Noemi Alphonse : La persévérance par excellence

Noemi Alphonse est l’athlète qui a laissé une empreinte indélébile sur la saison 2021. Qui plus est, c’est la première handisportive de l’histoire du pays, à se qualifier pour les Jeux Paralympiques. D’autant que dans le passé, Maurice s’était retrouvé dans cette compétition de grande envergure uniquement sur invitation. C’est dire de l’exploit et du talent de cette jeune athlète hors du commun, qui a non seulement fait honneur au quadricolore, mais qui a aussi brisé certaines barrières et autres stéréotypes. Qui plus est, c’est une battante, une dame courage qui a bravé mille tempêtes pour réaliser son rêve et côtoyer les meilleurs de la planète. Un exemple de persévérance que beaucoup devrait s’en inspirer. Sans surprise, la rédaction de Week-End attribue le titre « d’OUTSTANDING PERFORMANCE » à Noemi Alphonse. Bravo Championne !

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La jeune athlète s’est distinguée aux Jeux Paralympiques en terre nippone, en accédant à quatre finales et dans la foulée, enregistré quatre records d’Afrique aux 100, 400, 800 et 1500 m T54. Si sur l’épreuve reine, c’était en finale qu’elle avait amélioré la marque continentale, pour les trois autres courses, c’est en différentes séries, qu’elle avait fait exploser le chronomètre. Les résultats étaient comme suit : 100m T54 – troisièmes en série (16’’71) et cinquième en finale (16’’48 – record d’Afrique), 400m T54 – troisième en série (55’’99- record d’Afrique) et sixième de la finale (56’’15), 800m T54 – cinquième en série (1’52’’27 – record d’Afrique) et septième en finale (1’53’’30), 1500m T54 – cinquième en série (3’29’’66 – record d’Afrique) et dixième en finale (3’39’’83). « Je suis très contente et fière, car pour mes premiers Jeux, je me suis hissée à quatre reprises en finale et au total, j’ai réalisé huit courses, ce qui n’était pas au programme, car je m’étais entraînée uniquement pour le 100m. Si j’ai réussi à réaliser ces performances, c’est grâce notamment à mon entraîneur Jean-Marie Bhugeerathee, à ma préparatrice physique Audrey Grancourt, à tous mes camarades d’entraînements et à toute ma famille. C’est la première fois que lors d’une compétition je me sens aussi forte mentalement. C’était une aventure incroyable », avait fait ressortir notre championne locale, médaillée d’or et porte-drapeau aux Jeux des îles de l’Océan Indien (JIOI) 2019 à Maurice.

Noemi Alphonse, du haut de ses 25 ans, a connu une ascension fulgurante, et ce, en l’espace de 6 ans seulement. D’ailleurs, la date du 27 janvier 2015 restera à jamais gravée dans sa mémoire, ayant fait la connaissance de son mentor Jean-Marie Bhugeerathee. Une évidence étant donnée, la complémentarité des deux personnages. Les JIOI de 2015 à La Réunion, Noemi les a vécus dans la peau d’une spectatrice. Elle a ainsi pu ressentir ce grand frisson inégalable, lorsque ses camarades décrochaient leurs médailles. L’habitante de Sainte-Croix, qui a fréquenté le Père Laval R.C.A School et le College Lorette de Port-Louis gravira les échelons à vitesse Grand V, elle qui est née avec une malformation de la jambe gauche et de la main droite. Elle participe d’ailleurs à sa première compétition internationale de la même année, à savoir le Grand Prix d’Italie, et y décroche sa première médaille d’or, sur 1500 mètres fauteuil, et l’argent aux 100m et 400m. Sa carrière est lancée et elle ne s’arrêtera plus. L’armoire à trophées ne cesse de se garnir pour cette force de la nature qui comptabilise de multiples records nationaux sur 100 mètres, 200 mètres, 400 mètres, 800 mètres, 1500 mètres, 5000 mètres, 10 km et 42 km. Disciple de l’Américaine Tatyana McFadden (son idole) qui a tout gagné en paralympiques, Noemi Alphonse rêve d’exploit.

