Les seules bonnes nouvelles de dimanche dernier, c’est que les courses hippiques ont repris, que les turfistes ont eu plaisir à voir des chevaux courir et que les parieurs invétérés n’ont pu résister à miser leurs maigres sous actuels sur leurs favoris. People’s Turf l’a fait pour ses débuts. C’est bien !
Pour tout le reste, ce fut médiocre.
D’abord, la plaine du Champ de Mars, la base d’opération de People’s Turf, avait été transformée en un véritable fancy-fair d’antan en ce dimanche après-midi. Un monde irréel où les bouncers régnaient en maîtres, doublé d’un spectacle affligeant d’affidés et de coquins qui profitaient, à profusion, des prestations alcoolisées et de quoi s’alimenter — offertes sans doute de bon cœur —, mais qui ont finalement mieux corrompu les consciences, sublimées et mis en extase devant ce qui était pourtant d’un amateurisme affligeant. Avec tout cet argent, qui il y avait là-bas, une fois n’est pas coutume, beaucoup d’odeur, on aurait pu penser que la qualité allait être au rendez-vous. Au contraire…
Ensuite, les nouvelles infrastructures hippiques élaborées et montées à la va-vite, dont un paddock qui a mis à mal le bien-être des chevaux exposés directement à la chaleur du soleil couchant. Des stalles de départ pas totalement au point, des grooms et des employés de piste qui se sont démenés comme de beaux diables pour sauver les apparences, mais qui ont montré au contact des chevaux un manque de savoir-faire évident. Ces manquements ont connu un paroxysme avec cette image dramatique de ces employés retenant les rails en pleine ligne droite pour qu’ils ne soient pas percutés par des chevaux terminant leur course.
Nous étions loin du niveau des spectacles hippiques qui étaient offerts par le Mauritius Turf Club jusqu’à l’an dernier. Quoiqu’on puisse aussi lui reprocher ses infrastructures vieillissantes qui ne répondent plus aux besoins de confort et d’hygiène plus en ligne avec le monde moderne dans lequel nous vivons.
Enfin, les courses elles-mêmes ont été très quelconques. Il fallait s’y attendre avec des chevaux qui n’ont pu être correctement préparés par les guéguerres qui ont précédé le début des opérations et l’absence de certains établissements phares. Mais il y a aussi eu de grosses irrégularités surtout dans la dernière course de la journée, mais les nouveaux commissaires de courses n’ont jusqu’ici pas sanctionné deux jockeys coupables de graves fautes qui méritent de lourdes sanctions. Est-ce que le fait que le gagnant de cette épreuve appartient au vrai boss de People’s Turf a eu un quelconque impact sur la décision des commissaires ? Il ne faudrait point s’en étonner car, désormais, les liens incestueux qui existent entre la HRD, la GRA et les dirigeants de
People’s Turf ne font absolument aucun doute.
Tout cela a un dénominateur commun. Jean-Michel Lee Shim, généralement très discret, mais qui s’est mis en mode coming out, a volé la vedette à tout le monde dimanche dernier. Il a foiré le discours de son CEO lorsqu’il s’est amené avec ses gros bras avec un foulard de jeune premier au cou. Il est allé chercher sur la piste son deuxième gagnant de la journée — sans masque s’il vous plaît — dans cette choquante dernière course et a paradé sous les regards de ses invités le saluant et l’applaudissant comme des filleuls saluent le bien généreux Parrain.
Un parrain qui ose se comparer à ce phénix qui renaît toujours de ses cendres — à coup de lifting — pour se conforter dans son immortalité. A contrario, il est tombé dans la bassesse de faire la leçon aux « dodos disparus », devant un parterre de langoureux suiveurs, transformés en automates désarticulés qui applaudissent et rient de bon cœur à toutes ses niaiseries. Espérant sans doute qu’ils soient remarqués pour faire partie du cercle intime… du personnage clé de l’organisation pieuvre qui a infiltré certaines institutions clés du pays, GRA, MRA, Police et PMO, et nous en oublions certainement.
