I Elle sera prise en charge en tant que professionnelle à cette course prévue le 17 avril et qui réunira plus de 30 000 athlètes, dont 17 handisportives en fauteuil de niveau mondial
I En revanche, son entraîneur, Jean-Marie Bhugeerathee, aura à trouver le financement nécessaire pour pouvoir l’accompagner aux Etats-Unis
Noemi Alphonse participera enfin à une étape du très célèbre Abbott World Marathon Majors. La bonne nouvelle vient de tomber avec cette invitation au marathon de Boston, prévu le 17 avril aux Etats-Unis. Elle sera totalement pris en charge par les organisateurs, elle qui se place désormais à la sixième place mondiale du 42 km avec un chrono de 1h35’14, réalisé en juin dernier, lors du Grandma Marathon de Duluth de Minnesota aux Etats-Unis toujours. Elle se situe tout juste derrière des championnes paralympiques et autres recordwomen mondiales, dont la légende vivante du para-athlétisme, l’Américaine Tatyana McFadden. A noter que la course du 17 avril réunira quelque 30 000 participants, dont une poule de 17 handisportives professionnelles en fauteuil.
C’est une nouvelle qui fait, non seulement la fierté de Noemi Alphonse et de son entourage, mais aussi celle de toute la République de Maurice. En effet, après les incroyables 19”89 de Noa Bibi au 200m, en juillet dernier, alors classé 10e meilleur performeur mondial de World Athletics, c’est au tour de Noemi Alphonse de s’affirmer, cette fois, au niveau de l’International Paralympics Committee (IPC). Une cinquième place mondiale accrochée après seulement quatre mois de préparation et un objectif à deux portés. Gagner d’abord en puissance sur piste comme le font d’ailleurs toutes les athlètes de renom et ensuite viser une première participation aux Abbott World Marathon Majors.
C’est désormais chose faite après l’invitation au marathon de Boston du 17 avril. Noemi Alphonse sera, qui plus est, totalement prise en charge par les organisateurs en tant qu’athlète professionnelle avec, à la clé, une prime de participation de 1 000 US dollars (environ Rs 43 600). Sans oublier que le vainqueur touchera un pactole de 25 000 USD (environ Rs 1 090 000).
Plus qu’un exploit, une fierté
Noemi Alphonse précise qu’elle ne pense même pas au podium. « Je savoure, pour l’heure, cette première invitation. D’autant que cela me fait hyper plaisir de pouvoir enfin participer à un marathon de ce niveau. C’est un exploit et une grande fierté, non sans oublier que j’ai acquis le statut de professionnel en marathon », dit-elle. Elle ajoute que cette invitation ne pouvait mieux tomber, notamment dans le cadre de sa préparation aux Championnats du monde de juillet prochain à Paris.
« On dira tout simplement que 2023 commence très bien. Ce dont je suis aujourd’hui très fière, c’est que cette invitation découle de sept longues années de travail », ajoute-t-elle tout en remerciant tous ceux qui lui ont permis de gravir les échelons. « Je dis merci à Jean-Marie (Bhugeerathee) et tout son encadrement technique, à ma famille, à mes camarades et membres de Magic Parasport Club, à mon sponsor ABC Group, au ministère des Sports, au comité Horizon Paris 2024, SPARC et tous ceux qui ne m’ont jamais laissé tomber. »
Selon Noemi Alphonse, l’important est maintenant de bien profiter de ce moment tant attendu. Un premier objectif atteint, dit-elle, en attendant la course du 17 avril où l’idée sera de terminer parmi les dix premières. Tout en reconnaissant que celles qui se trouvent en haut du classement mondial sont des coriaces. « Ce sera déjà une grosse satisfaction si je parviens à faire mieux que 10e tout en demeurant sous les deux heures. Car, il faut être réaliste. Celles qui dominent le marathon mondial sont des athlètes de très haut niveau. Ce sont des championnes paralympiques, championnes du monde et autres recordwomen que j’ai heureusement l’occasion de côtoyer et qui m’aident à progresser davantage », ajoute-t-elle.
Pour la Mauricienne, il y a encore un énorme travail avant de pouvoir arriver au niveau de ces athlètes d’exception. Elle y pense et y croit dur comme fer. Même si au tout début, ce n’était qu’un rêve ! « Tout comme l’est Usain Bolt pour ses fans, les Scaroni, Schär, de Rozario et autres McFadden sont mes idoles. J’ai eu tort de penser que je ne pourrai un jour rouler à leurs côtés. C’est chose faite et j’en suis très fier. Nous sommes désormais des compétiteurs et je reste convaincue que cela m’aidera très bientôt à atteindre d’autres paliers encore plus importants », explique-t-elle.
Aussi, précise Noemi Alphonse, il est primordial de bien terminer ce marathon de Boston. Cela, compte tenu du fait que cela lui permettra peut-être d’être invitée à d’autres étapes du circuit que sont les marathons de New York, de Chicago, de Berlin ou encore de Londres. Une tentative avait été effectuée à ce dernier marathon, mais sans succès. « Je suis condamnée à marquer le coup le 17 avril. Je suis prêt à le faire, d’autant que, psychologiquement, je suis beaucoup mieux armée. J’ai gagné en maturité et ça, c’est très important. Je ferai donc mon maximum pour ouvrir d’autres portes sur le Abbott World Marathon Majors », souligne-t-elle.
Un choix payant
Son entraîneur, Jean-Marie Bhugeerathee, se réjouit de la bonne nouvelle et ne tarit pas d’éloges les progrès accomplis par Noemi Alphonse en si peu de temps. D’autant, fait-il remarquer, que c’est la toute première fois qu’un athlète mauricien participera à une étape du Abbott World Marathon Majors. Non pas en tant qu’amateur, mais en professionnelle. « Nous avons opté pour le marathon sur les précieux conseils des grands noms du para-athlétisme mondial. Cela s’est avéré un choix gagnant. Noemi a toujours été une athlète puissante de par les travaux effectués en montée et en montagne surtout. Elle intègre la cour des grands et elle espère bien y demeurer pendant un moment », fait-il ressortir.
Ce qui fait encore plus plaisir à Jean-Marie Bhugeerathee, c’est le partage qui existe en para-athlétisme. « Le monde du para-athlétisme est à part. Il n’existe aucune barrière entre les championnes et ceux qui débutent. Noemi en a grandement profité. Je les remercie tous, aussi bien que les entraîneurs qui nous ont toujours bien conseillé et soutenu », indique-t-il. Par contre, le seul souci pour Jean-Marie Bhugeerathee, c’est qu’il aura à trouver le financement nécessaire, afin de pouvoir accompagner sa protégée. Dans ce contexte, l’aide des sponsors sera sollicitée, conclut-il.