Alphonse-
Bhugeerathee : Une formule qui marche
Cerise sur le gâteau, elle met tout le monde d’accord en montant sur la plus haute marche du podium, aux Jeux des îles de l’Océan Indien (JIOI) sur le 1500 m fauteuil, en juillet 2019 à Maurice, devant son public. Une consécration et, qui plus est, un véritable honneur, puisqu’elle avait été désignée comme porte drapeau de la délégation mauricienne pour l’évènement phare de l’année. « D’y prendre part devant son public, c’est une sensation qui n’a pas d’égal. J’étais tellement contente de vivre ce moment là que j’en avais les larmes aux yeux. En passant la ligne d’arrivée, j’ai effectué le tour de piste avec le pavillon quadricolore, c’est là que j’ai réalisé que j’avais accompli un rêve d’enfant. Voir maman et papa tous deux émus et fiers de ma performance m’a vraiment fait chaud au cœur », avait-elle avoué.

La cause des femmes
‘The Sky is the Limit’, serait-on tenté de dire, pour cette championne au visage de poupon (Babyface) qui espérait bien participer aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2020 et y faire son trou parmi les meilleurs. Tout en sachant que les Jeux Paralympiques n’ont rien à voir avec les JIOI. Un univers de différence. Force est de constater qu’elle a mis tout le monde d’accord en y ajoutant la manière. Ce n’est pas donné à tout le monde de prendre part à quatre finales des Olympiades. C’est désormais officiel, Noemi Alphonse fait partie de la crème de la crème mondiale. « Je ne remercierai jamais assez mon entraîneur, Jean-Marie Bhugeerathee, qui m’a prise sous son aile et qui a fait de moi l’athlète que je suis. Je ne pensais jamais pouvoir atteindre un tel niveau. Je ne connaissais rien dans la course en fauteuil. Je ne savais même pas, si cela existait à Maurice. C’est lui qui m’y a initié, et c’est grâce à son expertise que j’ai pu me faire un nom sur le circuit local, régional et international. C’est quelqu’un avec un grand cœur qui œuvre pour le bien-être de ces athlètes », avait-elle avoué dans un passé pas si lointain. Elle a également remercié ses proches et plus principalement ses parents, la cheville ouvrière de son succès et aussi la source de motivation. Avec une licence en Web et Multimedia Development de l’Université de Maurice en poche, Noemi Alphonse a démontré qu’on pouvait aussi allier sport et étude.  Une « All-Rounder » serait-on tenté de dire.

Noemi Alphonse n’est pas seulement un nom, ni une icone, mais aussi une femme qui a connu un vrai parcours du combattant. Elle affiche beaucoup de maturité et une envie de réussir qui forge le respect. Elle incarne cette jeune génération qui n’a pas froid aux yeux, et qui dit les choses comme elles sont, sans aucun détour. Désormais une référence du handisport local, elle s’est déjà confié dans nos colonnes sur les succès de sa réussite, ce pourquoi elle se bat, tout en dénonçant l’injustice, la stigmatisation et le manque de savoir-faire de certains. Porte-parole des jeunes et notamment des autrement capables, cette battante au mental d’acier nous a fait part des difficultés auxquelles font face les sportifs et le rôle de la femme dans cette société dite patriarcale. Il faut préciser aussi que Noemi avait souffert des injustices de la fédération à son encontre. Mais elle a tenu bon. « Je vous dirai que si tout était à refaire, je le referais. Je n’ai pas toujours raison, mais j’estime que je n’étais pas fautive sur certaines injustices dont j’ai été l’objet. J’ai dit ce qu’il fallait dire ; ça n’a pas plus à tout le monde, peut-être qu’avec le recul, j’aurais dû m’exprimer différemment sur la forme, mais je ne regrette rien, » nous avait-elle déclaré dans une interview. Un athlète de haut niveau se doit de défendre ses idées et  de monter au créneau face à toutes formes d’injustice. C’est là aussi que l’on prend conscience de quel métal on est fait. Noemi Alphonse est une guerrière des temps modernes qui s’est construite au fil des années pour aujourd’hui s’affirmer comme l’une des sportives les plus performantes du pays. Fully deserved !

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