L’épreuve est dure pour les parents qui accompagnent leurs enfants qui vivent avec un cancer. Chaque jour son lots de défis, d’incertitudes, de douleurs et d’espoir. Dans le cadre de la journée mondiale du cancer, observée le 4 février, des mères racontent cette période noire de leurs vies.
“En apprenant le cancer du rein de Luna, c’était comme-ci tous les malheurs du monde tombait sur nos têtes”, se souvient Anielle. Son enfant avait deux ans que elle avait été diagnostiquée il y a 4 ans. “C’était inimaginable pour moi”. Emmie, âgée aujourd’hui de huit ans, est tombée malade en 2020. Sa mère, Vanessa, raconte qu’elle était en bonne santé, mais s’est réveillée un jour avec des difficultés d’uriner. Après une longue batterie de tests très pénibles une tumeur de la vessie fut diagnostiquée. “Je suis mère célibataire et Emmie est ma fille unique. Elle est toute ma vie. À l’époque, elle allait avoir sept ans. J’étais choquée, perdue et ne savait que faire”. C’est le même scénario qu’a vécu Charline quand on lui annonça le cancer du vagin de sa fille, âgée de 4 ans, en 2016.
La souffrance d’une mère
“Avoir un enfant malade est la pire chose au monde”, confie ces mères. Vanessa raconte : “Ça arrache le cœur de voir son enfant se tordre de douleur à l’hôpital. Elle avait des perfusions, des sondes vaginales et subissaient plusieurs traitements. Emmie ne supportait plus qu’on la touche. J’ai dû trouver le courage au fond de moi pour me battre. J’ai pleuré avec elle à chaque fois qu’elle souffrait.” Luna avait beau n’avoir que deux ans quand elle est tombée malade, mais quand elle avait ses séances de chimiothérapies, elle était en larmes et ne voulait pas de perfusion. “Ça me fendait le cœur”, relate Anielle. Ces mères, passaient des mois entre les établissements de santé et leurs domiciles. Pendant quasiment un an, Lynsha a été hospitalisée avant de s’envoler pour l’Inde en 2017 pour une intervention chirurgicale. Un an après son cancer était revenu et elle est repassée sur la table d’ opération en 2018 dans une clinique privée.
Un quotidien chamboulé
Anielle est aussi maman d’un garçon âgé de 15 ans. Quand sa fille est tombée malade, il avait 11 ans. “Il n’a pas toujours compris pourquoi nous n’avions plus de temps pour lui. J’étais tout le temps à l’hôpital. Il était triste et nous disait souvent que nous ne l’aimions pas et qu’il se sentait rejeté”. S’ajouta un sentiment de culpabilité pour les parents. “Nous l’avons pris à part et avons essayé de lui parler. Mais nous savions qu’il ne comprenait pas forcément. Ça m’arrachait le cœur de le délaisser, mais j’étais obligée car Luna avait besoin de moi”.
Pour Charline rien d’autre ne comptait : “Les tâches ménagères étaient devenues le dernier de vos soucis”. Anielle explique que durant cette période : “on se néglige et met de côté notre féminité”. Son époux et elle étaient à terre, mais il leur a fallu trouver le courage nécessaire. “Cest un combat permanent aux côtés de notre enfant”. Anielle était employée comme femme de ménage et Charline comme caissière dans un supermarché, elles ont toutes deux étaient obligées d’arrêter de travailler. Dans les deux cas, leurs époux qui sont respectivement peintre et maçon avaient aussi perdu goût à tout.
La hantise d’une rechute
L’opération d’Emmie a laissé quelques séquelles. Bien qu’elle éprouve des difficultés pour se déplacer avec le pied droit et marche avec une prothèse, elle va bien mieux aujourd’hui. Cette année, une nouvelle intervention est prévue pour Lynsha. “C’est une fille très joyeuse, qui aime jouer, danser, chanter. Elle aime l’école, mais n’y va pas souvent. Elle était complexée d’avoir perdu ses cheveux avec la chimiothérapie”, raconte sa mère. La rémission de Luna est en bonne voie. Sa mère explique qu’en voyant son sourire, “on ne dirait pas qu’elle vit avec un seul rein. C’est une fille très courageuse”. Elle suit toujours un traitement et a besoin d’un suivi régulier, mais elle est d’attaque pour retourner sur les bancs de l’école prochainement. Toutefois, les trois mères vivent toutes dans la hantise d’une rechute.
Charline, Vanessa et Anielle soulignent que c’est surtout grâce au soutien de leurs proches qu’elles ont pu mener à bien ce combat. Elles tiennent aussi à remercier l’association Enn Rev Enn Sourir pour le support qu’elles ont reçu à plusieurs niveaux.