En 1973, quand le Taekwondo est introduit à Maurice, Sylvestre Yan Too Sang, âgé de 13 ans à l’époque, fait partie des premiers initiés. 47 ans après, malgré l’adversité, le sexagénaire n’a jamais laissé tomber. Devenu grand maître de taekwondo, le combattant a investi énormément de temps et d’énergie pour se surpasser dans les compétitions et sa connaissance personnelle de cet art martial.
Entraînements assidus et mental de combattant. La combinaison des deux a mené Sylvestre Yan Too Sang au plus haut. Le grand maître en taekwondo est 8ème dan kukkiwon. Il est Maître Instructeur Mondial 2ème degré ainsi qu’arbitre international de combat (kyorugi) et de technique (Poomsae). Il est aussi coach de combat et de technique accrédité par la fédération mondiale.
A 60 ans, le fondateur du Tae Kwondo Sports Club, Rose-Hill, s’est construit autour de cette discipline. Entre autres accomplissements, il a été médaillé d’or aux Jeux des Iles de l’Océan Indien, en 2007 à Madagascar. Aux championnats d’Afrique de Poomsae, Sylvestre Yan Too Sang s’est hissé sur la troisième marche du podium en 2005 et a été médaillé d’or en 2012. De 2006 à 2017, il a participé à une dizaine de championnat du monde de Poomsae et s’est souvent classé parmi les huit premiers. Terminant 5ème aux mondiaux de 2012, même si le combattant n’a pas atteint le podium jusqu’à présent, il est confiant qu’avec un meilleur encadrement, il aurait pu passer ce cap. Aucun regret : “L’expérience acquise et l’opportunité d’avoir participer à des compétitions d’envergure internationale est déjà un accomplissement”, dit-il.
En quête de la perfection
Une expérience qu’il partage avec ses élèves en taekwondo depuis une trentaine d’année au sein de son école qu’il a fondée en 1985. “Je ne sais pas si c’est un défaut ou une qualité, mais je suis toujours en quête de la perfection. Je m’entraîne toujours avec mes élèves, et c’est cet entraînement qui me pousse à aller de l’avant.” Pour la petite histoire, le pionnier du taekwondo à Maurice, Mario Hung Wai Wing, lança les premiers cours dans la cure de l’église anglicane à Plaine-Verte en 1973. Une centaine de jeunes se rejoignèrent cette nouvelle aventure. Parmi, Sylvestre Yan Too Sang. “J’habitais tout près. En passant devant la cure, on pouvait entendre les entraînements. J’ai aussi voulu me joindre à eux. A l’époque, le karaté était beaucoup plus populaire que le taekwondo. Certaines personnes n’arrivaient même pas à faire la distinction entre les deux arts martiaux. On décrivait le taekwondo comme le karaté volant.”
Hors, le taekwondo, art martial originaire de la Corée du Sud, “ met énormément d’accent sur les coups de pieds, qui sont parfois extraordinaire et intenses. Ce qui fait toute la différence avec le karaté. Ça a très vite crée de l’engouement et de l’intérêt chez des jeunes.” A 60 ans, Sylvestre Yan Too Sang est l’un des seuls de sa cuvée à ne pas avoir décroché. Au cours des années, il a non seulement accumulé ses participations à des compétitions internationaux mais suivi également énormément de cours, et pris part à des séminaires à travers le monde.
Avec 47 ans d’expérience au compteur, Slyvestre Yan Too Sang s’entraîne encore. “On ne finit jamais d’apprendre. Même si on a atteint un stade avancé, nous avons toujours des choses que nous devons maîtriser. L’art, la musique ou les arts martiaux, évoluent et les gens se passionnent toujours pour écouter une bonne musique, admirer un tableau ou s’initier aux arts martiaux.” Après 11 ans de pratique avec Mario Hung Wai Wing à ses débuts, il s’est même envolé en Corée du Sud en 1984. “ Je ne pouvais pas m’arrêter là.” Il décida sur un coup de tête de s’y rendre pour approfondir ses connaissances et monter en grade. Il passa son 2ème dan avec un grand maître coréen.
Dans ce pays connu comme le berceau du taekwondo, “ l’entraînement était d’un autre niveau et m’a surtout offert une autre vision de cet art martial.” Avec la compétition farouche entre les combattants et les recherches sur la discipline, les choses évoluent très vite sur place. Le taekwondo étant un sport national et la fierté des Sud-Coréens.
Entre tradition et évolution
Slyvestre Yan Too Sang explique qu’à la base, le taekwondo était purement un héritage ancestral. Dans les années 90, il devint un sport national officiel de la République de Corée. Des championnats du monde furent organisés et il devint sport de démonstration et ensuite sport olympique pour la première fois aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000. “La tradition comme le sport sont deux notions très fortes”, dit Slyvestre Yan Too Sang. De rajouter que : “Le taekwondo traditionnel m’a forgé et inculqué des valeurs comme la discipline, la courtoisie et le respect. D’un autre coté, il faut aussi suivre l’évolution. Le plus important pour être un bon pratiquant, c’est de savoir balancer tradition et sport”, avoue ce dernier.
Pour sa part, il transmet les deux facettes de cet art martial à ses élèves au sein de son école. Ce sport continue de gagner en popularité à Maurice et est de plus en plus prisés chez les garçons comme les filles. “Quand j’ai commencé les entraînements il y avait une seule fille. Mais de nos jours, il y a autant de filles que de garçons.”
Les parents sont prompts à encourager leurs filles dans cette voie souhaitant qu’elles soient armées à faire face aux dangers de la vie. D’ailleurs le champion de taekwondo a toujours encouragé ses enfants Karen 29 ans, Sheldon 27 ans et Brandon 20 ans sur cette voie. Il souligne que tous connaissent le taekwondo, et le cadet a un très bon niveau. Ce qui enthousiasme et rend fier le papa car “la prochaine génération doit faire mieux.”