Cajolé comme un héros national par les autres médias que le sien, qu’il admet être biaisé, où il s’est entre autres présenté comme l’apôtre des pauvres — un autre Père Laval, vous autres —, le parrain s’est présenté, malgré lui, comme le Kingmaker de la politique mauricienne. S’il voit aux prochaines législatives quelqu’un qui présente un programme plus en ligne avec ses convictions, c’est celui-là qu’il financera. En tout cas, il a admis sans ambages qu’il a financé à hauteur de Rs 10 millions le MSM lors des dernières législatives, alors que le PM qu’il a porté au pouvoir disait à l’époque sur une radio qu’il ne le connaissait pas. Il serait intéressant de savoir si ces Rs 10 millions ont été comptabilisées sur les comptes de campagne du PM ou d’un autre candidat. Est-ce donc pour ces malheureuses Rs 10 millions — à moins que Michel Lee Shim ne compte pas quand il aime — que le PM est monté personnellement au créneau à l’Assemblée nationale pour faire voter les lois qui ont porté aujourd’hui People’s Turf comme organisateur des courses ? Qui peut croire à ces sornettes ?
Malgré ce forcing, la totale mainmise sur l’organisation des courses n’est pas gagnée par celui que les internautes n’hésitent plus à qualifier de « limem organizater lekours, limem organizater pari, limem proprieter souval, limem trap souval gagne… » puisque le MTC-MTCSL, tel un voilier ballotté un coup à droite, un coup à gauche, a fait un virage à 180° pour prendre sa licence d’organisateur de courses et répondre à l’ultimatum boomerang de la GRA de lui en priver définitivement. Cette volte-face du MTC, en attendant les instructions de ses membres pour savoir s’il va poursuivre dans cette voie ou non, donne le droit à la MTCSL d’organiser les courses ce samedi, dont l’épreuve classique de la Duchesse, mais surtout de couper l’herbe sous les pieds de People’s Turf, qui pensait l’avoir mis KO. Comme par hasard, six entraîneurs, sous forte influence
de Michel Lee Shim, se sont désistés à présenter des coursiers ce samedi. Lui qui prétendait, dimanche dernier, tendre la main aux Halbwachs pour une entente cordiale et préconisait jusqu’à récemment que les chevaux ne devaient pas rester à l’écurie…
La HRD se signale aussi par des ratés majeurs. D’abord, par une vraie bourde cette semaine avec son nouvel handicapeur venu d’Inde, Mahendher Subramanyam, qui a, contrairement à ses propres Rules Of Racing et les directives de la GRA, imposé au simple « Weight for Age » des pénalités en fonction du nombre de victoires depuis le 1er janvier 2021. Inadmissible ! La HRD s’était déjà fait remarquer lors de la première journée lorsque le controversé Australien Wayne Wood a clairement abusé de ses prérogatives d’expulser Yahia Nazroo, un enfant du Champ de Mars, qui était sous la responsabilité de People’s Turf, qui avait pourtant accrédité le photographe. Un premier impair qui a été « forgiven » mais qui ne sera pas « forgotten » par la victime. Ar nou non ! Que Wayne Wood prenne note une fois pour toutes, ni la HRD ni la GRA n’ont aucune autorité sur les journalistes dans l’exercice de leurs fonctions… Qui s’y frottera s’y piquera !
Avec la nouvelle claque sonnante de la justice à la GRA, qui est tombée hier, pour avoir abusivement bloqué un détenteur de licence de Limited Pay Out Machines, ce qui favorisait le quasi-monopole de JMLS dans le domaine, Beekhary a intérêt à jouer low profile. En effet, deux des initiatives de sa GRA ont cette semaine porté préjudice au protégé du PMO.
Le Parrain était de sortie dimanche, il en était le héros. Depuis, la carapace de protection commence à craqueler… Serait-ce déjà le début de sa descente aux enfers ?