Le 8 mars, le monde célèbre la Journée internationale des droits des femmes. Une journée de sensibilisation et de mobilisation dont les origines remontent à plus d’un siècle.
Parfois critiqué pour ses nombreuses récupérations marketing ou pour son aspect plus symbolique que politique, le 8 mars reste un rendez-vous annuel important pour faire le bilan des progrès et des régressions sur la question de l’égalité des sexes dans de nombreux pays. Mais quels sont les fondements historiques de cette journée ? Si son origine est bien antérieure à sa proclamation officielle par l’ONU, son événement de référence et le choix de la date du 8 mars font encore l’objet de discussions chez les historiens.
Pour comprendre comment est née cette journée, il est nécessaire de remonter au tout début du XXème siècle aux États-Unis. C’est le 28 février 1909 qu’est célébré pour la première fois le “National Woman’s Day” à l’initiative du Parti socialiste d’Amérique et de l’activiste et militante Theresa Malkiel. Née en Ukraine en 1874, Theresa Malkiel consacra sa vie à la défense des droits des femmes et œuvra pour améliorer les conditions de travail des ouvrières dans les usines. Lors de cette première “Journée des femmes”, plusieurs réunions publiques et manifestations eurent lieu dans toute la ville.
En 1910, Theresa Malkiel publie Journal d’une gréviste, un roman qui fit date et est encore considéré comme un élément fondateur du mouvement pour la réforme de la législation du travail. La même année, l’internationale socialiste réunie à Copenhague instaure, sous l’impulsion de la militante socialiste allemande Clara Zetkin, une « Journée des femmes » pour mettre en lumière l’importance de l’égalité entre les sexes mais aussi pour obtenir le droit de vote des femmes.
En 1975, lors de l’Année internationale de la femme, l’Organisation des Nations Unies commence officiellement à célébrer la Journée internationale des femmes le 8 mars. Une journée de mobilisation dont l’objectif est de militer en faveur des droits des femmes et de lutter contre les discriminations. En France il faut attendre 1982 pour que la journée prenne un caractère officiel, à l’initiative du Mouvement de libération des femmes (MLF) et d’Yvette Roudy, la ministre des droits des femmes du gouvernement socialiste de François Mitterrand.
Pour certains, la date du 8 mars a été choisie au hasard. Pour d’autres elle est au contraire une date éminemment symbolique. C’est en 1914 à Berlin qu’a lieu le « premier » 8 mars lorsque des femmes socialistes manifestent pour obtenir le droit de vote. Trois ans plus tard à Saint-Pétersbourg, des ouvrières défilent dans les rues et cette date est considérée par les Bolcheviques comme le premier jour de la révolution russe. Pourtant pendant très longtemps, et la légende a été entretenue par les féministes, la date du 8 mars a été associée à celle d’une manifestation d’ouvrières à New York en 1857. Un évènement dont on sait aujourd’hui qu’il n’a jamais eu lieu ! En effet, d’après l’historienne Françoise Picq dans le journal du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), la « véritable histoire du 8 mars » ne correspond pas à cet événement qui, dans les faits, n’a jamais eu lieu.
Chaque année, un thème précis est fixé par l’Organisation des Nations Unies (ONU) et donne lieu à de nombreux débats et actions. Le thème retenu pour l’édition 2022 de la Journée internationale des femmes s’inscrit dans le contexte de la crise climatique. Il s’intitule « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable« .