– Le ministère des Sports pointé du doigt sur certains aspects, alors que le football a été, pendant de longues années, l’une des fédérations les plus soutenues financièrement par l’Etat
La Mauritius Football Association (MFA) a enfin soumis son plan de relance comme réclamé par le ministère de l’Autonomisation de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs (MAJSL). C’est un document de 40 pages, détaillé en “4 strategic Objectives” et “26 Action Plans”, qui a été récemment soumis sous le thème de “Strategic Plan 2021-28” avec un accent prononcé sur un retour à la professionnalisation et de l’introduction du betting. Sauf que ce plan ressemble beaucoup plus à du “eye washing”, notamment à l’approche des prochaines élections prévues pour 2022 ! Même si ceux qui ont travaillé sur ce projet peuvent, eux, penser que ces propositions aideront à la relance du football et surtout contribuer au développement “of modern football requirements” et de faire du football local, un “Sports-Entertainment industry”.
En revanche, ce qui est clair, c’est que la MFA s’est — intentionnellement ou pas — tirée une balle dans les pieds, avec les lacunes identifiées ! Au même titre que Samir Sobha, dont le passage à la présidence, en deux mandats (2013 à ce jour), se trouve avoir été un échec total, à en croire les lacunes mises en avant. Soulignons aussi le manque d’élégance des rédacteurs de ce plan qui n’ont pas manqué d’égratigner le MAJSL et l’Etat, alors que la MFA a été l’une des rares fédérations à avoir autant bénéficié au niveau financier !
Le 27 août dernier, le MAJSL prenait une série de mesures contre la MFA, conséquence de l’enquête policière en cours sur l’affaire de voyeurisme allégué et les sanctions imposées par la Fédération internationale de Football Association (FIFA) à la MFA et à Cercle de Joachim dans le cadre du transfert de joueurs étrangers (saison 2019/2020). Le ministère avait alors, entre autres, décidé : « to give MFA up to the end of November 2021 to sort out its governance issues, in line with Section 5 of the Sports Act 2016, which stipulates, inter alia, that ‘every National Sports Federation shall uphold and operate on the principles of good governance, transparency, democracy, fairness and non-discrimination”.
“Sports Act too restrictive”
Malheureusement, est-il de constater, la pierre angulaire même de la demande du MAJSL a été complètement ignorée, si ce n’est que cette citation “To promote and encourage Governance & Transparency at all levels”. Ou encore: “ To prevent all methods or practices which might jeopardize the integrity of the competitions and the member clubs or give rise to abuse”. Que compte donc réellement faire la MFA “to sort out its governance issues” et se mettre enfin au diapason de la Sports Act 2016, chose qu’elle peine à faire depuis de nombreuses années ?
En revanche, le “Strategic Plan 2021-28” ne manque pas de tirer à boulets rouges sur le MAJSL et l’Etat en parlant de “Persistent political interference in Sports” notamment d’un “Sports Act too restrictive” ou encore d’un “Ministry playing role of the Federation and difficult relationship”. On parle aussi d’”insufficient support” sur le court et moyen terme, en ce qui concerne le développement du football ! Inélégance quand tu nous tiens !
Aucune trace des résultats sportifs
Pour faire fort, la MFA a fait très fort. Ce pavé lancé dans la mare constitue d’ailleurs, ni plus ni moins qu’un affront, voire un manque de respect total par rapport aux millions de roupies, puisés par l’Etat des caisses publiques et injectés, ensuite, dans ce que nous appellerons un trou sans fond ! Aussi étrange soit-il, le plan ne fait aucune mention quant aux millions obtenues de la FIFA !
Ce qui saute aussi aux yeux, ce sont les statistiques — parfois incompréhensibles — qui sont mis en avant et la littérature qui va avec ! Des explications mêlant démographie du pays, santé publique et football ! En revanche, aucune référence aux résultats et palmarès du football local !
Un oubli, dites-vous ? Où n’a-t-on tout simplement pas eu le courage d’en faire état, rien qu’en pensant au tableau très sombre et symbolisé, tout récemment, par une piètre défaite en finale des Jeux des Iles en 2019, à la suite des…cinq penaltys ratés ! Qu’en est-il aussi du classement mondial de la FIFA ? En revanche, on aspire à une participation à la Coupe d’Afrique des Nations de 2026, alors que des pays à faibles moyens, tels que Madagascar a atteint les quarts de finale de la CAN 2019 et que les Comores seront bien présentes à l’édition de janvier prochain, au Cameroun !
La question qu’il aurait fallu se poser est de savoir pourquoi la MFA n’a pas réagi pendant toutes ces années ? Cela, afin de “ improve and promote local football to become more attractive, competitive and self-sustainable Sports-Entertainment Industry” comme le dit Samir Sobha dans le “executive summary” ? C’est justement là où le bât blesse et qu’on se rend compte à quel point, ceux qui ont conçu ce plan ont tiré une balle dans les pieds de la MFA.
Promotion du football…
Ainsi donc, la MFA que dirige Samir Sobha a subitement constaté que le football souffrait de milles maux. Qu’il faut promouvoir le football et ses partenaires, alors qu’on se souviendra comment cette même MFA avait unilatéralement décider de mettre un terme à ses championnats à l’entame même du premier confinement en 2020 ! Sans oublier toute l’hypocrisie autour des “external stakeholders” en particulier avec la presse, notamment sa communication distillée de façon très sélective.
On note aussi que la MFA souhaite produire ses propres images et ce, en collaboration avec la MBC ! Cette même station nationale qui avait été, dans le passé, pourtant écartée de la retransmission des matches à la télévision au profit d’un groupe de presse ! Et dire qu’aujourd’hui, on ose constater que le “TV broadcasting of matches not a priority”!
En somme, le “Strategic Plan 2021-28” — même s’il peut se révéler bénéfique selon ses concepteurs — est à questionner et ce, dans le fond comme dans la forme. Tout comme cette série de mesures annoncées — pour ne pas dire des effets d’annonces pour l’heure —, notamment ces “Commercial strategies” visant à rendre les clubs plus productifs et rentables.
Aussi, malgré les critiques ciblant l’État, son soutien sera primordial, tout comme celui de la FIFA et de la Confédération africaine de Football. D’ailleurs, fait-on remarquer, si le plan est appliqué dans toute sa rigueur et bénéficie du soutien voulu, il garantira une transformation du football. On avance clairement d’ailleurs que des résultats “are expected to be visible within the first two years”.
Ce qu’il faut désormais savoir c’est si l’État acceptera de dépenser autant de millions de roupies, et si le secteur privé répondra à l’appel comme souhaité. D’autant qu’avec les différentes casseroles que traînent la MFA au cours de ces dernières années, l’élaboration de ce plan nous donne l’impression que la démarche ressemble beaucoup plus à une stratégie, visant ni plus ni moins, qu’à dévier l’attention.