Bientôt deux ans que Maurice vit au rythme de la Covid-19. Plus de 900 décès recensés jusqu’ici et quelque 25 000 cas positifs. La pandémie qui a mis à genou notre économie touchant nos principaux piliers, elle a causé d’innombrables pertes d’emplois et a façonné notre quotidien avec des restrictions, des gestes barrières, et la vaccination qui demeurent nos principales armes contre la pandémie.
“Nous ne savions pas à l’époque que ce virus allait changer notre vie à ce point”, confie le Dr Vasantrao Gujadhur, ex-directeur de santé publique. Mais dès la fin de 2019, Maurice était en état d’alerte. “Nous préparions Maurice à lutter contre le virus”, ajoute-t-il. En janvier 2020, les choses passèrent à une autre étape avec l’arrivée d’un vol en provenance de Wuhan en Chine, berceau de l’épidémie, avec à son bord des compatriotes. Maurice devenait le premier pays, avant même la Chine, à instaurer une quarantaine pour les voyageurs. À l’époque, peu de choses étaient connues sur le virus. Au même titre que Maurice, le monde découvrait sa virulence et ses effets dévastateurs. Il n’y avait pas de testing facilities comme le souligne le Dr Gujadhur.
3 cas positifs le 18 mars.
Les 3 premiers cas positifs furent enregistrés le 18 mars quand 3 compatriotes de retour de l’étranger furent testés positifs. Un homme de 59 ans, le patient zéro, de retour de Londres et qui était dans la communauté qu’il n’avait aucun symptôme. Mais aussi deux jeunes qui travaillaient sur un paquebot et qui étaient eux déjà en quarantaine. “Depuis février, on s’attendait à avoir des cas à Maurice. Mais à la confirmation des premiers cas positifs, je peux vous dire que nous avons eu des frissons. Je suis resté sur place pendant 30 seconds, j’était sous le choc”, ajoute le Dr Gujadhur.
Débutait alors le contact tracing. Le 19 mars, les frontières furent fermées. Deux jours plus tard, le pays enregistrait son premier décès, un patient admis à l’hôpital victoria le même jour puis transféré à l’Intensive Care Unit de l’hôpital de Souilllac. En à peine 10 jours, le nombre de cas positifs passait à 100 puis 1000 trois jours plus tard. Le 22 mars, le patient zéro succombait du virus également. Mais le confinement allait finalement venir à bout de cette première vague d’infection puisque Maurice devenait un des seuls pays à devenir Covid free. Le déconfinement se faisait alors en 3 phase à commencer du 15 mai.
2e vague.
Mais l’épidémie reprenait de plus belle en 2021 avec une deuxième vague en février. Un 2e confinement fut instauré à partir du 5 mars. Suivant l’exemple d’autres pays, Maurice créa des zones rouges où tout mouvement était interdit à chaque début de cluster. Contrairement à la première vague, le virus n’a pu être circonscrire complètement. Le déconfinement est alors mis en place avec l’idée qu’il va falloir vivre avec le virus. Masques, distanciation sociale et vaccination deviennent alors les armes contre la pandémie. Les restrictions ne sont d’ailleurs pas toutes levées, les rassemblements de plus de 50 personnes étant toujours interdites tout comme les pique-niques et le non-port du masque.
Dr Vasantrao Gujadhur :
“Le peak Omicron atteint vers le 15 février”
Actuellement, Maurice recense une centaine de cas positifs quotidiennement, principalement des variants Delta et le dernier en date, Omicron. Alors que la reprise scolaire est annoncée pour cette semaine, Vasantrao Gujadhur craint lui que le peak n’a pas encore été atteint. “Mon opinion est qu’on devrait attendre jusqu’au 15 février avant de prendre une décision. Tout laisse croire que c’est vers cette date qu’on aura connu le peak concernant le variant Omicron et que la courbe commencera à fléchir.” Il est également d’avis que “les Shopping Malls devraient être fermés pendant les week-ends
Les espoirs autour de Omicron
“Il faut faire très attention”
Si le variant Delta a été le plus virulent et occasionné le plus de décès, le variant omicron avait fait très peur à sa découverte étant 70 fois plus contagieux que Delta. Par contre, une lueur d’espoir est apparue en raison de sa moindre virulence vis à vis du Delta. Les scientifiques étant même amenés à penser que sa propagation pourrait signifier la fin de la pandémie ou du moins entraîner une baisse significative de décès. “Puisque le variant Omicron se propage plus rapidement et est moins virulent que le Delta, car il reste dans les bronches n’affectant pas les tissus un poumon, les scientifiques ont une théorie selon laquelle cela pourrait être une bonne chose”, souligne le Dr Vasantrao Gujadhur.
Toutefois, prévient-il, “il faut faire très attention. On a trouvé un sub variant d’Omicron qui est encore plus contagieux et qui, parfois, n’est pas détectable par un test PCR. Sak fwa nou trouv enn lespwar, apre enn ti mama lespwar la disparet.” Ce dernier indique que nous continuerons à avoir des variants tant que les vaccins ne seront pas distribués de façon équitable à travers le monde. “La majorité des variants proviennent des pays où le taux de vaccination est bas et où il y n’y a pas suffisamment de restrictions. Nous continuerons à avoir des variants tant que les vaccins ne seront pas distribués équitablement à travers le monde.”
Dr Shameem Jaumdally, virologue basé à l’Université de Cape Town
“Les variants continueront tant qu’il y aura des non-vaccinées”
Annoncée comme le principal atout contre la pandémie, la vaccination n’intervenait qu’à la fin de janvier 2021 à Maurice avec le premier batch d’AstraZeneca. Les Frontliners furent les premiers à avoir leur dose suivi du personnel hôtelier. Malgré certaines réticences, la vaccination a fait son chemin pour arriver à 978,605 personnes qui ont reçu leur première dose, 930,676 leur deuxième dose et 347,736 qui ont reçu leur booster dose. Selon Shameem Jaumdally, virologue, notre salut passe exclusivement par la vaccination à ce jour. “Les variants vont continuer à apparaître tant qu’il y aura des personnes non-vaccinées. Il faut comprendre que les variants se forment à travers un processus accidentel, à travers la malchance. Un variant émerge quand le quand le virus passe assez de temps dans le corps d’une personne. C’est ce qui se passe quand une personne n’est pas vaccinée. Surtout, lorsqu’il s’agit de personnes qui ont d’autres problèmes de santé, un système immunitaire qui ne fonctionne pas. Vous remarquerez que les variants émergent dans des pays où il y a peu de vaccination. C’est souvent la conséquence directe de la distribution inéquitable des vaccins.”