Picar, un artiste au service de l’environnement

Lui, c’est Picar. Né au Venezuela d'un père autrichien et d'une mère mauricienne, il fait partie des artistes contemporains engagés pour l’environnement. En collaboration avec Move for Art, le jeune homme a conçu l’installation artistique Fragile Balance à l’IFM depuis sa réouverture fin janvier.  De : C.L.

Picar se considère comme un « citoyen du monde ». Né en Amérique du Sud d’une mère mauricienne et d’un père autrichien sa famille a beaucoup voyagé. Ses sœurs sont nées en Espagne.

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Une exposition au monde qui a définitivement forgé l’artiste qu’il est aujourd’hui. Diplômé du Camberwell College of Arts, University of the Arts London, Picar est un artiste visuel interdisciplinaire qui travaille principalement avec des matériaux naturels et des objets trouvés. Ses travaux traduisent sa vision sur le monde et ses combats.

“C’est un mélange toujours progressif et évolutif de diverses techniques, matériaux et genres qui défient le spectateur tout en questionnant notre relation avec la nature, l’humain et la société”. Ses projets artistiques oscillent autour de la “transformation d’un objet commun en une abstraction, indéniablement familière, simultanément étrangère – dans l’espoir d’exprimer des vérités sur la condition humaine et de trouver la clé des mystères de la nature humaine”, décrit-il.

Equilibre fragile.

Picar est à Maurice depuis un an et demi. Ses vacances ont d’abord été perturbées par le confinement. Par la suite, de nouvelles avenues professionnelles se sont présentées. En effet, l’artiste fait partie du « Bark in the Yard collective », société évoluant dans le design qui a collaboré sur l’organisation de plusieurs événements, dont festival Porlwi, festival Réunion Métis et autres projets de grosses factures.

Parlant de la genèse du projet Fragile Balance, Picar raconte avoir été approché par Guillaume Jauffret de Move for Art. Ce dernier lui parla de cet arbre emblématique de l’IFM, un tekoma qui est malheureusement mort. À sa place, trône aujourd’hui une imposante installation composée de 2867 sphères circulaires en bois recyclés, soigneusement équilibrés sur 169 lignes.

Rencontré à l’IFM, tout juste après le passage du cyclone Batsirai, Picar était soulagé que son œuvre-d’art soit toujours intact malgré les rafales occasionnées par Batsirai. Par le passé, l’artiste a été partie prenante de plusieurs projets, mais c’est la toute première fois qu’il réalise une œuvre à cette échelle.

Interconnecté.

Conçu par l’architecte mauricien Gaëtan Siew, avec des arbres intégrés au bâtiment, l’IFM est un bâtiment respectueux de l’environnement. “Ce qui est regrettable, c’est que ces arbres n’aient pas survécu”, confie Picar.

Ce dernier considère que chaque arbre à une histoire. “Bien que mort, il continue d’avoir une présence et c’était important de le garder en vie. Ainsi, l’installation s’inspire de la mythologie japonaise et vise à rendre hommage à l’esprit (kodama) d’un arbre, à la fragilité de notre monde et à démontrer à quel point tout est interconnecté.”

Le Japon est un pays où le bois a une âme et couper un arbre est considéré comme apportant le malheur. Ce peuple honore et protège les arbres, ce qui n’est pas le cas dans la société occidentale, fait ressortir Picar. L’installation symbolise la vitalité, la plénitude, l’achèvement et le cycle de la vie.

Les cercles représentent l’évolution, comme un processus de transformation de la mort à la naissance, sans fin ni commencement. Il est bon de souligner que Picar a toujours été fasciné par les feuilles en mouvement. Parallèlement, tout comme les feuilles, les sphères de Fragile Balance sont fragiles, “mais elles réagissent au vent et à la lumière, et remplissent les fonctions importantes de l’organisme vivant”, décrit-il.

Ayant reçu l’accompagnement artistique de Move for Art, c’est un défi qui a pris cinq mois à se concrétiser et qui a nécessité en amont un temps de réflexion. L’artiste travaille un documentaire sur Fragile Balance, un film-court réalisé avec le vidéographe Raoul Rampare.

‘Fragile Balance’ reflète l’équilibre fragile de l’humain et de la nature. “Je connais l’île Maurice depuis que je suis tout petit, car nous y venions souvent en vacances. Ça m’a définitivement marqué de voir comment le paysage a changé au cours des années avec d’importants dégâts environnementaux. Beaucoup est dit mais les lois restent absentes”.

Picar est d’avis que nous vivons aussi dans une société de consommation régie par le capitalisme. “Aurons-nous la volonté humaine de se remettre dans la bonne direction, que se passera-t-il à l’avenir?”, se questionne-t-il. “En tant qu’artiste, je ne peux pas détourner le regard, car je me soucie de notre avenir et de la génération future.”

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