Gavin Glover, président du Mauritius Turf Club (MTC), a rencontré le PMO pour la troisième fois la semaine dernière, mais selon Week-End, il n’y a eu aucun progrès significatif dans les discussions. Bien que le MTC ait présenté plusieurs recommandations pour revenir sur le devant de la scène en tant qu’organisateur des courses, il semble que du côté du PMO, les choses n’avancent pas comme prévu. Les deux parties restent, donc, au stade de « simples discussions ». Par ailleurs, le Horse Racing Board a révisé le calendrier de la saison 2024, qui se terminera le 10 (au lieu du 30) novembre. Dans ce contexte, la PTP a obtenu l’autorisation d’organiser trois week-ends de courses, y compris celui du 9/10 novembre.
Parmi les participants à cette troisième réunion, figuraient Lovesh Ramlochun, conseiller, Premode Neerunjun, secrétaire au cabinet et chef du Service Civil, ainsi que Ravi Yerigadoo, avocat de la Gambling Regulatory Authority (GRA) et ancien Attorney General. L’annonce de la People’s Turf Plc d’organiser des courses à Balaclava l’année prochaine a suscité une certain embarassement parmi les représentants du PMO. Le MTC a, alors, insisté qu’il n’était pas acceptable de jouer sur deux tableaux : d’un côté, des discussions avec le MTC et, de l’autre, des pourparlers concernant les courses à Petit Gamin orchestrées par la People’s Turf Plc. Qui croire ?
Pas de signal positif du Premier ministre
Le MTC est convaincu que le gouvernement souffle le chaud et le froid. D’une part, il souhaite que le MTC reprenne son rôle d’organisateur, mais de l’autre, il peine à se défaire de Jean Michel Lee Shim et de son empire. Le PMSD de Xavier-Luc Duval a, pourtant, été clair dans le cadre de son éventuelle alliance avec le gouverment et Pravind Jugnauth : « Jean Michel Lee Shim et sa PTP doivent partir ».
Cette situation de « miser sur deux tableaux » irrite les membres du MTC, qui recommandent à leur président, Gavin Glover de faire preuve de prudence. Jusqu’à présent, le Premier ministre n’a pris aucune mesure concrète en ce qui concerne les discussions avec le MTC. Bien qu’il ait rencontré la direction du club, il n’a pas exprimé de soutien clair, laissant entendre que ses intentions ne sont pas encore bien définies et sont plutôt guidées par une stratégie politique visant à conserver le pouvoir.
La quadrature du cercle
Pravind Jugnauth semble être dans une position délicate, comme en témoigne son silence. Non seulement les négociations avec Xavier Duval créent un malaise parmi certains ministres de son gouvernement issus des alliances politiques, mais il est également embarrassé par Jean Michel Lee Shim (JMLS), qui a admis avoir financé le MSM à hauteur de Rs 10 millions, lors de la campagne électorale de 2019, et s’est présenté comme son conseiller, après l’hypothétique attaque à son domicile, dans une déclaration à la police de Beau-Bassin. Pravind Jugnauth se retrouve également dans une position inconfortable vis-à-vis de son « Senior Advisor » Dev Beekharry, qui a tout fait pour faire disparaître le MTC et a ouvert toutes les portes possibles à JMLS et à ses entreprises de paris, d’organisation de courses et d’importation de chevaux. Lui aussi brille par son silence !!!
Comment sortir de cette impasse qui bloque un retour aux affaires du MTC, pour ne pas vexer JMLS, ne pas blesser Dev Beekharry, un de ses bras droits, et ne pas compromettre les discussions avec le PMSD, après avoir offert la présidence de l’Assemblée à Adrien Duval ?
Cette situation complexe et confuse est une vraie quadrature du cercle pour le PM qui se retrouve dedans, c’est-à-dire une incapacité à décider et à s’exprimer sur ce dossier, devenu un enjeu majeur pour l’opposition, mais qui ne semble pas avoir de solutions. D’autant que le MTC a intenté une action en justice contre l’État, réclamant Rs 1,7 milliard.
Cette nouvelle a eu l’effet d’une bombe dans cette période électorale, rappelant d’autres affaires (Betamax, Kailash Trilochun et Neo Town) qui inquiètent le gouvernement. Quoi qu’il en soit, tout accord entre le GM et le MTC nécessitera un dédommagement conséquent. Ayant été dépouillé et humilié, le MTC ne passera pas l’éponge si facilement.
Reprendre ses activités sans l’aide de l’État serait une tâche herculéenne, cette aide devant prendre la forme d’un dédommagement substantiel ou au moins acceptable pour le MTC. Rien n’est donc joué, surtout que le temps joue contre un gouvernement qui semble perdu dans le labyrinthe qu’il a lui-même créé. Une 4ème rencontre entre le PMO et le MTC est prévue, mais il est peu probable qu’un accord soit trouvé et annoncé.
La meilleure solution aurait été de prendre des mesures dès le début et de signaler clairement l’intention d’évincer l’empire de JMLS avec sa PTP, sa GEL et son People’s Tote, afin de rétablir le MTC dans ses droits.
Trop d’hésitations
Pravind Jugnauth avait cette opportunité, mais il a hésité, permettant ainsi à JMLS de mobiliser ses troupes. JMLS a même affirmé que la PTP serait présente l’année prochaine à Petit Gamin, comme un défi au gouvernement. Si cela se concrétise, le MTC, selon nos sources, ne sera toujours pas de la partie et laissera le gouvernement entre les mains de la PTP et la GEL, C’est-à-dire ceux de JMLS.
Au MTC, une ligne majoritaire dit ne pas être préssé et attendra les résultats des prochaines élections. En effet, en cas de changement de pouvoir, le MTC a déjà obtenu la promesse de l’alliance PTr/MMM/ND d’être rétabli dans ses droits en tant qu’unique organisateur des courses à Maurice. Navin Ramgoolam l’a répété lors de son dernier meeting à La Louise, faisant de cette promesse un atout majeur pour la prochaine bataille électorale.
Et si jamais le gouvernement était reconduit, ce sera aux instances judiciaires de se prononcer sur les réclamations du MTC au GM pour avoir été expulsé des courses de manière abusive.