Cinq ans depuis que Greta assiste impuissante à la descente aux enfers de William qui est accro à la drogue synthétique. Ce fils, au caractère si doux et calme, avec qui elle n’avait jamais eu le moindre problème, a toujours fait le bonheur de sa famille depuis sa naissance. Mais, dès ce jour où son aînée a consommé sa première dose de drogue, cette habitante de l’Est vit aux côtés d’un parfait étranger qui fait d’elle son souffre-douleur. En effet, Greta est quotidiennement harcelée, rackettée, volée, malmenée par William pour payer ses doses. Malgré sa grande souffrance mêlée à la peur et la colère, Greta garde espoir de pouvoir le sortir de ce trou.
Pas plus tard que ce matin j’ai fait le compte pour savoir combien d’argent que William m’a forcée de lui remettre pour acheter ces doses de drogues synthétiques. Que pour ces deux derniers mois, le total est de Rs 10 000.
Tous les jours, le montant ne cesse d’augmenter. Rs 300, Rs 400 et parfois Rs 1 000. Et même si j’essaie de refuser il sait comment me manipuler et me pousser à bout pour que je lui remette l’argent. William n’a pas honte de me suivre jusqu’aux toilettes, dans la douche ou débarquer sur mon lieu de travail pour avoir cet argent. Il me harcèle sans relâche.
Pour éviter qu’il ne fracasse les meubles de la maison ou qu’il ne s’en prenne à son frère ou son père durant ses crises de colère et de violences, je finis par lui remettre de l’argent pour payer sa drogue. J’ai des remords et je n’en suis pas fière, mais je n’ai pas le choix. Personne ne peut comprendre ce que je vis au quotidien. Ma seule échappatoire c’est de me rendre au travail. J’appréhende toujours mon retour à la maison.
J’ai été obligée de faire des démarches pour obtenir un protection order. Malgré tout je vis constamment dans la peur et les menaces ne cessent de s’amplifier. C’est un cauchemar éveillé. Ça fait cinq ans que je ne sais plus à quoi ressemble une vie normale.Je ne sais plus ce que c’est que d’avoir une famille tranquille et en paix. Il m’arrive souhaiter que mon enfant fasse une overdose et meurt. Cela pourrait mettre fin à sa souffrance car être drogué c’est une maladie. Malheureusement il est le seul à pouvoir y mettre un terme.
J’ai frappé à toutes les portes. Notre famille, nos proches et nos amis ont tous essayé de lui parler et le ramener à la raison. Mais William refuse toute aide. Il a fait plusieurs allers-retours à l’hôpital Brown Sequard, cela n’a pas servi à grand-chose.
À un moment je pensais enfin voir une lueur d’espoir lorsqu’il a accepté de suivre une formation et avait décroché du boulot. Mais là aussi il a réussi à tout foutre en l’air. Son salaire servait uniquement à se payer plus de drogue jusqu’à ce qu’il ne soit plus en mesure de travailler.
En tant que mère j’ai le sentiment d’avoir échoué quelque part. Pourtant je suis bien consciente de lui avoir toujours donné de l’amour et de l’affection, même aujourd’hui encore. À part un miracle, je ne vois aucun autre moyen pour sauver mon enfant.