ensuite, l’entretien des infrastructures et la piste qui se détériorent à vue d’œil, et enfin, la surveillance des chevaux et le contrôle antidoping. Ce qui nuit un tant soit peu à la finalité de certaines épreuves.
Pour pouvoir soutenir une activité de ce niveau sans conséquences sur son architecture et sa crédibilité, l’industrie hippique a besoin en toute urgence des revenus supplémentaires mais les sources habituelles se sont taries à cause du Covid-19 et des scandales. Cela met en évidence le manque d’une planification à long terme et les conséquences d’un pilotage actuelle à vue d’œil de l’organisation des courses.
Il faudrait pour éviter à l’avenir toute crise sanitaire, économique, voire climatique prévoir de mettre sur pied un fonds de réserve basé sur le modèle de celui géré par le Levy Board en Grande-Bretagne, qui aide les courses de chevaux à traverser des moments difficiles, comme celui du Covid-19. Ainsi cette institution britannique, qui rassemble et redistribue la taxe prélevée, chaque année sur les bénéfices des bookmakers, a permis ces derniers temps à consolider les stakes-money pour les quatre derniers mois de cette année, augmentant sa contribution de 50% de plus que prévu, normalement. Cela a permis de faire en sorte que le montant total des prix atteigne environ les deux tiers du niveau normal pour le dernier tiers de l’année.
Le Horserace Betting Levy Board (HBLB) est un organisme statutaire britannique créé par la Betting Levy Act de 1961. Il s’agit d’un organisme public non ministériel. La HBLB ne reçoit aucune subvention du gouvernement central ni aucun financement de la loterie nationale. Au lieu de cela, il perçoit par la loi une taxe statutaire sur les bookmakers de courses de chevaux. La taxe sur les paris hors hippodrome représente la plus grande proportion des revenus de HBLB. La majorité des revenus de la taxe est dépensée pour soutenir directement les courses de chevaux. L’intention initiale de l’établissement cette taxe était de fournir un moyen de compenser les courses pour la perte de fréquentation sur l’hippodrome prévu lorsque les betting shops hors-hippodrome ont été légalisés en 1961. Aujourd’hui, HBLB applique les fonds de la taxe à un large éventail de programmes de soutien direct aux courses de chevaux.
Au vu de la situation actuelle, un Levy board à la mauricienne serait, en tout cas, la bienvenue pour aider l’industrie/loisir que constitue l’hippisme mauricien et qui fait vivre directement et indirectement plusieurs milliers de personnes. Les 3% des revenus du PMU dont on a perdu toute trace et d’autres prélèvements à tous les organisateurs de paris, à partir des revenus puisés par l’Etat, qui ne retourne rien à cette industrie, pourrait constituer une base pour ce fonds de réserve qui aiderait grandement les courses hippiques mauriciennes à cesser de dire à jamais ‘I can’t breathe’. Horse racing lives also matter !