Entre Albion, Gros Cailloux et St. Martin, le village de Canot a atterri aux premiers plans de l’actualité en devenant zone rouge pendant le confinement. Alors que les habitants s’en remettent petit à petit, la vie a repris son cours et le stresse subit est chose du passé. Nous sommes allés faire une virée dans ce petit village méconnu pour découvrir un peu plus ses contours.
Avant que le village ne fasse l’actualité en étant proclamé zone rouge pendant une bonne partie du confinement, Canot était plutôt méconnu des Mauriciens. Champs de cannes d’un côté, terrains boisés de l’autre, l’isolement est le premier mot qui vient à l’esprit. Pourtant, le village est très fréquenté comme en témoigne le trafic permanent qu’on y dénote. La route 52 qui part de Montée Est jusqu’au sud-ouest est constamment envahis de véhicules. Qui plus est, la route menant à Camp Créoles connait également son lot de passage de véhicules. “Il faut absolument placer des ralentisseurs dans la rue. Les véhicules passent souvent à vive allure. Cele représente un gros danger pour nous les habitants”, dit d’ailleurs Silvana Jouan, dont la maison clôture la zone habitée de Canot.
Lavandières.
De l’autre côté, la route menant à Albion est constamment occupée. Sur celle-ci, les flamboyants qui le bordent sont un régal pour les yeux en été. De même, il n’est pas rare d’apercevoir des lavandières qui s’attellent à la tache dans le petit canal qui borde la route. Les ‘ros lave’ disposés sur la berge en témoignent. Mais l’arrivée de l’hiver réduit la fréquence de leur présence. Faute de lavandières, nous tombons sur un jeune qui se lave à même la rivière alors que son collègue l’attend à bord d’un véhicule. “Je suis maçon, je sors du travail. Je me suis dit que j’allais me nettoyer un peu avant de rentrer.”
Après le stresse du confinement, la vie a repris son cours. Les clients affluent dans le commerce de Madame Bharut, qui vend des légumes devant sa maison qui borde la route royale à Canot. Cette dernière se dit soulagée de pouvoir circuler librement et ne plus voir les barrages routiers qui lui pesaient sur le cerveau lorsque son village était décrété zone rouge. “Nous nous sentions à l’étroit, la vue de tous ces barrages nous rendaient très inquiets.” Ce sentiment, d’autres le partageaient également. Une habitante de la rue Simonette, qui relie Canot à Camp Créole, soutient que “Nous avions l’impression d’être en prison. Nous avons connu une période très stressante, pas de supermarché, de pharmacie. J’ai eu des problèmes gastriques en raison du stress. Chaque membre de ma famille a eu une complication de santé avec ce stress-là.”
Le spectre de la drogue.
Alors que les plaies se pansent pour les quelque 1500 habitants de cette petite agglomération, le retour à la réalité d’avant fait ressurgir les problèmes qui étaient déjà là. Un morcellement nouvellement construit, un jardin d’enfants, un centre communautaire et c’est tout. Le manque de développement concret semble agacer certains habitants. Surtout, disent-il, quand les dysfonctionnements sont légion. “Nous n’avons pas un terrain de football approprié. Ça fait 8 ans que le projet de stade qui a démarré n’a jamais été abouti. Nos votes sont surement minimes comparés aux autres endroits des environs”, ironise M. Madoo. “Le centre communautaire n’est pas pourvu des jeux tels que les dominos ou la pétanque, il y a un terrain de volleyball mais nous n’avons pas de ballon ni de lumière. La seule chose qu’il y a ce sont des séances de zumba régulièrement organisées”, soutient une habitante.
Pour cette dernière, c’est la raison principale qui incite beaucoup de jeunes de la région à se tourner vers l’alcool et la drogue. “On les voit régulièrement aller dans les bois pour boire et se droguer. Certains ont à peine 10, 11 ans.” Le jeune que nous avons aperçu dans la rivière dresse le même constat. “Beaucoup de jeunes sont aujourd’hui victimes de la drogue à Canot.” Et d’ajouter, “Canot inn res an plas, otour li, partou inn devlope me Canot pann devlop ditou.”
Par contre, il règne une belle harmonie parmi les habitants comme le font savoir tout un chacun. “Nous avons toujours été comme çà, nous nous entendons très bien. Il faut dire que nous nous connaissons tous puisque Canot est un petit village”, dit M. Madoo. “Nous sommes très unis ici, nous sommes souvent amenés à nous réunir lors de sessions de prières. Vous verrez des hindoues priant avec des catholiques par exemple. C’est ce qui fait notre force ici. Nous sommes très soudés.”