Lata Mangeshkar, LA voix de l’Inde, est décédée le dimanche 6 février à Mumbai. Elle avait 92 ans. Un lien avec l’âge d’or du cinéma indien a disparu, mais ses chansons resteront gravées dans le coeur de chacun d’entre nous.
Lata Mangeshkar a été une présence constante dans la vie de plusieurs générations de cinéphiles, mélomanes et tous ceux qui aiment le cinéma indien. Elle a chanté des dizaines de milliers de chansons, elle fut la playback singer préférée des stars féminines à travers les décennies – bref une chanteuse inégalable. Mais Lata Mangeshkar était bien plus que cela. Elle était la voix de l’Inde, représentant les espoirs, les aspirations, les rêves mais aussi, à différents moments, les émotions du pays nouvellement indépendant. Elle était la bande sonore de nos vies. C’était le temps des grands – Mohammed Rafi, Kishore Kumar, Manna Dey, Asha Bhosle et surtout, Lata Mangeshkar.
En cela, Lata Mangeshkar elle était un symbole, un totem de ce que l’Inde avait de meilleur à offrir. Personne d’autre, même s’il avait la longévité, ne pourra jamais remplacer ce statut – elle était unique, unique en son genre. Et c’est pourquoi le cliché « la fin d’une époque » s’applique vraiment à elle.
Lata Mangeshkar est née le 28 septembre 1929, à Indore, dans l’État du Madhya Pradesh. Son père Deenanath Mangeshkar était un chanteur classique et un acteur de théâtre, et sa mère Shevanti était également chanteuse. Lata Mangeshkar était l’âinée. Il y a eu par la suite Asha, Usha, Meena et leur frère Hridaynath. Tous ont appris la musique et ont chanté dans des films, mais c’est Asha Bhosle qui a le plus de succès.
Le père Dinanath meurt en 1942 et la jeune Lata, âgée de 13 ans, n’a pas d’autre choix que de travailler. Le compositeur Ghulam Haider la prend sous son aile, lui prédisant de grandes choses. À l’époque la scène musicale est dominée par des stars de la chanson comme Noorjehan, Suraiya, Zohrabai Ambalewali, Amirbai Karnataki, Shamshad Begum et Geeta Dutt – il n’y a pas beaucoup de chances pour un nouveau venu de percer.
Mais un nouveau pays venait de naître. Noorjehan quitte l’Inde pour le Pakistan, et le champ était grand ouvert pour une nouvelle chanteuse. En 1949, Lata a remporté quatre grands succès sous la direction de quatre compositeurs différents mais c’est avec le titre Aayega koi aanewala, du composteur Khemchand Prakash pour le film gothique Mahal qui va vraiment la propulser sous les feux des projecteurs. Elle se souviendra plus tard que Khemchand Prakash lui avait dit de chanter chacune des premières lignes de la chanson en se rapprochant lentement du micro. L’effet est hypnotique. Lata Mangeshkar, 20 ans, devient une star. Désormais, personne ne pouvait l’ignorer. Le monde allait en effet tomber à ses pieds, comme l’avait prédit Ghulam Haider.
Elle a continué dans les années 70, 80, 90 et au 21ème siècle. Dans les années 1990, elle a chanté pour Madhuri Dixit, Raveena Tandon et Sridevi . La fatigue commence à se faire sentir dans sa voix vers la fin de la décennie. De nouvelles voix émergeaient et les jeunes cinéastes les préféraient souvent. Aujourd’hui, elle n’est plus, et un autre lien avec ce passé glorieux a disparu. Mais si Lata Mangeshkar nous a quittés, ses chansons continuent de vivre, sur Internet, sous diverses formes numériques et analogiques, et surtout, dans nos cœurs et nos souvenirs.