Une mineure et un adulte enfermés à clé dans une chambre d’hôtel. C’est ce qui se serait passé le 2 septembre, là où résidaient les deux sélections nationales de handball participant aux 11es Jeux des Iles de l’océan Indien à Madagascar. Choquant, n’est-ce pas ? Cela, en tenant compte de l’indiscipline alléguée rapportée et, qui plus est, condamnable selon le Code d’éthique émis par le ministère des Sports dans le cadre de ce déplacement.
Pas pour certains à l’Association mauricienne de handball toutefois. Cela, si l’on s’en tient à cette déclaration de presse de son président, Ludovic Carré : « Pourquoi n’en avait-il pas le droit ? » Il faisait alors référence à la présence du handballeur surpris dans la chambre de la mineure !
Choquant, en revanche, pour les parents que nous sommes et encore plus pour ceux qui ont placé leur confiance en l’AMH. Le président de cette association peut certes se montrer indifférent face à une situation aussi inquiétante. Qu’il demande cependant aux parents qui se respectent leur ressenti et il comprendra peut-être alors à quel point cette affaire donne froid dans le dos, surtout lorsqu’on a signé une décharge pour permettre à sa fille mineure de voyager à l’étranger !
La façon dont l’AMH a négocié cette affaire est révoltante. Cela, en tenant compte de ses tenants et aboutissants, après sa publication en exclusivité dans Week-End dimanche dernier. À l’heure où l’entraîneur de la sélection nationale féminine, Gérard Jules, avait décidé de rompre le silence sur ce qui peut être désormais considéré comme le pacte de la confidentialité. Alors qu’il était pourtant bien question d’une affaire impliquant une mineure et qu’il était du devoir des responsables présents à Madagascar de prendre des décisions appropriées.
Malheureusement, tel ne semble pas avoir été le cas. Et forcément, Gérard Jules n’a pas apprécié le laxisme de l’AMH sur ce coup-là et, qui plus est, l’absence de sanctions préliminaires à l’encontre du handballeur, alors que l’affaire a été rapportée il y a trois semaines. Même qu’il affirme avoir été physiquement pris à partie par le handballeur incriminé.
La question qui demeure désormais est de savoir si certains ont voulu étouffer cette sombre affaire ? Ce qui, pour l’heure, semble être malheureusement le cas. Cela, après avoir pris connaissance des explications de Gérard Jules dans un rapport accablant remis à l’AMH, avec copie au ministère des Sports.
Aussi, faut-il savoir si une affaire de cette gravité été réglée comme une lettre à la poste. Si tel est le cas, il est alors plus qu’urgent que des instances compétentes se saisissent du dossier, à commencer par la police, voire la brigade des mineurs ! Pourquoi aussi l’AMH a-t-elle voulu garder secret cet incident ? Est-ce parce que le handballeur est licencié dans un club dont les intérêts sont représentés par un membre influent du comité directeur ?
Peu importe si aucun geste compromettant n’a été constaté au moment précis où la porte de cette chambre a été déverrouillée, le fait demeure tout de même qu’un adulte était bien en compagnie d’une mineure comme l’affirme Gérard Jules. C’est pour dire que la faute d’indiscipline grave existe et que, jusqu’à preuve du contraire, aucune sanction officielle n’a été prise.
Le handballeur a certes failli au Code d’éthique du ministère des Sports et méritait au moins un rappel à l’ordre en attendant d’être entendu par un comité disciplinaire. Qu’en est-il cependant des responsabilités de l’AMH ? Ce qui est certain, c’est qu’en adoptant la voie du silence, cette association s’est rendue complice et coupable d’une situation compromettante. Et pour nous, there’s no case to answer.
Les membres présents à Madagascar doivent tous démissionner pour faute grave et pour avoir manqué à leur devoir d’encadreurs. Nous espérons que les parents dont les enfants ont fait le déplacement à Madagascar exprimeront aussi leur mécontentement à l’égard de cette association où visiblement les principes et autres valeurs humaines ont été oubliés.
Aussi, faudrait-il savoir ce que compte faire maintenant le ministre Stephan Toussaint ? A-t-il déjà convoqué le président Ludovic Carré à ce sujet ? Et plus important encore, a-t-il donné suite au rapport de Gérard Jules ? Le ministre ne doit-il pas dissoudre ce comité directeur et mettre en place un caretaker committee en tenant compte de la gravité de la situation ?
Ce qui est certain, c’est que les propos de Gérard Jules ne peuvent être minimisés comme l’ont fait certains à l’AMH. Des sanctions doivent tomber et très vite. Et si Stephan Toussaint ne peut le faire, qu’il passe alors le dossier aux instances compétentes.
Jean-Michel Chelvan