Avec Karim Benzema et Kylian Mbappé associés dans une attaque de rêve, la France met son ambition à l’épreuve de l’Allemagne dès l’entame de son Euro, mardi (21h00) à Munich, un sommet brûlant escorté par les fantômes du passé.
Dans ce choc du groupe F, les champions du monde 2018 se rendent chez leurs prédécesseurs avec un moral au top, une infirmerie à vide mais une humilité revendiquée avant d’affronter un rival revanchard, incapable de battre le voisin français depuis le quart de finale du Mondial-2014 (1-0, but de Mats Hummels).
« A chaque match, les statistiques peuvent être inversées (…). On s’attend à du solide mardi », a d’ailleurs affirmé avec prudence le sélectionneur Didier Deschamps, dimanche dans l’émission Téléfoot, au moment de commenter la bonne série de ses troupes (trois victoires et deux nuls).
Le technicien de 52 ans a sûrement conservé en mémoire les tourments causés par la Mannschaft, à jamais associée aux larmes de Séville-82 et Guadalajara-86, avant d’être ramenée à des jours plus heureux.
De fait, les Bleus peuvent désormais regarder l’Allemagne dans les yeux depuis la demi-finale de l’Euro-2016 gagnée sur un doublé d’Antoine Griezmann (2-0), une performance rééditée par le Français en octobre 2018 lors du dernier duel face aux Allemands (2-1) en Ligue des nations.
Touché cette semaine à un mollet, l’attaquant du FC Barcelone devrait être opérationnel pour animer une ligne d’attaque qui donne le frisson, en compagnie de Mbappé et Benzema, lui aussi remis sur pied après un pépin physique à une cuisse.
– Rüdiger lance le match –
« En attaque, ils sont très forts et nous devons être prêts à avoir des actions en un contre un et à les gagner », a mis en garde le défenseur allemand Antonio Rüdiger. « Ça dépendra de nous, défenseurs, je pense que ça peut faire une grande différence, juste être sale, pas toujours gentil, gentil, gentil, et ne pas toujours essayer de t’en sortir avec du beau football. Contre des joueurs comme ça, il faut aussi envoyer un message… et tôt. »
Interrogé sur cette menace voilée, Mbappé lui a répondu dimanche en conférence de presse. « Chacun se bat avec ses armes. Nos armes, c’est de jouer ensemble notre football. Si leurs armes c’est ça… »
Après cette réplique cinglante, le champion du monde de 22 ans s’est cependant montré méfiant avant d’affronter cet « adversaire redoutable ». « Mais on aime jouer ce genre de match, ce sont des rêves d’enfant », a-t-il dit.
Attaquer le sommet allemand d’entrée offre en tout cas une perspective bien différente de celle entrevue en ouverture de la Coupe du monde 2018 face à l’Australie (2-1), au pedigree plus modeste. « Là on ne pourra pas se permettre d’avoir une entrée timide vu la taille des adversaires », a commenté Mbappé.
Avant d’aller défier la Hongrie puis le Portugal, tenant du titre, à Budapest, les Bleus seront en terre hostile dans une Allianz Arena où 14.000 spectateurs sont attendus (dont entre 2.000 et 2.500 Français selon les dernières estimations). Soit 20% de la jauge du stade, prudence sanitaire oblige.
– Derby du Bayern –
Quatre « Franzosen » se sentiront néanmoins un peu chez eux à Munich: Benjamin Pavard, Lucas Hernandez, Corentin Tolisso et Kingsley Coman auront droit à des retrouvailles particulières avec leurs collègues allemands du Bayern, que ce soit Manuel Neuer, Serge Gnabry, Joshua Kimmich ou encore Thomas Müller.
« En club ce sont mes amis, mais le temps d’un match ce seront mes adversaires. Il n’y aura pas de cadeau, s’il faut mettre le pied je le mettrai », a lâché Pavard vendredi devant la presse.
Avant ce derby franco-allemand du Bayern, Hernandez joue de son côté la carte de la prudence, notamment à l’évocation du revenant Müller, rappelé récemment par Joachim Löw, le sélectionneur allemand, qui vit son dernier tournoi avant de laisser la main.
« On sait que c’est un bon joueur, très, très intelligent, ce sera à nous de le bloquer un peu et de faire le +taf+ pour qu’il n’apparaisse pas trop dans le match », a déclaré le défenseur dans un entretien à l’AFP.
Pour bien lancer son premier tour, l’équipe de France devra aussi se battre contre l’histoire: depuis la mise en place de la phase de poules en 1980, l’Allemagne n’a jamais perdu son premier match en 10 participations. Ça tombe bien: en huit participations, la France non plus!