En toute liberté : ENTRE prétextes ET EXCUSES

Oublions Madagascar et ses 121 médailles d’or, dont certaines ont été obtenues, soit dans la contestation, soit par magie ! La compétition en taekwondo témoigne largement de l’emprise malgache sur l’organisation technique de la compétition avec au moins une victoire acquise par forfait face à un adversaire qui n’existait même pas ! Le président de la fédération malgache l’a du reste confirmé dans les colonnes du Mauricien, et qui plus est, avec une nonchalance sans pareille.
On pourra certes épiloguer pendant encore longtemps sur les résultats, mais ce serait une perte de temps. Madagascar a remporté ses Jeux et battu le record de 92 médailles d’or de Maurice en 2019, point barre. Week-End l’a d’ailleurs archi-écrit depuis 2019: organiser des Jeux « Cinq Étoiles » était contre-nature. D’autant que l’essence des Jeux des Iles est de réunir les îles soeurs pour consolider l’unité et la fraternité autour d’une jeunesse en mal de compétition. C’est alors qu’est née la première édition en 1979 à La Réunion.
Avec la décision du gouvernement mauricien d’investir plus de Rs 5Mds dans une organisation sans précédent, Maurice avait placé la barre très haute, forçant ainsi les autres à en faire davantage. La preuve: Madagascar avait voulu organiser des Jeux avec 23 disciplines et une population d’athlètes de plus de 4 000 personnes. Finalement, ce nombre a été considérablement revu à la baisse, afin de permettre aux Jeux de se perpétuer.
Faute de pouvoir s’appuyer sur une organisation de très haute facture, Madagascar a donc exploité d’autres issues pour faire mieux. Et forcément, il était plus facile d’aller chercher le record de médailles en tenant compte de la valeur de ses athlètes et ce, peu importe si les méthodes étaient sportives ou pas.
Ainsi, les Malgaches ont pu réaliser des résultats « Cinq Étoiles » avant de bluffer tout le monde avec une cérémonie de clôture digne des grandes manifestations sportives internationales. Une chorégraphie finale exécutée par des drones et portant la signature de la Chine à couper le souffle. Madagascar clôturait alors, dimanche dernier au stade Baréa, des Jeux qui étaient pourtant compromis après le retrait des Maldives en octobre 2020.
C’est la raison pour laquelle nous avons, dès le début, insisté pour un minimum de compréhension à l’égard du pays organisateur au lieu de se plaindre continuellement de l’hébergement et de la restauration. Ce qui est somme toute inélégant quand on est des invités, n’est-ce pas? Madagascar a assuré la pérennité des 11es Jeux et au lieu de dire merci, certains se sont plaints, alors qu’ils étaient tous en mission et non pour faire du tourisme.
C’est justement cette leçon d’humilité que nombreux gagneraient à retenir face à l’hospitalité malgache. Sans cela, les athlètes, notamment ceux n’ayant pas souvent l’opportunité de se rendre à l’étranger, auraient continué à vaquer à leurs occupations, alors que certains de ces messieurs les dirigeants, laxistes et irresponsables, auraient certainement raté des vacances gratuites aux frais de sa Majesté !
L’heure n’est donc pas à la contestation et aux récriminations farfelues, mais au bilan de ce Club Maurice qui a tout donné, du début à la fin, pour faire honneur au quadricolore. Malgré sa détermination, Maurice a été lâchée dès le coup d’envoi. Et nous avions eu raison de prendre le risque d’avancer qu’un retour sur Madagascar était plus qu’improbable, alors pourtant que nous n’étions qu’à la troisième journée de compétitions.
Certes, le ministère des Sports, par la voie de son ministre Stephan Toussaint, au même titre que le Comité olympique mauricien, ont parlé de satisfaction. Sauf que dans la réalité, Maurice n’a pas été en mesure de faire mieux que les 92 médailles d’or de 2019 en décrochant une de moins, alors pourtant qu’il y avait plus de disciplines au programme des Jeux.
N’y a-t-il pas matière à réflexion ? Pourquoi n’a-t-on pas dépassé la barre des 92 médailles d’or ? Qui sont ceux qui ont, une fois encore, porté haut les couleurs du pays ? Les athlètes sont-ils, eux, satisfaits, notamment ceux qui n’ont pu monter sur la plus haute marche du podium ?
Ce sont là autant de questions qui méritent d’être posées. Car, il est trop facile de parler de satisfaction sans pour autant prendre en compte certains facteurs essentiels de la performance. À Madagascar, comme lors des années précédentes, ils sont nombreux ceux issus de la vieille garde à avoir tenu haut le flambeau, notamment en athlétisme, comme en haltérophilie ou encore en boxe pour ne citer que cela. Alors que la relève, elle, tarde à s’affirmer.
Une remise en question ne s’impose-t-il donc pas dans ces conditions au lieu de s’appuyer sur une satisfaction qui ne l’est forcément pas dans la forme comme dans le fond ? Ne serait-il pas plus important de voir plus loin, afin de faire une réelle évaluation du niveau du sport mauricien, au lieu de s’arrêter à des Jeux à valeur régionale ? Le jour où certains parviendront à franchir cette ligne de réflexion, on pourra alors dire que le sport local aura commencé à bouger !

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Jean-Michel Chelvan

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