Ce patrimoine de la gastronomie chinoise à Maurice fête cette année ces 76 années d’existence. Deuxième plus vieux restaurant du pays, il a su se renouveler pour pouvoir faire face à la concurrence grandissante.
Ses mets savoureux, ses recettes originaux, et les nouveautés qu’il propose régulièrement font que la clientèle se renouvelle. “Les temps ont changé, on a dû s’adapter. Nous misons sur la pub sur les réseaux sociaux, des promos, de nouveaux concepts comme actuellement avec notre hot grill lancé il y a deux semaines”, souligne Jean-Pierre Lai Min.
Canard farci à la crème d’arouille.
Le restaurant a su conserver une clientèle qui lui a juré fidélité. Notamment à travers certains mets originaux. Ainsi, le plat-signature du restaurant, le canard farci à la crème d’arouille, attire toujours les gourmets.
“C’est un plat que beaucoup aiment. Sa recette consiste à braiser le canard et le désosser. Entre-temps, on cuit l’arouille au bain-marie et on y ajoute les épices nécessaires. Après, on met l’arouille en tant que farce dans le canard avant de le frire.” Si ces plats spéciaux sont toujours demandés, Jean-Pierre Lai Min concède que la majorité de ses clients viennent consommer ses mines frits et son riz frit. “J’ai des clients qui viennent deux fois par semaine et qui viennent toujours manger la même chose. Ils aiment conserver leurs habitudes et n’osent pas s’aventurer à goûter d’autres plats.”
Aujourd’hui géré par les frères Jean-Pierre et Jean-Marc Lai Min, le restaurant avait été créé par leur père, Edmond, en 1946. Celui-ci franchissait le pas après son arrivée à Maurice en provenance de Chine. Une décision judicieuse qui allait associer le nom des Lai Min à l’histoire du pays. Seul restaurant chinois de l’époque, l’hôtel Lai Min comme il s’appelait, allait vite connaître une affluence monstre. Tant et si bien que des célébrités françaises de passage dans l’île ne manquaient pas d’aller découvrir ses succulents mets de la gastronomie chinoise. “Il n’y avait pas beaucoup de restaurants à l’époque, on était un des must”, indique Jean-Pierre Lai Min.
“Des énergumènes sont entrés de force dans le restaurant, dévalisant la caisse.”
À cette époque, Jean-Pierre et ses frères, s’amusaient à aider leurs parents à s’occuper de la caisse. Jean-Pierre se remémore les bons souvenirs d’enfance : “Il y avait un bassin de crabes dans la cuisine. J’adorais aller les regarder.” Mais les souvenirs ne sont pas que positifs.
Lorsque la maison de jeu L’amicale, qui se situait presque en face du restaurant, était ravagé par un incendie criminel, le restaurant était ouvert. Pendant le désordre qui régnait dans la rue, suite aux heurts entre supporteurs pendant le match Scouts Club contre la Fire Brigade, “des énergumènes sont entrés de force dans le restaurant, dévalisant la caisse. Mon frère et d’autres employés étaient là. Ils ont heureusement pu se cacher à l’étage”, relate Jean-Pierre Lai Min.
À l’époque, le restaurant était plus petit, avait un balcon, se composait de table en mélamine. “Les tables étaient entourées de rideaux. Les gens n’aimaient pas trop être regardés quand ils mangeaient.” En 1968, Jean-Pierre et Jean-Marc reprennent la barre après que leur grand frère, Laval, ait un temps succédé à leur père.
Ils adoptent alors une nouvelle approche. Les rideaux et le balcon disparaissent, le lieu est agrandi. “Nous avons acheté le terrain d’à côté et avons entrepris d’agrandir le restaurant.” Le succès est toujours au rendez-vous, la clientèle reste fidèle. Un autre restaurant est d’ailleurs ouvert à Pointe aux Canonniers mais ne connaît pas le même succès. “L’emplacement n’était pas idéal à l’époque.”
Ballroom dancing.
Aujourd’hui encore, ce qui contribue au succès du Restaurant Lai Min, ce sont les séances de ballroom dancing et de line dance. Régulièrement, les amateurs de ces types de danse viennent diner, sachant qu’après le repas, ils auront de la musique pour s’adonner à leur passion et aussi suffisamment de place pour le faire. “C’est un concept que nous avons lancé il y a 12 ans. C’était un peu le craze à l’époque.”
Capable d’organiser des mariages également, le restaurant doit s’en priver depuis 2 ans en raison des restrictions, augmentant ainsi le manque à gagner. “Nous avons perdu au moins 40 % de notre clientèle depuis le premier confinement. Les restrictions actuelles font que nous ne pouvons pas la récupérer. J’espérais que les restrictions allaient s’assouplir. 50 personnes, ce n’est pas suffisant pour qu’on atteindre notre vitesse de croisière. Dans le même temps, on permet à 60 personnes d’être collées les unes aux autres dans les bus. Où est la logique ? ”